Conception classique de la formation
Dans l’article d’ouverture, je citais le directeur de l’Institut français de l’éducation (IFÉ) : « Selon lui, cinq grandes dimensions sont à construire pour les formateurs :
• comment ramener la classe dans la formation ?
• comment faire connaître les attentes de l’institution ?
• comment faire partager des « références » à partir de travaux de recherche multiples ?
• quelle utilisation des outils (formation hybride, à distance) ?
• comment accompagner les personnes formées « dans la durée » ? »
Formulées ainsi, ces compétences désignent en fait des attentes concernant les objectifs de la formation.
Jean Houssaye dans son livre « Théorie et pratique de l’éducation scolaire : le triangle pédagogique » (vol. 1 ; Berne : Peter Lang – 1988) avait proposé déjà un modèle ternaire pour comprendre, décrire et problématiser la relation pédagogique. Vous trouverez sur le net beaucoup de textes présentant cette conception célèbre que l’on représente le plus souvent ainsi :
Ce modèle est bien sûr toujours fort pertinent, mais il me semble à la fois trop centré sur la relation présente et trop centré sur une relation individuelle.
Vers une conception sociale de la formation
Ce que je propose comme cadre de réflexion pour la suite de ces articles, c’est un modèle qui permettrait de désigner le type de compétences nécessaires à acquérir par tout formateur.
Tout d’abord une évidence, le formateur se doit d’être un « expert » dans la thématique de son intervention (une connaissance particulière, une pratique particulière). Il peut exister des formateurs très généralistes, mais au moment d’une formation spécifique, ils ont un effort particulier à faire concernant le champ de leur intervention. En France, l’enseignant est souvent défini ainsi, celui qui sait, celui qui détient le savoir qu’il a à transmettre. C’est rarement suffisant. Et dans le champ de la formation continue, on trouve aussi souvent ce profil : un bon enseignant dans sa discipline et qui a une bonne pratique pédagogique sera promu formateur. Peut-être pas suffisant.
Donc il est nécessaire qu’un deuxième champ de compétences soit développé. Ce n’est pas très original d’ailleurs. C’est ce que l’on pourrait désigner par le terme très générique de « méthodologie(s) ». Les livres sur la formation en présentent de très nombreuses. Et j’en proposerais moi-même quelques-unes.
Mais c’est la troisième compétence qui est sans doute plus originale dans la conception de la formation. Au fond la détention d’un « savoir » n’est sûrement pas l’objectif de la formation, mais l’exercice effectif d’une pratique. Dans une formation il y a toujours un projet de changement, de modification des pratiques au sein de l’organisme dans lequel le stagiaire « retourne ». La cible de la formation ne peut se réduire au seul stagiaire, elle doit comporter également l’organisme qui envoi le stagiaire et qui va le recevoir. Autrement dit la formation doit comporter une troisième préoccupation : le social.
Une formation de formateurs se doit d’intégrer ces trois domaines de compétences :
- Domaine I : Quel rapport au savoir j’ai en tant que formateur ?
- Domaine II : Quelle « maîtrise » des méthodologies de formation et quelle capacité à en élaborer ?
- Domaine III : Comment connaître le « milieu », l’environnement (au sens large) des stagiaires ?
C’est donc surtout sur ce domaine III que porterons mes prochains articles.
Bernard Desclaux