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La loi de la divergence s’oppose à la loi darwinienne de l’adaptation et de la sélection naturelle, qui a eu en son temps le mérite de nous libérer du créationnisme, mais qui est très insuffisante pour expliquer l’évolution.
 
La divergence est ce qui survient et qu’on ne pouvait pas prévoir ; si ce n’est a posteriori. La divergence échappe à la pensée linéaire inductive ou déductive et même à la dialectique hégélienne. Elle relève de la pensée en arabesque. La divergence est le contraire de la répétition : elle est la création.
 
Dans l’histoire humaine, elle a souvent tenu à des génies individuels rebelles aux idées de la majorité. Ils ont été le plus souvent marginalisés voire suppliciés avant d’être célébrés a posteriori. La loi darwinienne de l’adaptation ne peut expliquer l’évolution de l’espèce humaine, dont les étapes marquantes ont été des ruptures, des sauts, des mutations, des projets qui l’ont projetée chaque fois dans des directions nouvelles, que personne n’avait prévues.
 
Cela est évident dans l’histoire de l’art, des idées, de la science. Mais la nature elle-même évolue aussi par sauts tous azimuts, ruptures, création de configurations génétiques nouvelles et inattendues. Elle essaie tous les scénarios biologiques.
 
La nature est créatrice et aventureuse. La loi darwinienne n’explique que l’anecdotique, des détails. Elle demeurait trop linéaire et mécanicienne pour embrasser le principal : la nature elle-même évolue par mutations et divergences.
 
La divergence fait son chemin vers l’inédit, l’inconnu et implique toujours une prise de risque, éventuellement fatale, qui se situe à l’opposé de l’adaptation.
 
L’éthique, par exemple, est une invention de l’espèce humaine, c’est la protection du plus faible ; elle se situe à l’opposé de la loi darwinienne de la jungle et ne se trouve aucunement dans l’état de nature. Elle contredit en tout la loi de la compétition et de l’adaptation.
Avec l’émergence de l’âge du numérique nous avons le privilège de faire l’expérience en temps réel d’une formidable divergence dans notre évolution humaine.
 
Publié par Hervé Fischer
Dernière modification le vendredi, 10 octobre 2014
Fischer Hervé

Artiste-philosophe, né à Paris, France, en 1941. Double nationalité, canadienne et française. Hervé Fischer est ancien élève de l'École Normale Supérieure (rue d'Ulm, Paris, 1964). Il a consacré sa maîtrise à la philosophie politique de Spinoza (sous la direction de Raymond Aron), et sa thèse de doctorat à la sociologie de la couleur (Université du Québec à Montréal). Pendant de nombreuses années il a enseigné la sociologie de la culture et de la communication à la Sorbonne-Paris V (Maître de conférences en 1981). A Paris il a aussi été professeur à l'École nationale Supérieure des Arts décoratifs (1969-1980). On lui doit de nombreux articles spécialisés, participations à des ouvrages collectifs et conférences dans le domaine des arts, de la science et de la technologie, en rapport avec la société. Parallèlement il a mené une carrière d'artiste multimédia. Fondateur de l'art sociologique (1971), il a été l'initiateur de projets de participation populaire avec la radio, la presse et la télévision dans de nombreux pays d'Europe et d'Amérique latine, avant de venir s'installer au Québec au début des années 80.