Plusieurs intervenants comme Henri de Lumley, directeur de l’institut de Paléontologie Humaine, Joëlle Gonthier, plasticienne ou Evelyne Bissone-Jeufroy, psychologue, nous ont rappelé l’importance de se penser à la fois dans une continuité du vivant, en étant conscients du poids de l’histoire, celle de chacun comme celle de l’humanité et dans une perspective de développement de l’enfant que nous accueillons à l’école.
Le petit humain qui franchit la porte de l’espace d’une école, parfois immense, froid et curieusement aménagé, n’a souvent qu’une très vague idée de ce qui se trouve autour de lui. Bien sûr, les enseignants s’évertuent à promouvoir des moments passerelles, de découverte, de visite, dès le printemps précédent la rentrée. Bien sûr, les familles ont quelquefois préparé le moment en expliquant ce qu’elles pouvaient en comprendre... Premier couac : chaque papa, chaque maman a sa vision de ce qui va se passer, mais peu vont être en mesure de l’expliquer, soit parce qu’ils ne sont pas suffisamment documentés, soit parce que leur propre histoire les entraine vers une interprétation différente …
Espace étranger à ce que le petit connaissait jusqu’à présent (son expérience de 28 mois ou 32 mois l’a parfois confronté à une maison, un appartement, une voiture, un centre commercial, au mieux à quelques grands parcs ou jardins et quelques voyages lointains sur une plage…), l’école est une chose curieuse, hors du temps et de l’espace commun pour n’importe quel être humain non enseignant.
Le petit écolier va y rencontrer des adultes inconnus qui, dès son arrivée, vont se conduire comme s’ils s’étaient toujours connus, lui demander de se conformer à leurs souhaits, de se comporter bizarrement et de leur faire aveuglément confiance. Il va y rencontrer d’autres enfants, presque de son âge, et on va même lui expliquer que ce sont « ses nouveaux copains ». Il va falloir les supporter tout le temps à côté de lui, qu’il les trouve sympathiques ou très moches !
En ces jours de rentrée, je voudrais que nos collègues de petite section et encore plus de toute petite section, que les personnels des écoles, ATSEM et personnels de service, que les familles de ces petits, imaginent ce qui se passerait s’ils devaient s’inscrire soudainement à l’autre bout de la terre pour aller travailler chaque matin dans une entreprise dont ils ne connaissent rien, même pas l’activité.
Dans les jours qui vont suivre, j’aimerais que tous gardent à l’esprit qu’il faut du temps pour s’adapter, qu’il est dommageable d’interpréter trop rapidement un instant de vie, qu’on a le droit de chercher, d’observer, d’attendre, de se tromper, de revenir en arrière, pour mieux repartir …
Je souhaite à tous nos collègues, aux papas et aux mamans et à leurs petits une bonne rentrée et ne doute pas du plaisir qu’ils vont éprouver, tous, à faire connaissance et s’embarquer ensemble pour quelques mois, voire quelques années de découvertes et d’apprentissage.