Les étudiants inscrits à un cours offert par une université dans une « dynamique MOOC » (voir cette infographie) font l’expérience d’apprendre en étant connectés en réseau (du connectivisme) avec une masse impressionnante d’autres étudiants. Le ou les professeurs « dans un monde de MOOCs » adopte(nt) une posture différente. Cette vidéo (En) de Dave Cormier et Neal Gillis me paraît être le document le plus « abouti » qui répond à la question qu’est-ce qu’un MOOC ?
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Un de mes collègues universitaires qui détonne souvent des autres a récemment « suivi » un cours de ce type et le récit de son expérience est plutôt positif. Il faut nommer sa motivation qui était de « comprendre un peu mieux le phénomène ».
Je lisais cette semaine une chronique de Ariane Krol de La Presse abordant le même sujet, mais sous l’angle de la gratuité, évoquant l’initiative de HEC Montréal. Je me suis désolé sur Twitter du caractère réducteur de sa démarche :
« Ça ne coûte pas cher, mais ça ne vaut pas cher… Tout dépend du point de vue. Crédits, contact avec le prof et vie étudiante ne sont pas inclus. Par contre, si vous n’avez pas les moyens d’aller à l’université, ou si vous vous interrogez sur la pertinence d’un programme, c’est un bon début. »Mme Krol a eu la gentillesse de me répondre que l’espace réduit de son média était en cause.
Heureusement, au même moment, Hubert Guillaud sur le blogue d’InternetACTU (Lemonde.fr), prend l’espace qu’il lui faut et fait le tour de la question. Dans « L’innovation éducative : une question économique ? », il pose habilement la question de savoir si le MOOC peut constituer une nouvelle infrastructure éducative sans que la question économique prime sur la réponse éducative ?
« L’internet fait naître un nouvel espoir de révolution dans l’enseignement supérieur. Depuis l’automne 2011, un grand nombre des meilleures universités du pays (dont le MIT, Harvard, Stanford, Princeton…) offrent des cours gratuits sur le Net et plus d’un million de personnes à travers le monde se sont engagées à les suivre. Les Mooc ont reçu les honneurs de la presse internationale à la fois pour leur capacité à toucher des étudiants auxquels ces formations étaient inaccessibles que pour leur capacité à renforcer la qualité et la productivité de l’enseignement, tant sur le campus qu’à l’extérieur. Le président de Stanford a évoqué le tsunami à venir. L’ex-ministre de l’éducation américain « la renaissance d’Athènes ». Rien de moins. »Je ne dis pas que cet extrait constitue sa réponse à la question. D’autant qu’en amont de ce paragraphe, Guillaud affirme que « partout, son intégration [du numérique] pose plus de questions qu’elle n’offre de réponses. »
N’en demeure pas moins que les MOOCs risquent de transformer l’enseignement et tout le fonctionnement des universités. Les intervenants au Sommet n’ont pas abordé ce « tsunami à venir » pourtant lié au thème abordé cette semaine à Québec et ça me paraît constituer une erreur.
De toute façon, sans Plan numérique pour le Québec, pourquoi un gouvernement regarderait-il de ce côté ?
C’est par le haut niveau d’engagement dans leurs apprentissages des étudiants inscrits dans un cours à Udacity, Coursera ou edX (par exemple) que les MOOCs risquent de transformer autant le fonctionnement des universités que la qualité de l’enseignement supérieur, de mon point de vue.
« Des fenêtres au lieu des murs », ceux qui me lisent savent ce que j’en pense.
J’y reviendrai… d’autant qu’en février on me donnera l’occasion d’aller échanger sur ce sujet dans une université du Québec avec des profs.
Mais auparavant, je dois me concentrer sur une intervention à Villard-de-Lans dans le Vercors en France à la mi-janvier et aussi sur un petit saut à Clair à la fin du même mois.
Beau programme !
Mise à jour du lendemain : Même s’il ne voit pas une panacée dans les MOOCs, un pionnier parmi les édublogueurs évoque lui aussi « la tornade » qui s’en vient. « Tornado of Change in Education » de Will Richardson.
Mise à jour du 3 décembre : Autre point de vue chez Stéphane Allaire (prof à l’UQAC) qui se demande si les MOOCs ne seraient « qu’un moyen répondant à l’enjeu de la course aux étudiants ». Aussi, en Anglais, « To MOOC, or Not to MOOC, That is the Question. »