C’est indispensable et cela permet de déployer des stratégies expérimentales et notamment d’éviter de refaire des expériences qui ont déjà été publiées ou alors de les faire en utilisant un autre modèle ou enfin d’imaginer, par bissociation d’idées, des phénomènes susceptibles d’être mis à jour en produisant le dispositif expérimental adéquat. Dans la novlangue de la blouse blanche, le scientifique à la paillasse expérimente, il manipe, et quand il ne fait pas des manipes, il peut rédiger un article ou alors faire sa biblio, c’est-à-dire s’accorder une demi-journée pour prendre connaissance des derniers résultats publiés dans son champ de recherche. Faire une recherche bibliographique sert aussi à trouver des informations pratiques pour réaliser une expérience. La collecte d’informations scientifiques sert également à finaliser le produit final, autrement dit la publication, dans les auteurs doivent indiquer un bref état de la question et fournir éventuellement des références lorsqu’ils citent des données ou bien lorsqu’ils indiquent le protocole utilisé.
Un patron de recherche digne de ce nom doit inciter le doctorant à faire sa biblio.
Je me souviens lorsque, arrivé à Toulouse, mon directeur de DEA (puis de thèse) m’accompagna dans une grande bibliothèque. Je fis connaissance avec les chemical abstracts, des pavés bien plus indigestes et imposant que les pages jaunes, avec des mots clés renvoyant à des petits résumés d’articles.
Si l’information vaut le détour, alors il faut aller sur les étagères prendre la revue et photocopier l’article pour l’étudier tranquillement dans son bureau. Ces première recherches bibliographiques m’ont permis de trouver un moyen pour synthétiser une molécule assez difficile à faire, un glucuro-conjugué de l’acétate d’elliptinium, qui était destiné à augmenter les capacités antitumorales de la molécule de départ mais qui s’est révélé être un produit de détoxification, ce qui n’avait rien d’étonnant puisque le foie utilise cette conjugaison pour éliminer les toxiques exogènes.