Autour de la définition du formateur
Par quoi le formateur est-il défini ? En l’absence de statut formel de formateur, il est d’abord enseignant, COP, CPE… Pour l’avoir observé, c’est d’ailleurs en général ainsi qu’ils se présentent, ou que les « collègues » stagiaires leur demandent de se présenter. Ils ne sont pas formateur, mais d’abord professeur d’anglais, de mathématiques, ou autres…
Par qui est-il défini ? Là les situations sont variables. Les corps d’inspection peuvent être « désignants », mais il y a surtout un grand principe de cooptation, et c’est surtout un réseau de connaissance qui repère, appelle, valide le futur formateur, très rarement un processus de formation du formateurs. En gros, on est formateur d’abord, et on se forme éventuellement après. Il y a donc une part de prise de risque personnel importante pour le formateur, et celui-ci est le plus souvent un « militant ».
Le rapport au temps
Le formateur doit s’arranger. Il doit jongler avec son temps, afin de s’adapter aux fenêtres d’intervention qu’on lui propose-impose. Au fond, il est au service du demandeur ou du « proposeur » de stage. Très peu de prévisions sûres sont faites, sur lequel il pourrait s’appuyer pour organiser son propre emploi du temps. Si donc il arrange les demandeurs, on peut dire qu’il prend assez souvent le risque de déranger son employeur principal, son établissement. Déjà qu’aux yeux des collègues de son établissement »il se prend pas pour n’importe quoi » en s’étant institué formateur, en plus il dérange l’organisation quotidienne des autres par ses absences.
Si les décharges sont annuelles (lorsqu’il y a décharge), les périodes d’intervention, les fenêtres temporelles sont finalement très courtes. Selon les modes d’arrangement dans le fonctionnement habituel pour le formateur, il passe de périodes où « il ne fait rien » et des périodes de « surbooking ». Les collègues ne comprennent pas, quant au conjoint ou amis qui vivent dans un autre monde professionnel ils le prennent pour un malade. En tout cas le stress n’est pas loin.
Etre reconnu
La reconnaissance est très curieuse, puisque l’on peut dire qu’elle est inversement proportionnelle à l’implication du/des formateurs. Notamment on a là le débat sur la co-animation qui est évaluée pour chacun des formateurs à 2/3 de leur temps, alors que les dispositifs pour lesquels ce dispositif fonctionne suppose une implication continuelle, sur des registres différents, des deux formateurs, et surtout, un temps de préparation, d’élaboration avant, pendant et après le stage, très important. Plusieurs articles seront consacrés à la question de la co-animation dans la suite de cette série.
La complexité de la demande
Le formateur ne répond jamais à une seule demande. Si on résume, en caricaturant les types de demandes de stages d’établissement on peut repérer trois formules :
- La demande de solution « clé en main ».
- La demande d’aide et de temps pour élaborer un projet.
- La demande de « recours », de gestion d’un conflit interne entre différents acteurs.
Il est bien rare qu’un stage réel ne corresponde qu’à une seule de ces formules d’ailleurs. La plus part du temps il y a une combinaison, pas toujours visible immédiatement de ces trois types de demandes, et chaque stagiaire en porte pour partie un aspect plus particulier.
Au consultant d’essayer de « clarifier » ces demandes, et au formateur de résoudre la quadrature du triangle qui se transformera en cercle vicieux bien entendu.
Bernard Desclaux