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Aujourd’hui, je voudrais vous parler de radiateur ! ...
Cette année, dans le cadre de l’Université d’été de Ludovia, j’avais décidé de suivre les débats relatifs aux collectivités locales. Fort de cette intention louable, un quidam m’a dit "Wouah, tu as choisi l’atelier le plus chiant" (je reviendrai sur ce point dans un prochain billet). La prédiction à hauteur du programme pouvait se révéler pertinente et pourtant ... Une intervention qui est, me semble t-il, passée inaperçue dans le programme, a illuminé ma semaine.
Une représentante de la société Qarnot computing nous a fait la plus brillante démonstration pédagogique de cette session 2014. Je me demande encore pourquoi elle n’était pas inscrite au programme du colloque scientifique puisqu’il était question de consommation (de surcroît durable) et de génie créatif avec une bonne dose de concept social.

Entre un rapport sérieux, les questions de THD, l’asymétrie des connexions et le besoin d’économie d’échelle, a scintillé de la vraie réflexion sur notre société.
À l’origine il s’agit d’utiliser la puissance de calcul des ordinateurs pour les process de conception 3D. Les créateurs de la société Qarnot computing, ont eu l’idée brillante d’utiliser cette puissance pour récupérer la chaleur produite.

Ils définissent ainsi leur système :

"Q.rad [kyu rad], N : Radiateur électrique dont la source chaude est constituée de processeurs de calcul. Totalement silencieux, le dispositif reçoit ses instructions de calcul via le réseau Internet domestique. La chaleur dégagée par l’exécution des calculs permet de chauffer gratuitement et efficacement les habitations et locaux professionnels. Un système de régulation par thermostat permet d’adapter la puissance de calcul en fonction de la température souhaitée par les occupants. "

L’introduction de la présentation a commencé par la diffusion d’une vidéo longue tirée d’une émission d’ARTE, futurmag. D’ordinaire je trouve le procédé anti pédagogique parce que trop long et ennuyeux.

Mais ... quand le propos est intelligent, on écoute. J’ai été subjugué par les arguments, certainement parce que l’on évoquait le principe de l’innovation frugale. Ma passion pour le concept de bricolages’est réveillée.

Bon ... je ne vous parlerai pas du radiateur, objet technique. Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris les subtilités technologiques (consultez le site).
Par contre les principes évoqués qui convoquent l’innovation frugale et les concepts de Jérémy Rifkin sur la troisième révolution industrielle ne peuvent que stimuler la réflexion pédagogique.

Bon alors le lien avec les profs me direz vous ? Ce n’est qu’un nouvel avatar du radiateur même avec une once de data center.
Et bien si, j’y vois un lien fort (ou un signal faible si je braconne dans le répertoire du marketing).

Les collectivités locales (je reviens à mon atelier ch...) investissent à grand renforts d’euros dans des ordinateurs, des TBI, des tablettes. Les retours d’usage ne semblent pas être au rendez-vous. Le rapport investissement /usage ne produit pas un ratio satisfaisant d’après ce que j’ai compris. Le changement est-il trop rapide, les enseignants un peu trop réacs, les statuts inadaptés, la formation absente, les salaires pas assez élevés ? Nous aurons l’occasion de débattre de tout cela dans des billets futurs.

Et si le principe de l’innovation frugale était une piste à explorer dans les pratiques et usages pédagogiques ? Je ne donne pas des mauvaises idées aux financeurs, je m’adresse aux enseignants en leur proposant d’imaginer des solutions efficaces qui ne soient pas seulement la réponse à la course au toujours plus technologique. Ayons donc des idées et mutualisons les.

En filigrane je m’adresse aussi aux décideurs pour qu’ils intègrent les enseignants dans leurs réflexions (c’est ça aussi l’innovation frugale). Il nous faut mettre en application les belles idées présentes dans les débats.

Voilà quelques réflexions à chaud, il me reviendra de les approfondir cette année, de leur donner du coffre conceptuel.
En tout cas cette réflexion me conforte dans l’idée qu’il faut absolument suivre le e.billaut show de l’ami Jean-Michel (qui avait déjà réalisé un ITW de Qarnot computing) pour avoir une idée juste des tendances.
Pour prolonger cette réflexion lire Jeremy Rifkin
Dernière modification le jeudi, 05 février 2015
Moiraud Jean-Paul

Cherche à comprendre quels sont les enjeux des perturbations du temps et de l'espace dans les dispositifs de formation en ligne. J'observe comment nous allons passer du discours théorique sur les bienfaits des modes collaboratifs à l'usage réel. Entre collaboration sublimée et usages individualistes de pouvoir, quelle place pour le numérique ?
 
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