L’interactivité de la salle était requise par l’intermédiaire de l’application app.klaxoon.com, d’abord pour faire émerger les représentations et pratiques en la matière des participants avec les questions : « qu’est-ce que le mot Robot vous inspire ? » « Avez vous utilisé des robots dans une visée éducative ? »…ensuite pour lister les interrogations sur le sujet.
Outil tangible à la frontière du monde numérique et du monde physique, le robot peut être conçu comme un objet éducatif, un partenaire de l’éducation.
Quelle sera sa place, quelles fonctions occupera-t-il, dans quelles dynamiques pédagogiques s’inscrira-t-il ? Ces questions en cachent d’autres : si le métier d’enseignant n’est pas directement menacé par la concurrence des robots, il n’en sera pas moins impacté. À quel horizon, et de quelle manière ?
Le robot est toujours objet de fantasmes et de peurs :
Est-il humain ? Va-t-il détruire des emplois ? Va-t-il apporter à l’homme une aide précieuse ?...le mot mérite d’abord d’être mieux défini. Il vient du tchèque Robota qui signifie travail forcé et, de fait, un robot est un objet qui a des tâches à accomplir, tâches souvent répétitives, parfois pénibles ou dangereuses. Il est fabriqué et programmé pour cela à coup de mécanique, électronique et informatique. Il est humanoïde dans l’esprit des gens mais évidemment pas souvent dans l’industrie. Il se décline en robot industriel, robot ménager, robot militaire, robot médical…robot éducatif. Dans ce dernier cas, qui nous occupe, il est utilisé pour rendre visible une programmation avec un aspect souvent ludique.
Associés à la robotique, il est possible de distinguer trois modes d’apprentissage :
- L’apprentissage de la robotique : cela concerne l’enseignement technologique et surtout l’enseignement supérieur ;
- L’apprentissage avec la robotique : il utilise l’empathie robot / enfant et le robot sert là de médiateur particulier ;
- L’apprentissage par la robotique : il vise des compétences liées à la résolution de problèmes à savoir réflexion, initiative, esprit critique, travail collaboratif…
La conférence est alors interrompue par l’arrivée de Monsieur Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’éducation nationale, qui prend la parole pour préciser que « les enjeux du numérique à l’école sont essentiels » et développer la question de la robotique dans le cadre scolaire.
Selon monsieur le ministre, nous ne vivons pas une révolution numérique mais des révolutions numériques : ordinateur personnel, web, téléphone portable, réseaux sociaux, robotique, intelligence artificielle…et chacune de ces révolutions a des impacts sur l’école. Pour les vivre au mieux, il invoque deux maitres mots : protection et ambition.
Par protection, il entend :
Créer un cadre de confiance ;
Protéger les données scolaires ;
Protéger les enfants contre l’addiction aux écrans, ce qui lui permet de caractériser la robotique comme étant le numérique sans écrans.
Dans ambition, il place :
Donner des compétences très fortes aux enfants, compétences en informatique et programmation bien sûr mais aussi compétences fondamentales ; logique, initiative, créativité, pensée critique…
Avoir des disciplines du numérique ;
Déployer le numérique dans l’enseignement professionnel ;
Créer des campus numériques liés à l’enseignement supérieur et l’enseignement professionnel.
En conclusion de ses propos, il se dit très « allant » sur le développement de la robotique en éducation et indique qu’il n’y a aucune contre indication à mettre des robots dans les classes y compris les classes maternelles (contrairement aux écrans). De plus le développement conjoint robots et intelligence artificielle ouvre de véritables perspectives en termes d’apprentissages.
Revenant à leurs propos initiaux, les animateurs ont resitué le robot en tant qu’outil au service de l’action éducative, outil pédagogique qui a un potentiel pour développer conjointement compétences disciplinaires et compétences transversales.
Mise en évidence quelques uns des avantages qu’il peut y avoir à utiliser des robots en classe.
Il convient d’abord de faire percevoir aux élèves qu’un robot n’est qu’une machine ; il n’a pas d’intelligence propre ; il répond seulement aux ordres qu’on lui donne pour peu que ceux-ci lui soient correctement donnés. Cela a pour but de casser les mythes construits autour des robots et de l’intelligence artificielle.
La robotique interroge le statut de l’erreur. L’erreur y est une étape et non un résultat définitif, elle participe de l’atteinte des objectifs…cela est connu depuis longtemps pour tout apprentissage mais la robotique facilite le transfert et la transversalité.
La robotique va continuer à se développer et il y a une accélération colossale dans ce domaine. Comment alors s’assurer que les enfants à l’école et les hommes en général ne vont pas perdre le contrôle. Il est indispensable de toujours être en capacité d’arrêter le processus…il faut un « bouton Marche/Arrêt » sur tout robot. Du reste la relation humain /machine trouve un meilleur équilibre avec l’apparition d’une nouvelle génération de robots : les « cobots » qui sont des robots collaboratifs, coopératifs qui interagissent avec l’être humain pour l’accompagner dans sa tâche.
" La robotique est une aventure humaine "
Elle motive l’organisation de compétitions. Une compétition robotique est un défit ludique mais aussi scientifique et technologique.
Il y est question de concevoir et réaliser des robots autonomes suivant un cahier des charges. L’accompagnement est assuré par un ou des enseignants tout au long de l’année mais ce sont les élèves qui cherchent et qui font. Ils sont encouragés par ce biais à s ‘engager dans une communauté qui partage les mêmes valeurs avec un certain aspect festif. Il ne s’agit pas de s’affronter mais de collaborer, de coopérer, à l’image de ce que peut être en général la recherche internationale de plus en plus amenée à partager savoirs, outils et méthodes pour résoudre les problèmes posés.
Sur ces principes, une nouvelle compétition internationale est en train de s’implanter à Bordeaux : la ROBOCUP.
Compétition oui mais sans classement avec seulement un gagnant et doté d’un prix plutôt symbolique.
L’objectif est de promouvoir la collaboration dans un univers qui n’est pas que technique et en dépassant la barrière des langues.
Les questions de la salle ont permis aux intervenants de préciser que la mise en place de nouveaux enseignements en sciences du numérique et technologie ne vont pas poser de problème de formation des enseignants pour la classe de seconde car les notions au programme y sont tout à fait abordables ; par contre, pour la suite, un accompagnement des enseignants va être indispensable et il faudra mettre en œuvre des formations en adéquation avec les ambitions affichées.
Les enseignants de lycée devront être performants techniquement et même si les outils deviennent de plus en plus accessibles une réappropriation est demandée en particulier pour aborder les algorithmes sous-jacents. Les documents établis par l’INRIA peuvent aider à établir ces transferts tant technologiques que pédagogiques. De plus, il convient de dépasser les oppositions en introduisant de la diversité technologique dans les enseignements : plus on diversifie les expériences avec plusieurs robots et mieux on permet aux enfants de penser la technique de manière large.
S’il faut retenir une chose de cette heure de discussions autour de la robotique à visées éducatives c’est qu’elle est une aventure humaine de partage, de collaboration, d’initiatives et de créativité.
Jacques Puyou
Dernière modification le vendredi, 30 novembre 2018