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Définition du dictionnaire Larousse : "Un algorithme est un ensemble de règles opératoires permettant de résoudre un problème au moyen d'un nombre fini d'opérations. Il peut être traduit en un programme exécutable par ordinateur"

Parcoursup est une plateforme numérique qui porte la procédure nationale de préinscription des candidats à l'admission en formation initiale de premier cycle de l'enseignement supérieur français. Elle permet de mettre en œuvre certaines des dispositions de la loi numéro 2018-166 du 8 mars 2018, relative à "l'orientation et la réussite des étudiants" (loi ORE), dont l'article 1er stipule que "L'inscription dans une formation de premier cycle dispensée par un établissement public est précédée d'une procédure nationale de préinscription". Cette procédure vise fondamentalement à réguler les flux d'entrée dans l'enseignement supérieur des lycéens, apprentis et étudiants en cours de réorientation.

Bien que le code informatique du cœur algorithmique de la plateforme soit désormais accessible au grand public, force est de constater que trop peu de personnes ont le souci d'en prendre connaissance. Or, il s'agit ni plus ni moins que de savoir comment chacun est classé, et donc de disposer d'une garantie que le traitement des dossiers de candidature est conforme à la loi. Il en va donc du fonctionnement démocratique de la plateforme Parcoursup.

Plusieurs aspects de la procédure sont concernés par ces algorithmes : la formulation des voeux des candidats, l'application d'un certain nombre de taux (de bénéficiaires d'une bourse nationale, de résidants dans une autre académie que celle de l'établissement de formation demandé, de bacheliers professionnels pour l'accès aux sections de techniciens supérieurs, de bacheliers technologiques pour l'accès aux IUT, de bacheliers classés comme étant les meilleurs dans leurs établissements) donnant une relative priorité à certaines catégories de candidats, le fonctionnement des commissions d'examen des voeux au sein de chaque formation, le calcul pour chaque formation de l'ordre d'appel dans lequel les propositions d'admission sont envoyées aux candidats, le calcul du nombre des propositions d'admissions envoyées chaque jour, la gestion des demandes d'admission en internat...

1. La formulation des vœux :

La plateforme Parcoursup est conçue pour permettre à chaque candidat de formuler jusqu'à dix voeux qui peuvent être uniques (par exemple, une demande d'admission en classe préparatoire économique et commerciale voie économique (EC/E) du lycée international de Valbonne, à l'exclusion de toute autre candidature du même type) et /ou des "sous- voeux" ( lorsque plusieurs formations similaires sont regroupées en vue de permettre de faire l'objet d'un seul voeu, par exemple, le DUT génie biologique dans cinq IUT différents). De même, lorsqu'un candidat souhaite demander une formation avec internat, il peut formuler deux vœux pour une même formation, l'un avec internat, l'autre sans, ne comptant que pour un seul voeu. Même cas de figure lorsqu'un candidat demande une même formation professionnelle par l'alternance et sous statut étudiant.

Dans tous les cas, la capacité d'accueil de chaque formation - telle qu'arrêtée par le recteur conformément à la loi "ORE" pré-citée - est indiquée de façon claire et transparente sur Parcoursup.

2. La prise en compte de divers taux donnant une relative priorité à certaines catégories de candidats :

L'article 1-V de la loi ORE stipule que "lorsque le nombre des candidatures excède les capacités d'accueil d'une formation, l'autorité académique fixe un pourcentage minimal de bacheliers retenus, bénéficiaires d'une bourse nationale de lycée, en rapport entre le nombre de ces bacheliers boursiers candidats à l'accès à cette formation, et le nombre total de demandes d'inscription dans cette formation". En outre, " afin de faciliter l'accès des bacheliers qui le souhaitent aux formations d'enseignement supérieur situées dans l'académie où ils résident, l'autorité académique fixe un pourcentage maximal de bacheliers retenus résidant dans une académie autre que celle dans laquelle est situé l'établissement".

Sont assimilés à des candidats résidant dans l'académie où se situe la formation demandée, les ressortissants français ou d'un état membre de l'Union Européenne établis hors de France, les candidats préparant ou ayant obtenu le baccalauréat français dans un centre d'examen de l'étranger, les candidats qui souhaitent accéder à une formation qui n'est pas dispensée dans leur académie de résidence.

L'article 3 de la loi ORE ajoute que "sur la base des résultats au baccalauréat, les meilleurs élèves dans chaque série et spécialité de l'examen de chaque lycée, bénéficient d'un accès prioritaire à l'ensemble des formations de l'enseignement supérieur public, y compris celles ou une sélection peut être opérée. Le pourcentage des élèves bénéficiant de cet accès prioritaire est fixé chaque année par décret.

Enfin, L'article 1-VII de la loi ORE dit qu' "en tenant compte de la spécialité du diplôme préparé et des demandes enregistrées (...) l'autorité académique prévoit, pour l'accès aux sections de techniciens supérieurs (note de l'auteur : dans lesquelles on prépare les divers BTS) et aux instituts universitaires de technologie, respectivement un pourcentage minimal de bacheliers professionnels retenus et un pourcentage minimal de bacheliers technologiques retenus, ainsi que les modalités permettant de garantir la cohérence entre les acquis de la formation antérieure du candidat, et les caractéristiques de la formation demandée".

Il est donc important de prendre conscience que les algorithmes de Parcoursup ont, entre autre fonction, celle de gérer l'ensemble de ces taux préférentiels favorisant l'accès de certaines catégories de candidats à diverses formations, et surtout, précisent comment à travers eux on opère pour établir les listes d'admis en tenant compte de ces divers taux.

Voila pourquoi il arrive qu'un candidat non admis dans une formation puisse constater qu'un autre, moins bien classé, y ait accès. La raison est très probablement que ce dernier a bénéficié d'un taux l'ayant favorisé. Ce peut être choquant aux yeux de certains, mais c'est là une conséquence d'une politique volontaire de préférence qui est parfaitement légale.

3. Il revient à des commissions d'examen des vœux, mises en place au sein de chaque formation, d'examiner les candidatures, de les classer et d'envoyer leurs réponses aux candidats :

Constituée par le chef d'établissement, il existe au sein de chaque formation concernée par Parcoursup une "commission d'examen des vœux" qui définit le classement pédagogique des candidats. Elle le fait normalement à partir de critères comparatifs qui doivent être clairement explicités sur la plateforme en amont et tout au long de la procédure d'inscription.

Concernant les formations sélectives (classes préparatoires aux grandes écoles, classes préparatoires aux études supérieures, écoles à recrutement post baccalauréat, programmes "bachelors", IUT, STS, formations universitaires de premier cycle sélectives...), le tri des postulants s'opère en se basant sur les informations fournies par chaque candidat dans le dossier de candidature (notes, appréciations qualitatives, certificats et attestations divers, exposé écrit du projet motivé...) auxquelles peuvent s'ajouter des critères de sélection propres à chaque formation. Les commissions d'examen des vœux doivent en outre tenir compte des taux présentés au point deux du présent article.

Les vœux contenant un demande d'accès à un internat sont classés en tenant compte des ressources des représentants légaux des candidats, ainsi que de la distance entre le lieu de formation demandé et le domicile principal du candidat.

4. Durant la phase d'admission, les diverses formations concernées par Parcoursup font parvenir leurs réponses aux candidats, auxquelles ces derniers doivent répondre :

Chaque candidature fait l'objet d'une réponse obligatoire. Une réponse peut être :

  • Négative. Une telle réponse ne peut être exprimée que dans le cas où la formation est officiellement sélective.
  • Positive. Deux cas de figure peuvent se présenter : ce peut être un "oui" sans réserve, ou "oui si". Le second cas signifie que les membres de la commission d'examen des voeux d'une formation universitaire non sélective considèrent que le dossier révèle un trop important écart entre les "attendus" (tels que communiqués en amont sur Parcoursup) et le bilan scolaire et personnel du candidat. La réponse est "oui si" parce que la commission ne dispose pas du droit de répondre "non" puisque ce type de formation est non sélectif, mais on tient à avertir le candidat qu'il existe pour lui un important risque d'échec. Cependant, s'il persiste (ce qui est possible puisque la formation est non sélective) il devra se soumettre à diverses activités d'accompagnement (tutorat dans telle ou telle discipline, groupes de remise à niveau, première année en deux ans ...) visant à le soutenir.
  • "En attente". Dans ce cas, le candidat est jugé apte à réussir dans la formation demandée, mais son classement sur la liste ne permet pas de lui répondre "oui" compte tenu des capacités d'accueil limitées. Il lui est alors indiqué son rang de classement sur la liste des candidats "en attente" et, nouveauté pour 2019, le classement revu au jour le jour du denrier admis dans cette formation, ce qui permet à chacun de se faire une idée de ses chances d'accéder à cette formation.

Ces réponses sont envoyées "suivant l'ordre d'appel" (le classement des candidats), l'algorithme tenant compte pour établir ce classement de tous les critères que nous avons évoqués précédemment : le classement pédagogique établi par la commission d'examen des vœux, mais aussi les exigences légales découlant de l'application des divers taux précédemment évoqués. C'est également par l'algorithme qu'est fixé le nombre des candidats qui recevront quotidiennement une ou plusieurs réponses. Cela explique pourquoi l'ensemble des réponses ne parviennent pas le même jour aux candidats. Le nombre des réponses positives susceptibles d'être envoyées dans les tous premiers jour de la phase des réponses ne saurait guère dépasser les capacités d'accueil de la formation.

5. Distinguer l'ordre d'appel et le taux d'appel supplémentaire :

Comme nous venons de le voir, à compter de la date d'ouverture de la phase principale d'admission (dernière semaine du mois de mai ) un algorithme fixe "l'ordre d'appel" à partir duquel sont envoyées les propositions d'admission, en fonction du classement pédagogique des candidats et du nombre de places à pourvoir. Il le fait au jour le jour.

On a cependant noté que certaines formations, universitaires pour la plupart, ont eu en 2018 une pratique de type "surbooking , s'autorisant à plus grand nombre des réponses "oui" ou "oui si" qu'il n'y a de places disponibles, anticipant un nombre important de désistements. C'est pourquoi l'algorithme permet en outre de calculer quotidiennement un "taux d'appel supplémentaire" (parfois nommé "rang limite d'appel") fondé sur la capacité d'accueil de la formation, mais aussi sur les réponses aux propositions d'admission envoyées les jours précédents. Autrement dit, s'il est constaté qu'un grand nombre de candidats se désistent des propositions d'admission qui leur sont envoyées, l'algorithme ajuste l'ordre d'appel à la hausse, et vice versa dans le cas contraire.

6. La gestion des réponses des candidats :

Chaque candidat est clairement informé du délai dont il dispose pour accepter ou refuser une proposition d'admission. Attention : si malgré les éventuelles relances ce délai est dépassé, le silence du candidat est assimilé à un refus d'accepter cette proposition. Dès lors, cette place est attribuée à un autre candidat qui est "en attente".

Il convient de bien noter que l'acceptation d'une proposition par un candidat n'est pas définitive s'il est en attente pour d'autres voeux. Prenons l'exemple d'une candidate qui recevrait une réponse "oui" le 10 juin et la validerait, mais qui est "en attente" pour une autre candidature qui aurait sa préférence. Si, le 22 juin, cette proposition "en attente" vient à se transformer en "oui", elle aura à choisir entre ce nouveau oui et celui validé le 10 juin, et ce dans le délai prescrit. Attention : si elle n'exprime pas ce nouveau choix, elle perd automatiquement le bénéficie de cet autre "oui" reçu le 22 juin, mais conserve la possibilité ouverte par le "oui" reçu le 10 juin et qu'elle a validé. Ainsi, l'algorithme permet de conserver ouverte la possibilité d'opter pour d'autres propositions, et ce jusqu'à la réception de la dernière proposition susceptible d'être faite. C'est là une sorte de "confort" dont bénéficient de nombreux candidats, mais qui a une contre partie : "geler", sur des périodes parfois longues, des places qui, de ce fait, ne peuvent être ré attribuées puisque leurs détenteurs les conservent sur un temps plus ou moins long. C'est la raison pour laquelle il a été décidé qu'en 2019, la date de fin d'envoi des propositions d'admission sera avancée à la fin juillet, au lieu de début septembre en 2018.

Conclusion :

Il avait beaucoup été reproché à la plateforme "admission postbac" (APB) d'être très peu transparente en ce qui concernait la gestion des candidatures par les algorithmes d'alors. Nombreux étaient ceux qui protestaient contre ce manque de clarté, allant pour certains jusqu'à accuser les autorités ministérielles de ne pas respecter certaines dispositions de la loi "informatique et liberté". 

Cette insuffisance de la plateforme "APB" ayant été levée, chacun peut désormais accéder à cette sorte de "coeur nucléaire" de Parcoursup que sont les algorithmes qui en gèrent le fonctionnement, et donc mieux connaître les conditions du traitement des dossiers de candidature. Ces algorithmes sont désormais accessibles sur une plateforme "open source" : https//framagit.org/parcoursup/algorithmes-de-parcoursup

Il reste cependant plusieurs zones d'ombre qui mériteraient à leur tour d'être clarifiées. C'est notamment le cas pour les logiciels d'aide à la prise de décision locaux mis fréquemment en oeuvre par les "commissions d'examen des vœux", venant ajouter au traitement par les algorithmes officiels des modalités de traitement supplémentaires qui sont loin d'être systématiquement communiquées au public.

Il est bon qu'une certaine transparence se soit substituée à l'ombre antérieure.  Il reste à progresser vers une clarté absolue. Ce sera sans doute long et plus difficile.

Bruno MAGLIULO
Inspecteur d'académie honoraire

Article publié sur le site : https://www.linkedin.com/pulse/comment-les-algorithmes-de-parcoursup-bruno-magliulo/

Dernière modification le mercredi, 28 septembre 2022
Magliulo Bruno

Inspecteur d’académie honoraire -Agrégé de sciences économiques et sociales - Docteur en sociologie de l’éducation - Formateur/conférencier -

(brunomagliulo@gmail.com)

Auteur, dans la collection L’Etudiant (diffusion par les éditions de l’Opportun : www.editionsopportun.com ) :

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  • SOS Le nouveau lycée (avec en particulier toute une partie consacrée aux liens entre les choix d’enseignements de spécialité et d’option facultative, et le règles de passage dans le supérieur)
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