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Juillet est un mois qui réserve parfois des bonnes surprises. C’est souvent l’occasion de circulaires qu’on n’attendait plus et de décisions de dernière heure.
Cette année encore, le bulletin officiel nous délivre, en ce 16 juillet dernier, la 92e circulaire de l’année qui concerne la vie lycéenne et a pour objectif de favoriser l’engagement des élèves. Cette forme de représentation et de valorisation de la démocratie dans les lycées existe pourtant depuis le début des années 90 mais n’a pas vu naître d’évolutions majeures, malgré l’évidente implication des jeunes et les souhaits de leurs représentants.
« À une période où l’engagement des jeunes pour la défense des principes de la République est primordial, la présente circulaire vise à donner un nouveau souffle à la participation des lycéens à la vie de leur établissement. L’apprentissage de la citoyenneté et du vivre ensemble est un objectif pédagogique aussi important que la transmission des savoirs. Il participe de la construction de l’individu et de l’appréhension de la responsabilité. La connaissance des droits et des obligations des lycéens et leur expression dans les instances de la vie lycéenne contribuent à cette construction. »

Fort bien. Oh ! les beaux prolégomènes !
Cette circulaire rappelle ensuite, de manière un peu ferme, leurs obligations aux chefs d’établissement :
« [Suite aux constats nés de la consultation nationale, il est nécessaire de] confirmer la nécessité de sensibiliser davantage les élèves par une formation adaptée et de mobiliser l’ensemble de la communauté éducative afin d’encourager et d’accompagner les initiatives lycéennes, condition nécessaire à l’exercice de la responsabilité et à l’acquisition de l’autonomie.

Il revient ainsi aux chefs d’établissement de veiller aux respects des droits et libertés des lycéens et d’en faciliter l’exercice : libertés d’expression, dont le droit de publication et le droit d’affichage (articles R. 511-6, 7 et 8 du code de l’éducation), d’association (article R. 511-9) et de réunion (article R. 511-10). Il est rappelé que le conseil de vie lycéenne est l’instance où sont débattues toutes les questions concrètes relatives au travail scolaire et aux conditions de vie des élèves dans l’établissement. Il doit être obligatoirement consulté avant chaque conseil d’administration sur les champs de compétences qui sont les siens… ».

Voilà qui est clair et bien senti ! On prend mieux conscience de l’état délétère de la démocratie lycéenne à l’aune de ces rappels injonctifs. C’est en tout cas un texte nouveau sur lequel les lycéens et, tout particulièrement, les élus de la vie lycéenne, pourront s’appuyer au cas où…
Des semaines de l’engagement lycéen et de la démocratie scolaire
Après ce qui avait été expérimenté çà et là depuis quelques années, sera mise en place, à des dates précises et avant les élections des nouveaux élus lycéens, une semaine de l’engagement lycéen. On y organisera une heure de formation, avec un effort particulier pour les nouveaux lycéens, élèves des classe de seconde, pendant laquelle on y évoquera :
« … les droits et devoirs des élèves ainsi que [...] le fonctionnement des instances lycéennes afin de favoriser l’engagement et la participation des lycéens… ». 

Il s’agit là d’une avancée majeure et importante qui était attendue par beaucoup, les représentants des lycéens d’une part, tous ceux qui, dans les lycées ou au niveau académique, étaient et restent attachés à la réussite de la démocratie lycéenne et conscients des heureuses perspectives qu’une mise en place réussie peut faire naître.
Par ailleurs, d’une manière encore plus précise, la 6e semaine de l’année scolaire sera déclarée semaine de la démocratie scolaire et verra s’organiser et se dérouler l’ensemble des élections au Conseil de la vie lycéenne et au Conseil d’administration.
Autre avancée à retenir : l’organisation systématique de la formation des élus C. V. L. (conseils de la vie lycéenne), aux différents niveaux de l’académie. Enfin, des rappels très forts sont faits à destination des chefs d’établissement, qui donnent une idée de la manière dont certains de ces derniers osaient s’affranchir, ces dernières années, de leurs obligations dans ces domaines :
« La participation des représentants des élèves dans les instances où ils siègent au niveau national, académique et de l’établissement, doit être encouragée et valorisée. Par conséquent, il est exclu que les absences aux cours, qui sont la conséquence de ces participations, soient reportées sur le bulletin scolaire et décomptées au même titre que les autres absences. »

Toute la hiérarchie est concernée par cette circulaire et impliquée dans sa mise en œuvre dès la rentrée, des conseillers principaux d’éducation aux recteurs en passant par les chefs d’établissement, les IPR et proviseurs vie scolaire, les délégués académiques à la vie lycéenne… Il s’agit très clairement de réussir la vie lycéenne car, en vérité, on part de très loin…
Une vie lycéenne moribonde
La vie lycéenne vivote en effet depuis vingt ans grâce à l’impulsion des quelques rares proviseurs impliqués ou des conseillers principaux d’éducation qui ont la confiance des premiers. Le plus souvent, ce sont les lycéens eux-mêmes qui rappellent les textes aux chefs d’établissement et les contraignent, en faisant le siège de leur bureau, chaque automne, à organiser les élections, à mettre en place les réunions des CVL, à consulter les dits CVL avant chaque conseil d’administration, à susciter les projets d’établissement… à faire vivre la démocratie lycéenne, tout simplement.
Il suffit, pour s’en convaincre, d’interroger quelques lycéens à ce sujet ou, mieux, quelques élus de la vie lycéenne. Il peut être intéressant aussi de faire, comme je l’avais fait récemment, une lecture attentive des règlements intérieurs des lycées dans lesquels, bien souvent, les droits mêmes des lycéens (expression, publication, réunion, association…) sont bafoués, au mépris des textes officiels et de la loi. Ces derniers sont pourtant rappelés sur le site même de la vie lycéenne.
Tenez, rappelez-vous, juste un extrait pour l’exemple :
« Tout texte, toute publication, toute affiche doit être visé au préalable par le Chef (sic) d’établissement et signé par son auteur. »

Si on revient un instant sur la circulaire en référence, dont la tonalité générale est plutôt injonctive, ce texte cède vite le pas à de pâles conseils ou recommandations. À propos de la semaine de l’engagement lycéen et de la formation qui est due aux lycéens sur le fonctionnement des instances de la vie lycéenne, il est indiqué que les chefs d’établissement :
« …pourront [associer] des lycéens engagés dans les instances de leur établissement ou dans la vie associative, dans la perspective d’une transmission entre pairs ».

« Pourront » ! Comme s’il n’était pas indispensable que les élus les plus anciens participent à la formation des nouveaux ! C’est obligatoire, impérieux ! Il en va évidemment de la réussite de la représentation lycéenne que cette transmission par les pairs soit mise en place.
Une étape vers l’engagement des collégiens
Rien dans cette circulaire n’est enfin mentionné quant à des avancées possibles pour faire progresser et valoriser au collège l’engagement des jeunes collégiens. On aurait pu pourtant imaginer des dispositifs équivalents à ceux de la vie lycéenne permettant, comme au lycée, d’élire des élus, représentants de leurs camarades, qui pourraient être consultés, eux aussi, avant chaque conseil d’administration, sur les questions qui les concernent directement.
Est-ce partie remise ? Il ne reste plus qu’à l’espérer.
Pour information, suite à cette circulaire, les déclarations des syndicats ou organisations des élèves, le S. G. L. et l’U. N. L.
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Crédit photo : Martin Le Roy via photopincc
Dernière modification le vendredi, 03 octobre 2014
Guillou Michel

Naturaliste tombé dans le numérique et l’éducation aux médias... Observateur du numérique éducatif et des médias numériques. Conférencier, consultant.