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L’apprentissage et l’enseignement ne peuvent plus se faire sans intégrer la « culture numérique ». Un des points de la réflexion de Serge Tisseron quand il parle d’e-éducation.
Mais que veut-on dire par culture numérique ? Il s’agit des changements que cette nouvelle culture implique directement ou indirectement sur nos enfants et leur manière d’apprendre à l’école, et sur les enseignants qui, selon lui, ne peuvent plus faire abstraction de son existence.

Plusieurs paramètres rentrent en ligne de compte quand on parle de culture numérique.



Un premier point est le changement constant d’identité que le jeune peut se faire en jouant à des jeux-vidéos avec plusieurs avatars, en discutant sur des forums ou des réseaux sociaux, en se faisant passer tantôt pour une mère de famille, tantôt pour un adolescent… « C’est une culture du faire-semblant », « et je crois que l’enseignement doit puiser des choses dans cette nouvelle culture pour inviter les jeunes à l’échange, à la controverse, à défendre un point de vue (…) et il n’y a pas besoin d’ordinateurs pour cela, (…) nous sommes dans la culture numérique, celle de l’identité alternative ».

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Penser « numérique » au-delà de l’outil

Sur ce point, Serge Tisseron nous invite à réfléchir « numérique » sans penser matériel, qui résume encore trop souvent l’image du numérique dans l’esprit de la communauté éducative.
 


Il nous donne l’exemple aux Etats-Unis où la discussion et l’échange en classe sont utilisés au quotidien, y compris en école maternelle, où les enseignants invitent les élèves à donner leur avis sur un certain nombre de sujets.



« Le système français, très hiérarchique et très pyramidale s’est longtemps tenu à l’écart de cette philosophie de l’échange et de la controverse (…). Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous tenir à l’écart car les jeunes le font sans arrêt sur les espaces virtuels et ils ne comprendraient pas de ne pas pouvoir le faire dans les espaces d’apprentissage ».



La culture numérique est aussi celle de la collaboration, « du travail ensemble ».



Serge Tisseron donne l’exemple des jeux-vidéos en réseau, souvent critiqués pour être très chronophages pour nos adolescents mais qui permettent aux enfants de se confronter mais aussi de construire une stratégie ensemble.



Aujourd’hui, le monde de l’entreprise recherche souvent des personnes qui, au delà du diplôme, sont capables de s’adapter au travail en équipe. Or, d’après lui, une société embauchera plus facilement une personne pour ses qualités coopératives qu’une autre qui aura passé brillamment toutes les étapes scolaires en travaillant « dans son coin » et réticente au travail collaboratif.



« Il faut introduire dans les classes beaucoup plus de travail de tutorat, les bons aident les moins bons, et un partage équilibré entre le travail en équipe et le travail individuel (…) ».



Serge Tisseron suggère donc d’introduire cette notion de culture numérique bien avant les outils numériques.



La réactivité des technologies numériques

Il voit dans les technologies numériques un moyen efficace pour récolter des informations. « Dès qu’on est réactif avec les technologies numériques, elles sont réactives à nous ».
L’enseignant passe la plus grande partie de son temps à parler tout seul en classe ; avec la culture du numérique, « on trouve toujours une assistance ». Dans les jeux-vidéos par exemple, il y a toujours un endroit où le joueur peut trouver la solution lorsqu’il rencontre un problème, « un tuteur virtuel ».



« Pour les enseignants, la culture numérique, c’est intégrer l’idée qu’il ne faut pas craindre d’aider les élèves à chaque moment de leur parcours, non pas en leur donnant la solution mais en les aidant en les renvoyant à des espaces où ils peuvent trouver la solution ».



Et pour conclure sur ce point de vue, Serge Tisseron avoue qu’il lui semble difficile de mettre en oeuvre cette culture numérique dans le système scolaire français « car la réactivité des espaces numériques prend complètement à rebours l’enseignement traditionnel ».

Mais si nous en croyons Serge Tisseron, ne pas passer ce cap, c’est se retrouver en décalage avec le fonctionnement cognitif des nouvelles générations…

Aurélie Julien Ludovia

Julien Aurelie

Auteur à Ludovia Magazine (ou Ludomag), media online concernant le numérique éducatif, l’usage des technologies digitales dans la formation et l’éducation aussi bien dans les établissements d’enseignement du premier degré, du second degré que du supérieur ou l’enseignement universitaire et spécialisé.