Malgré les annonces faites au plus haut sommet de l’état (activation d’un plan du numérique avec les nominations ministérielles dédiées à son développement), l’impression qui se dégage est celle d’un ministère coupé du terrain et dans l’incapacité d’envoyer un message fort aux divers acteurs. Sans parler des moyens financiers à mettre en œuvre et que cette période de crise rend encore plus parcimonieux, la nécessité est grande de lignes claires, d’une stratégie visible, d’une communication audible concernant les enjeux du numérique et ses liens avec la pédagogie. D’autant plus que notre pays est un des éléments de l’écosystème numérique mondial. En effet cette matrice mondiale s’impose à tous, en tout temps et dans toutes les zones de la planète.
Pourtant, il suffit de regarder sur le site Educavox le remarquable entretien accordé par Madame Catherine Becchetti- Bizot, Directrice du Numérique pour l’éducation, pour être convaincu que les instances nationales ont pris la mesure de ce qu’il faut faire. Hélas le discours est brouillé par les réalités d’une rentrée où 60% des établissements ont au moins un poste non pourvu, où la simple gestion du quotidien est tellement chronophage et énergivore pour tous les personnels que parer au plus pressé passe loin devant construire l’avenir.
Pourtant, il y a dans les collectivités territoriales, une vraie prise de conscience des décideurs et l’instauration d’une démarche positive qui conditionne l’équipement des écoles à la conduite d’un projet incluant le numérique (ENT ou autre). Cette démarche est impulsée par une base qui montre de plus en plus clairement sa volonté d’avancer. Hélas les plans d’équipement sont à cinq ou six ans, ce qui n’est guère compatible avec l’urgence de la situation et l’accélération des services et des usages liés à la mutation rapide des objets numériques.
Fort heureusement, les initiatives se multiplient sur le terrain éducatif (et Educavox s’en fait largement l’écho)," l’essaimage " commence à se faire même s’il est illusoire de compter sur ce seul " phénomène naturel " pour franchir tous les obstacles. De la maternelle à l’université en passant par le réseau Canopé, le numérique ne laisse plus personne indifférent, les mentalités évoluent et l’on est en droit d’espérer un effet de seuil pour les voir évoluer encore plus vite.En réponse aux difficultés rencontrées par nos élèves et nos étudiants, émerge un grand besoin de pédagogie et une pensée de fond se développe qui connecte pédagogie et numérique. Qui plus est, lorsque les équipes s’emparent fortement du numérique, comme c’est le cas dans de nombreux établissements, celui-ci apparaît clairement comme un plus, comme une solution d’avenir.
Quel est alors le rôle important que l’An@é souligne pour tous les acteurs ? Chacun dans son domaine, développe ses compétences spécifiques mais devient également "un médiateur du travailler ensemble" Cette idée de médiation est à repenser aux niveaux de l’éducation et du politique. Il nous faut en trouver la bonne échelle d’application : établissement scolaire ? Communauté de communes ? Département ? Région ?
Dans tous les cas, c’est le service public qui est à placer au centre des dispositifs : le numérique constitue une chance pour valoriser son image et pour assurer une cohérence des objectifs au service des élèves et des citoyens.
Valorisation des initiatives, production analyse et collecte de contenus, recherche, veille, formation, prospective, ouverture et réalisation de projets avec tous les acteurs concernés par l’éducation, aucun de ces champs n’est à délaisser si l’éducation veut être pour chaque enfant, un passeur d’espoir. C’est ainsi que l’An@é participe aux Deuxièmes Assises nationales de la médiation numérique les 16 et 17 octobre organisées par le Conseil Général 33 en Gironde.
Jacques Puyou
Secrétaire national de l’An@é