Les médias libres : Et si tout un pan de l’information vous avait échappé ? Voilà la question qui se posait durant la conférence de jeudi dernier en présence de Simon Barthélémy, rédacteur en chef à Rue 89 Bordeaux, de Marie-Christine Lipani, enseignante chercheuse spécialiste des médias, et de Fabien Pont, médiateur de Sud- Ouest.
L’essor des médias libres depuis une dizaine d’année apporte fraîcheur et transparence à l’information.
Quand on parle des médias libres, on se réfère aux médias indépendants des pouvoirs publics, des puissances financières et des partis politiques, associatifs ou mutualistes.
C’est par une explication rapide du rôle du médiateur dans un journal que la conférence débute. C’est une sorte de “gardien de déontologie” affirme Fabien Pont qui explique que le médiateur fait remonter les critiques qui sont formulées à l’égard du journal. Ces critiques sont importantes pour la continuité d’un journal. Le médiateur fait donc le lien entre les lecteurs et le journal. En effet, il apporte des réponses aux lecteurs sur les choix éditoriaux du journal.
La première question qui a animé la conférence était la suivante: les médias indépendants sont-ils une solution à la crise des médias de masse ?
La diversité médiatique en France n’est pas une illusion. Des médias libres il y en a et ceux-ci participent au renouvellement des médias. A titre d’exemple de ces formats de presse d’information, il y a Rue89 Bordeaux. C’est un journal indépendant qui veut faire revivre un journalisme avec une information à trois voix : celle du journaliste, de l’expert et du blogueur. Toutefois, cet objectif a changé avec l’émergence des réseaux sociaux. Les médias locaux d’investigation proposent ainsi une alternative aux médias de masse. Parmi les médias locaux d’investigation, on peut également citer Médiacité.
“Médias libres”
Médias libres, médias alternatifs, médias citoyens, difficile de trouver un terme juste pour parler de ces médias autogérés. L’expression “médias libres” serait peut-être déplacée, puisque tous ces médias ne sont pas libres. Un média peut ne pas être indépendant, mais transparent sur son éthique et avoir une charte d’indépendance, comme pour Le Monde. On pourrait alors parler de “média charté”.
Malgré la pertinence des informations qu’ils proposent, les médias alternatifs peinent à tirer leur épingle du jeu et à être repris par les grands médias d’information de la presse écrite. C’est là que réside l’enjeu des médias locaux. Leur défi, c’est de se rendre plus visibles.
Dans la deuxième partie, il a été question de voir les apports des médias alternatifs avec comme fil directeur la question “les médias locaux et indépendants sont- ils des outils démocratie locale? Inévitablement, les réseaux sociaux apportent plus de transparence.
Cependant, les réseaux sociaux dictent le rythme de la production d’information.
Sur le journaliste repose une pression de traiter directement de l’information pour être dans la course parmi les médias qui la relaient en premier. Le métier de journaliste est de faire des choix sur l’information qui vaut la peine d’être traitée dans l’immédiat et celle qui nécessite du recul.
Pour Simon Bathélémy, une journée sur le terrain lui permet d’assister à une conférence de presse de La République En Marche à Bordeaux et d’être à la réunion sur le projet zéro plastique à la mairie de Bordeaux. Mais les contraintes de temps font que des choix s’imposent. On peut choisir de traiter les deux sujets en surface pour avoir plus de contenu journalistique ou de sélectionner un sujet de l’approfondir. Ce qui attire dans une rédaction d’un journal local, c’est aussi le rapport plus proche entre le journaliste et ses sources. Enfin quand on est journaliste d’un média local, il y a plus de “terrain”, c’est-à-dire d’enquêtes sur les lieux où se trouve l’information.
Une liberté dans les choix éditoriaux
C’est aussi ça qui caractérise la presse alternative, une liberté dans les choix éditoriaux. Toutefois, cette liberté reste dépendante des attentes des lecteurs et des contraintes financières.
C’est d’ailleurs cette liberté qui peut inciter les journalistes à travailler dans un média libre. Ainsi, c’est dans la troisième partie qu’a été abordé les motivations qui amènent les journalistes à travailler dans un média libre.
La question du financement des médias indépendants qui faisait l’objet de cette partie. Les médias régionaux comme les médias nationaux font face à une crise. Or, il a été rappelé qu’un journal en difficultés financières, met en danger la qualité de l’information. C’est aussi la précarisation des journalistes qui est en jeu. Les grands médias bénéficient très largement des subventions publiques, c’est par exemple le cas pour Le Figaro. La presse régionale bénéficie de subventions comme le fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité.
La conférence s’est clôturée sur une dernière partie traitant de la capacité des médias d’investigation à s’imposer dans le champ médiatique français.
Selon Marie-Christine Lipani, le lien émotionnel entre le lecteur et son journal reste une donnée primordiale qui justifie la fidélité du lectorat. Pour pousser un lecteur à s’abonner à un journal, on peut jouer sur ce lien affectif et l’impliquer dans le “making of” de l’information pour renforcer les liens de confiance. De plus, les sites internet seront lus s’ils produisent une information unique, s’ils la traite d’un angle qu’on ne trouvera pas dans un autre média. C’est l’exemple du site d’information Mediapart qui mise sur un apport riche en informations dans ses articles.
Les médias locaux d’investigation et les médias libres proposent donc des alternatives pour recréer un lien entre la presse écrite et le lecteur et redéfinissent le champ médiatique français. Avec des lecteurs qui ne s’abonnent plus à un seul journal de presse écrite, chaque média peut faire sa place dans le paysage médiatique en France.
https://vinrougenecrenoire.com/2019/12/02/conference-les-enjeux-du-journalisme-local/
Roxane Broca
Dernière modification le jeudi, 03 mars 2022