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C’est en écoutant la rediffusion du colloque sur le e-learning organisé par l’université de Lyon en juin dernier que j’ai eu envie de rédiger cet article. Dans ce cadre, Gilles Babinet faisait état de l’avance prise par certains pays qui ont intégré l’idée que nous avions changé de monde. 
Nous ne sommes plus dans une société industrielle de massification de la production telle qu’elle s’est construite au XXsiècle mais dans une société de la connaissance. Une société où les principaux enjeux reposent avant tout sur la production de savoirs et leur diffusion. Il précise que les pays occidentaux ayant intégré ce changement de perspective ont observé des gains de productivité sans précédent ces dernières années.

Ces propos m’ont interpellée par rapport à la situation que connaît notre pays. Non seulement il ne semble pas avoir intégré cette nouvelle dimension, mais il tarde à en prendre conscience. Alors j’ai mis comme postulat que, si notre société devait changer son rapport à la diffusion des savoirs et à la connaissance, il fallait peut-être commencer par changer le rapport qu’entretient l’école vis-à-vis de la diffusion des savoirs.
Un parallèle qui m’éloigne du monde de l’économie pour me recentrer sur un environnement que je maîtrise mieux, à savoir celui de la classe.
En tant que professionnel de l’éducation, ce rapport à la transmission des savoirs et à leur diffusion auprès des élèves relève tout à fait de mes compétences pédagogiques.
 
Alors, faisant référence à ma riche année passée à exploiter des nouvelles technologies, il m’a semblé logique de penser que, dans une classe aussi, ces transformations doivent s’opérer pour susciter, dès le plus jeune âge, chez nos élèves, un autre rapport à la connaissance.
 
J’ai eu la chance d’en faire l’expérience cette année et d’orienter ma pédagogie vers d’autres pistes grâce aux nouvelles technologies. En répondant à Gilles Babinet, j’ai ciblé mes arguments sur l’importance d’introduire des équipements numériques en classe tout en l’accompagnant d’une nécessaire réflexion sur le « comment ».
 
En effet, je partage avec lui l’idée que l’outil en lui-même ne permettra pas d’améliorer la réussite scolaire des élèves ; mais j’ai expérimenté, réfléchi et avancé sur la question de la tablette en classe. On peut la percevoir comme un simple et vulgaire objet supplémentaire, mais si son usage est pensé en relation avec la manière de faire la classe, alors les changements qu’une tablette peut opérer dans une classe peuvent devenir considérables.
 Si entrer dans le XXIsiècle c’est avoir un autre rapport au savoir, à la connaissance et à la manière de la distribuer, alors je crois que, pour l’école, entrer dans ce XXIsiècle, c’est aussi avoir un autre rapport avec la manière de faire la classe. Il est grand temps de ne plus considérer l’enseignement frontal comme un style efficace. Ce temps est révolu.
 
 Les mêmes consignes proposées à 30 élèves à la fois, c’est aussi d’une autre époque. En procédant selon ce modèle, on génère automatiquement une déperdition de 20 % qui correspond au pourcentage d’élèves en échec scolaire.
 
 Avec les technologies, j’ai mis en place une organisation par ateliers, qui conduit à modifier le rapport que l’élève entretient avec le mot
 « apprendre ».
 
 L’autonomie, la concentration, les ressources qu’offre une tablette donnent à l’enseignant une plus grande latitude pour penser les apprentissages par ateliers et inciter les élèves à être acteurs de leurs apprentissages, à produire et à coopérer pour apprendre.
 
 Le maître n’est plus seul, il se repose sur son organisation pour faire progresser tous ses élèves par l’intermédiaire des autres et des technologies.
Dans un tel cadre, le maître doit insuffler tout un climat :
- Un esprit d’entraide et de coopération ;
- Une motivation à apprendre définie par des projets en groupe ;
- Un autre rapport à l’évaluation où l’élève acteur s’invite à se corriger seul et à s’auto-évaluer ;
- Un climat de réussite où l’on valorise l’élève, où l’on développe son estime de soi, où on lui offre les moyens de se voir apprendre tout en apprenant aux autres (usage du tutorat et de la vidéo) ;
- Une ambiance de classe où chaque élève s’implique, agit, coopère, produit et apprend à apprendre seul.
 
N’est-ce pas cette dernière compétence la compétence fondamentale de notre XIXe siècle ?
 
 C’est parce que les technologies sont présentes dans ma classe que je suis allée aussi loin dans ma réflexion et dans ma pratique de classe. Elles m’ont conduite à transformer mes pratiques parce qu’elles m’ont offert des solutions que je ne possédais pas jusqu’à présent et qui participent à aider mes élèves à avancer.
 
 Je crois qu’il est juste grand temps d’investir afin d’offrir à tous nos élèves un second souffle. Donnons-leur les moyens d’oser agir seuls pour qu’ils apprennent autrement.
 
Malika ALOUANI, PEMF
@Maloupro
Dernière modification le mercredi, 19 novembre 2014
Alouani Malika

Conseillère pédagogique au numérique éducatif.

Délégation académique au numérique éducatif - Académie de Versailles -