Paris – Publié le mardi 23 décembre 2014 à 16 h 38 – Actualité n° 30474 « Je suis un peu étonnée par cette mesure. La volonté de départ est louable – faire réussir les bacheliers professionnels dans l’enseignement supérieur -, mais le bac professionnel ne va pas jouer à égalité avec les autres baccalauréats. On ne laisse pas à la politique des quotas le temps de s’exprimer », estime Sandrine Doucet, députée (groupe socialiste) de la Gironde, au sujet de la mission sur la mise en place d’une filière professionnelle post-bac confiée par Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à Christian Lerminiaux, administrateur provisoire de Chimie ParisTech.
Pour mémoire, Sandrine Doucet a présenté le 28/10/2014 un rapport sur la rénovation des formations technologiques courtes (IUT et STS), dans le cadre du PLF 2015, au nom de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale. Accès au site de Sandrine Doucet
La mission vise à examiner les conditions de mise en place d’une filière professionnelle post-bac pour lui donner une plus grande visibilité et l’ouvrir aux bacheliers professionnels, technologiques et généraux.
Cette nouvelle filière doit permettre, notamment aux bacheliers professionnels, d’accéder à un diplôme de niveau 3 jusqu’à des formations plus longues, grâce à des passerelles vers les masters ou écoles d’ingénieurs. Cette voie nouvelle aurait également vocation à accueillir des bacs pros déjà engagés dans la vie active et voulant compléter ou améliorer leurs qualifications et compétences en formation continue.
« La politique des quotas commençait à marquer des points » (Sandrine Doucet)
« Le bac professionnel ne va pas jouer à égalité avec les autres baccalauréats »
- « Je suis un peu étonnée par cette mesure. La volonté de départ est louable – faire réussir les bacheliers professionnels dans l’enseignement supérieur -, mais le bac professionnel ne va pas jouer à égalité avec les autres baccalauréats. On ne laisse pas à la politique des quotas le temps de s’exprimer. On ne tient pas compte non plus des expériences pédagogiques menées dans les établissements comme les passerelles, les échanges entre enseignants, les juxtapositions pédagogiques entre lycées et STS pour mieux orienter les bacheliers professionnels.
- La politique des quotas commençait à marquer des points, avec 10 % de bacs pro supplémentaires en STS cette année. Il fallait donner encore une impulsion nationale assortie de moyens.
- Je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle de prévoir un examen spécial, avec une sortie par un brevet spécifique qui risque d’arrêter les carrières. Il n’y aura plus de politique d’égalité avec les BTS et DUT. »
« Si on agit à moyens constants, cela signifiera moins de places dans les STS »
- « Avec quels moyens va-t-on metttre en place cette mesure ? S’il n’y a pas de moyens supplémentaires, si on agit à moyens constants, cela signifiera moins de places dans les STS. C’est dommage car les BTS représentent une vraie voie de promotion sociale.
- Ce qui ressortait de mon rapport, c’est la bonne adaptation des BTS et DUT aux besoins de l’industrie, en particulier des PME, en raison de la remise à jour de ces diplômes via des commissions professionnelles consultatives. Ce constat pose la question de la pertinence d’un nouveau diplôme entre bac professionnel et BTS. »
« Il faudrait multiplier les dispositifs qui favorisent une meilleure orientation des bacs pro »
- « Cette mesure ne correspond pas aux conclusions de mon rapport ni à l’article de 33 de la loi du 22/07/2013 sur l’instauration de quotas pour accueillir davantage de bacs professionnels en STS et IUT. Il faudrait plutôt multiplier les dispositifs qui favorisent une meilleure orientation des bacs pro : bilans de compétences, passerelles entre lycées et STS et IUT, échanges de professeurs… »
« BTS et DUT permettent une vraie démocratisation »
- « Selon une étude du Céreq, entre 2004 et 2010, le taux d’emploi en CDI des BTS et DUT reste inchangé : 78 %. Ils accèdent à un emploi en moins de trois mois. Avec une licence professionnelle, le taux d’insertion est encore meilleur. Ces formations permettent une vraie démocratisation de l’enseignement supérieur : 43 % des diplômés de DUT sont boursiers, 37 % des titulaires d’un BTS sont issus de milieux défavorisés.
- Je crains que le BTS soit délaissé par les employeurs, ce sera moins coûteux de recruter des jeunes avec ce nouveau diplôme entre le bac et le BTS. Or les entreprises ont davantage besoin de main d’oeuvre en maîtrise qu’en exécution, ce qui correspond aux BTS et DUT. »