La communauté est comme cette petite unité villageoise où chacun se croise et se connait. Comme elle, elle laisse transparaître une part d’intimité. La promiscuité est un état ou chaque membre empiète sur la sphère vitale des autres. Il l’envahit tout autant qu’il la soutient. Les potins circulent, tout est rapidement connu car les liens entre les membres sont serrés. Des normes et des rôles sociaux s’installent pour réguler ces empiétements. Ils deviennent immuables, permettent de régler les alliances et les différences. Des héritages relationnels traversent le temps faisant de chacun un obligé des autres. C’est la tradition dit-on. Des répartitions communes d’avantages sont inscrites dans les paysages qu’aucun étranger n’est en mesure de déceler. Dès lors l’étranger peut déranger l’ordre des choses et sans le savoir enfreindre l’ordre patiemment établi. Les membres de la communauté ont laissé des traces, par leurs activités sociales et professionnelles. Ils ont nommés des espaces, des pratiques, des objets, posés des repères et modifiés les paysages. Ces derniers sont devenus propriété commune. La communauté accueille et protège ses membres et regarde avec suspicion les étrangers. Elle exige pour se maintenir dans le temps de la loyauté aux usages et aux rites en place, même lorsque le sens en a disparu, même lorsque le rite empêche toute nouvelle interprétation du monde. Le rite est en effet un ciment fragile. S’il ne se perpétue plus c’est que les liens faiblissent et que la communauté risque de se perdre ou pire se dissoudre.
La communauté donne à chacun de ses membres une sûreté dans l’existence. Chacun sait irrémédiablement d’où il vient, parfois ce syndrome des origines est même étouffant. Chacun sait immanquablement où il va. La communauté est immanquablement communauté de destin qui scelle les identités individuelles et les conforme à ses besoins. La communauté aime peu le changement car cela signifie une transformation des liens avec le monde et les membres ont mis tellement de temps à s’ajuster qu’une modification même mineure réduit le pouvoir d’action de la communauté. La communauté est le plus souvent grégaire car de son environnement immédiat elle tire ses ressources, sa force, son énergie et le sens de son histoire. Le mouvement hors de son sein ne peut être qu’une initiation concurrente.
Si la description qui vient d’être réalisée parle d’une communauté fermée, gare à ce que les communautés d’apprentissage qui se mettent en place ne ressemble pas à cet exemple qui conduit plus à une perpétuation de l’existant qu’à une exploration du monde.
Article initialement publié le 26 août sur APPRENDRE AUTREMENT
Dernière modification le mardi, 18 novembre 2014
La communauté donne à chacun de ses membres une sûreté dans l’existence. Chacun sait irrémédiablement d’où il vient, parfois ce syndrome des origines est même étouffant. Chacun sait immanquablement où il va. La communauté est immanquablement communauté de destin qui scelle les identités individuelles et les conforme à ses besoins. La communauté aime peu le changement car cela signifie une transformation des liens avec le monde et les membres ont mis tellement de temps à s’ajuster qu’une modification même mineure réduit le pouvoir d’action de la communauté. La communauté est le plus souvent grégaire car de son environnement immédiat elle tire ses ressources, sa force, son énergie et le sens de son histoire. Le mouvement hors de son sein ne peut être qu’une initiation concurrente.
Si la description qui vient d’être réalisée parle d’une communauté fermée, gare à ce que les communautés d’apprentissage qui se mettent en place ne ressemble pas à cet exemple qui conduit plus à une perpétuation de l’existant qu’à une exploration du monde.
Article initialement publié le 26 août sur APPRENDRE AUTREMENT