Cependant, avec la diversification des pédagogies, la distinction xMOOC vs. cMOOC est devenue dans une large mesure obsolète. Quelle grille de lecture utiliser pour décrire un MOOC ? Quels sont les ingrédients qui le composent ? A la lumière des dernières évolutions des modèles pédagogiques, nous proposerons dans cet article quelques pistes de réflexion pour tenter d’y voir plus clair.
La première étape consiste à trouver des axes de description aussi peu corrélés que possible. Nous avions passé un peu de temps à réfléchir au sujet avec l’équipe de Unow. Yannick et Jérémie, les fondateurs, avaient finalement décidé de ne laisser que trois axes dans leur livre blanc : degré d’interaction, degré de contrainte et degré de difficulté (cf. figure). Je pense qu’il est difficile de refléter la diversité des pédagogies existantes simplement avec ces trois axes, et je préfère en utiliser cinq, qui, même s’ils sont en grande partie corrélés sont suffisamment distincts pour être considérés séparément.
La première étape consiste à trouver des axes de description aussi peu corrélés que possible. Nous avions passé un peu de temps à réfléchir au sujet avec l’équipe de Unow. Yannick et Jérémie, les fondateurs, avaient finalement décidé de ne laisser que trois axes dans leur livre blanc : degré d’interaction, degré de contrainte et degré de difficulté (cf. figure). Je pense qu’il est difficile de refléter la diversité des pédagogies existantes simplement avec ces trois axes, et je préfère en utiliser cinq, qui, même s’ils sont en grande partie corrélés sont suffisamment distincts pour être considérés séparément.
- l’objectif du cours
- le niveau de pré-requis nécessaire
- le type de ressources utilisées
- le type d’activité proposées
- le degré de contrainte
1. Objectif du cours
Comme nous l’avions évoqué dans le billet Pourquoi faire des MOOC ?, les objectifs poursuivis par les équipes pédagogiques peuvent être variés, sans être mutuellement exclusifs. Les MOOC sont parfois organisés dans une logique de diffusion des connaissances via Internet, sur le modèle des conférences mises en ligne par le Collège de France. Cependant, il est utile de garder à l’esprit que les MOOC académiques sont des cours au sens propre, et impliquent donc de mettre en place un système d’évaluation adapté aux objectifs pédagogiques. Ils se situent donc davantage dans une logique de transmission que de diffusion. Outre cette fonction, un cours est l’occasion de faire se rencontrer une communauté hétéroclite partageant un intérêt commun pour le sujet traité. Ils permettent dans une certaine mesure la formation de communautés de pratique, à travers les forums, les réseaux sociaux et autres. Enfin, des cours peuvent avoir pour objectif la détection de talents et la co-création de savoir par les participants.
2. Public cible
Les MOOC sont par nature ouverts à tous les internautes, et gratuits dans une large mesure. La sélection du public se fait donc davantage pas les thème traités et les pré-requis nécessaires pour suivre le cours. Naturellement, l’audience sera d’autant plus restreinte que le niveau de pré-requis sera élevé et le sujet précis. Cependant, la spécificité du sujet et le niveau de pré-requis ne sont pas nécessairement corrélés. Ainsi, les premiers MOOC historiques de Stanford portant sur l’intelligence artificielle ont attiré en novembre 2011 plus de 150.000 participants. Bien que le sujet ait été relativement spécifique, le niveau de pré-requis demandé était suffisamment bas pour que le cours puisse être suivi par des participants n’ayant pas eu de formation dans le domaine. Les cours introductifs sont ceux qui attirent l’audience la plus large, 50.000 personnes en moyenne sur Coursera pour les cours anglophones, parfois jusqu’à 200.000. Il est à noter que dans les MOOC américains, le niveau du cours n’est pas nécessairement corrélé à la renommée de l’enseignant qui en est responsable. Les cours introductifs sont souvent pris en charge par des professeurs de renommée internationale.
3. Type de ressources utilisées
Le format le plus fréquemment utilisé au sein des MOOC de Coursera est la vidéo, le texte étant une alternative possible mais rarement utilisée seule. Il existe plusieurs types de formats vidéo. Ceux qui dominent sont la présentation animée, le cours filmé en studio et le cours filmé en amphi, marque de fabrique de la plate-forme edX. La présentation animée est une présentation powerpoint commentée par l’enseignant. On y incruste en général le visage de l’enseignant en train d’enregistrer le cours, les diaporamas seuls étant moins engageants. L’avantage de ce format est son coût réduit : le cours peut être enregistré avec une webcam et un logiciel d’incrustation. Le cours filmé en studio ou en amphi implique une équipe de tournage, et nécessite donc un investissement plus conséquent pour une plus-value davantage esthétique que pédagogique. Quel que soit le format, les cours sont en général divisés en tronçons de 5 à 20 minutes.
Se pose enfin la question de l’origine et de la cohérence entre les ressources. Celles-ci peuvent être créées de novo pour le MOOC, être reprises d’un cours numérisé pré-existant, si la qualité le permet, ou être sélectionné par l’équipe pédagogique au sein d’un ensemble hétérogène de ressources disponibles en ligne. Dans le cas des cours connectivistes, ces ressources sont en général sélectionnées par les participants eux-mêmes selon le processus d’agrégation-curation.
4. Activités proposées
Comme nous l’avons souligné auparavant, les MOOC se distinguent des cours filmés diffusés en ligne par le panel d’activités qui y sont proposées. Ces activités peuvent être purement individuelles, comme les exercices corrigés de manière automatique, ou à l’inverse impliquer un certain degré d’interaction entre participants. Il peut par exemple être demandé de soumettre des devoirs en lien avec le cours sur une base régulière. Du fait de grand nombre d’apprenants, ces devoirs ne sont pas corrigés par l’équipe enseignante mais par les participants eux-même, selon le principe de l’évaluation par les pairs. Enfin, il est possible d’organiser des activités collectives : résolution de problèmes, montage de projet, etc. Compte tenu des possibilités offertes par le numérique, il existe une grande diversité d’activités possibles, nous reviendrons sur leur typologie dans les billets à venir.
5. Degré de contrainte
Le degré de contrainte correspond peu ou prou à la charge de travail nécessaire pour obtenir la certification éventuelle. Celle-ci est corrélée au nombre, à la difficulté et à la fréquence des devoirs demandés. Pour les cMOOC, le degré de contrainte est en général nul dans la mesure où les participants sont maîtres de leur processus d’apprentissage ; ils n’ont aucun compte à rendre. Dans le xMOOC Gestion de Projet que nous avons organisé avec Centrale Lille, le degré de contrainte dépendait du parcours proposé. Il était possible d’obtenir le certificat basique simplement en faisant les quizz et l’examen final. En revanche, il était nécessaire de rendre au moins trois des quatre devoirs proposés pour obtenir le certificat avancé, sur une base hebdomadaire. Chaque devoir pouvait nécessiter une dizaine d’heures de travail. Le fait de proposer différents niveaux de contrainte permet de satisfaire aux demandes des différents publics qui participent au cours.
Maintenant que nous avons proposé les bases d’une grille de lecture, bien sûr discutable comme toute grille de lecture, nous chercherons à établir dans le prochain billet une brève typologie des MOOC …
A propos de l’auteur : Avec Rémi Bachelet, professeur de gestion de Projet à Centrale Lille, Matthieu Cisel a monté avec deux étudiantes et une équipe de bénévoles le premier MOOC d’un établissement supérieur français : le MOOC Gestion de Projet.
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Dernière modification le jeudi, 16 octobre 2014