deux années scolaire, deux moments de notre vie à tous : entre la fin des vacances et la rentrée scolaire, sur un territoire qui a fait le choix du numérique, il faut le dire et le saluer.
Cependant, je tenais à écrire ce papier parce que j’ai beau avoir passé un moment magique de conférences, d’échanges ; en rentrant de ce colloque, pourquoi celui-là je ne sais pas, j’ai été frappée par plusieurs choses. Je n’arrivais pas à exprimer ce que je pensais. Alors je ne le fais que maintenant.
Le colloque s’est ouvert le lendemain de l’épisode de la Fête de la Rose, donc sans ministre de l’éducation (entre deux… ministres aussi, donc, de fait). Il est à noter que le sujet a été effleuré en ouverture, mais pas du tout dans le public, et encore moins le mardi en fin de journée quand nous avons su qui prendrait la relève. Quelques supputations au mieux dans la journée le mardi mais pas du tout de débat, d’espoirs, de déceptions qui auraient pu accompagner un changement à la tête de l’éducation. L’absence de réaction est une réaction me direz-vous.
Ensuite, je suis toujours autant désolée que les mondes des uns et des autres ne se croisent pas plus. Enfin si, ils se croisent, mais justement, ils ne font que se croiser. Et c’est bien dommage. A l’instar de la table ronde d’ouverture, qui fut celle des territoires. Chaque territoire a exposé ce qu’il avait mis en place, ce à quoi il était confronté, avec bien sûr un énorme point d’interrogation concernant l’avenir des départements, et cela n’est pas un détail pour l’éducation. Chaque strate des territoires était représentée. Donc commune, département, région. Chacune avec ses problématiques. A aucun moment il n’a été question d’essayer de trouver des solutions ensemble pour l’éducation, pour les enfants. On a parlé éducation et numérique à chaque niveau, mais on pas considéré le citoyen du début de sa scolarité à la fin du lycée. La commune parle école, le département parle collège et la région parle lycée. Soit, il est à noter que les territoires représentés sur scène n’étaient pas forcément limitrophes.
Je vous donne ce moment particulier en exemple mais globalement, et pas forcément sur Ludovia, et c’est bien le nœud du problème, il n’y pas de recherche de consensus sur les tables rondes, conférences et autres moments de tribune libre. Tout le monde va pourtant dans le même sens. Il s’est agi de l’expression des territoires comme de celles du ministère (entendez au sens large, le national, le régional, le local) et des entreprises présentes. Ah. Les entreprises. Vos sourcils se froncent, un se relève même peut être, vos muscles se tendent.
Parce que voilà, chacun se regarde en chien de faïence, chacun arrive avec un avis. Alors dans ces conditions, c’est beaucoup plus difficile d’écouter l’autre, d’entendre ce qu’il a à dire. Car la toute première des questions qui se pose quand on est en contact avec un autre que soi, c’est bien souvent « mais qui c’est celui-là », suivi très rapidement de « mais d’où vient-il ». Notre cerveau a besoin de repères. N’importe quel repère. Un nom de famille qui sonne comme breton ? Nous savons que notre interlocuteur est breton. Un teint clair ? Il s’agit de quelqu’un du nord. On catalogue immédiatement.
Pourtant, à priori, dans ce genre de colloque qui tronque les vacances, il ne peut y avoir que des passionnés. On est donc tous là dans le même but. On a tous les mêmes idéaux : avoir dans notre pays une école plus égalitaire, des enseignants et des élèves heureux. Et pour cela mille idées sont exposées, mises en œuvre et décortiquées pendant Ludovia, par exemple. On pense la pédagogie en long, en large et en travers. Et pourtant il y a au moins 3 camps distincts : les territoires, appelés aussi « les élus », le ministère, appelé « les pédagos » et les entreprises "les privés".
Ne serait-il pas du devoir de chacun d’entre nous d’être et de rester dans l’objectivité vis-à-vis de l’autre afin d’avancer et ne pas plus enrayer ce système ? Est-ce que l’autre, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne n’a pas des éléments à nous apporter, un point de vue, des expériences à partager, dans le but de solutionner ? Si le milieu de l’éducation n’a pas en son cœur même cette ouverture à l’autre alors comment peut-on faire pour faire avancer la refondation de l’école ?
Deux mondes ont du mal à se rencontrer car ils ne parlent pas le même langage, alors qu’ils vont dans le même sens. Comment est-il possible de mesurer en euros ce qu’une ressource, un matériel, un élément venant d’une initiative privée va apporter à un élève ? L’envie, la joie, la compréhension ne s’achètent et ne se vendent pas.
L’école doit instruire les élèves. L’entreprise, dans le monde de l’éducation a pour but d’aider les enseignants à instruire les élèves.
L’évaluation de l’entreprise se fait par son chiffre d’affaires, ses bénéfices. L’évaluation de l’école se fait par ses résultats aux examens. Chacune a sa propre monnaie finalement : l’une des euros, l’autre des notes. Pourtant nous savons tous que la qualité d’une entreprise ne se mesure pas à son chiffre d’affaires, tout comme celle d’une école ne se mesure pas à ses notes. Car les deux sont enfermées dans leur propre système d’évaluation cadré et fermé et que ce qui fait la valeur réelle et fondamentale de chacune, c’est l’humain. Les humains qui composent chacune d’elle.
Ludovia permet des croiser des compétences, des humains différents les uns des autres, avec un passé, un présent et un avenir tous différents, ayant un fil conducteur commun qui est celui de l’éducation. Alors qu’attend-on pour aller plus vers l’autre, quelles que soient les inscriptions sur son badge ? Et si lors des prochaines rencontres (Educatice par exemple) on s’obligeait à aller parler et échanger avec quelqu’un à qui on avait pas prévu d’adresser la parole ? Et si, encore plus fou, on trouvait des points de convergence, des projets à monter ensemble ?
Et puis, et puis… on est bien entre nous, on se comprend, on parle en sigles et en noms propre, en méthodes et en outils… mais honnêtement, qui, « de l’extérieur », arrive à comprendre ce qui se raconte dans nos colloques ?
Et pourtant le sujet intéresse et passionne l’ensemble des citoyens. Car il est question des enfants, de nos enfants, de leur avenir, de notre avenir. De celui de notre pays.
Et justement, parce que ces rencontres se sont déroulées juste avant la nouvelle année scolaire, je n’ai pas senti assez d’espoirs et de changements tangibles quant à l’égalité des chances, quant au numérique, pour cette nouvelle période à venir.
Cette rentrée portait plus sur des peurs (mise en œuvre des rythmes scolaires par exemple) et pas assez sur la confiance.
Confiance et sérénité sont nos armes pour affronter la suite. A nous de jouer…
Balise du colloque : #ludovia11
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Article dédié à David...
Dernière modification le jeudi, 05 février 2015