Nous pourrons visualiser à nouveau les vidéos des interventions, ou réécouter celles que nous souhaitons approfondir. Les billets de débriefing sont en ligne, celui de Jean-Michel Billaut, celui de Laure Endrizzi pour l’ifé et celui de Christine Vaufreypour Thot
Je n’ajouterai pas un billet de synthèse, mes confrères (soeurs) l’on fait brillamment. Je voudrais ne retenir qu’un terme : celui du temps. En une année de travail et de réflexion j’ai senti monter avec force cette notion, elle devient centrale. N’en déduisons pas qu’elle a émergé subitement, elle ne fait qu’éclater. Elle semble briller plus fortement tout simplement parce que nos regard s’y tournent avec plus d’insistance.
Il est intéressant, à cet égard, de consulter les archives des JEL parce qu’elles montrent avec évidence que ce colloque est un remarquable révélateur des signaux faibles. En juin 2010, Michel Dupuis nous parlait déjà des "plateformes et du temps de travail" en développant les enjeux statutaires pour les enseignants chercheurs mais aussi pour ceux du secondaire. En 2008 Jean-Paul Pinte avait évoqué le web profond et les traces qui restent inscrites malgré le temps qui passe. Cédric Manara nous démontre chaque année la difficulté d’interprétation de la législation sur le droit d’auteur, elle même circonscrite dans ce temps de 70 ans. Pascal Bruck en 2010, exposait les enjeux du rapid Learning en présentant une conférence intitulée "Intégration des outils de Rapid Learning". Ada Gianatelli en 2009 nous expliquait les enjeux du" travail collaboratif et des réseaux" ce qui est une autre façon de nommer le temps pris pour travailler ensemble. Une recherche plus fouillée me permettrait certainement d’isoler les prémisses de cette question (par manque de temps probablement).
Si mes propos précédents s’inscrivent sous l’égide de la formule "signaux faibles", le colloque de cette année plaçait précisément cette question, dans les intitulés et dans les propos (des signaux forts) :
Marguerida Roméro avait intitulé son intervention "Le temps en e.learning" élément fondamental des structures de formation en ligne.
Samuelle DUCROCQ-HENRY a évoqué les Lan Party et la possibilité de transférer cette pratique en dispositif de formation. Le temps éphémère du jeu pour ces geeks qui se donnent rendez vous pour jouer non-stop pendant deux jours. Des acteurs pris dans la logique du game qui perdent la notion de temps social pendant les phases de jeu.
Cédric Manara nous a expliqué que le droit d’auteur appliqué au temps de la formation était une ineptie. Temps de formation et temps de production, deux notions s’égrénant au même tempo du cadran de la montre mais n’ayant pas les même enjeux et conséquences.
Gilles Chamberland de l’université de Sherbrooke évoque les questions de scénarisation du jeu dans une dimension une dynamique temporelle avec l’avant, le pendant et l’après. Il pose la question du temps, est-il un allié ou un ennemi ?
Jean-Michel Fourgous en évoquant son rapport, a en filigrane rappelé la notion du temps politique "si les propositions de mon rapport sont appliquées", le temps de l’alternance, le temps d’une législature remplaçant le temps d’une autre.
Les ateliers n’étaient pas en reste, le temps y était aussi inscrit au fronton des salles, avec le e.portfolio qui trace le temps d’acquisition des compétences, les open university qui ouvrent une nouvelle ère, un nouveau temps des modalités de transmission des savoirs, le temps du formel et de l’informel dans l’atelier de Christine Vaufrey ...
Nous allons maintenant rejoindre, qui sa salle de cours, qui son laboratoire de recherche, en clôturant les JEL. Nous allons ouvrir, continuer pour certains, cette réflexion sur la temporalité du métier et le e.learning. Beaucoup d’entre nous savent que nous allons entrer dans la période de la joute des temps :
- Le temps de l’enseignement cadré par l’année universitaire ;
- Le temps des décideurs, le temps comptable, pour ceux qui investissent dans le matériel pédagogique ;
- Le temps long de la recherche ;
- Le temps de l’institution qui observe les changements (ou leurs absences)et qui impulse l’innovation sur sites ;
- Le temps du politique, qui doit se pencher sur les conséquences à terme des changements temporels. Il faudra certainement répondre, trancher sur des questions sensibles : quid des statuts au temps du e.learning ? Une heure de cours en présentiel est-elle égale à une heure de e.learning ? Quelle rémunération de ce temps ? Comment coordonner le temps de l’enseignement secondaire et le temps de l’enseignement supérieur ? ...
En attendant, j’espère que les JEL continueront à être ce promontoire sur lequel nous continuerons à observer les changements. Asseyons nous, prenons le temps et observons !