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Marcel Gauchet émet l’hypothèse que la seule possibilité aujourd’hui, pour les enseignants, est d’avoir recours aux pédagogies nouvelles [2] section française et le département sciences de l’éducation de l’université François Rabelais, s’est tenu à Tours les 19 et 20 novembre 2012.
Il a réuni des membres de l’AFIRSE et des militants d’associations fédérées par le CAPE (telles l’ICEM, le GFEN, les CRAP, l’AFL, les CEMEA… ), pour la plupart enseignants ou enseignants-chercheurs.
Sans attendre les suites et développements de ce séminaire (publications, séminaire élargi, colloque de l’ICEM à Epinal…), il est possible de repérer quelques axes forts qui se dégagent de ce premier échange :
 
 
· Si Marcel Gauchet[1] pense que la seule solution, pour les enseignants, consiste à “appliquer le programme de l’éducation nouvelle“, les participants du séminaire considèrent que si les principes de l’éducation nouvelle sont plus que jamais d’actualité et si les pédagogies nouvelles ont fait la preuve de leur pertinence, il convient d’évaluer les “conditions“ dans lesquelles elles pourraient se développer.
 
· Le projet pour l’Ecole est indissolublement lié au projet de société. L’Ecole de la République doit être engagée dans la formation des citoyens (ce qui est autre chose que la formation à la citoyenneté).
 
· La généralisation de méthodes ou de démarches repérées dans les pédagogies nouvelles, sans tenir compte du contexte auquel elles s’intègrent, pourrait fort bien se révéler contre-productive. Le processus d’institutionnalisation est toujours un processus de dégénérescence des formes[2]. Ce sont des équipes ou des collectifs d’enseignants qui peuvent se saisir d’outils pertinents, et pour cela l’organisation éducation nationale — en favorisant le niveau des équipes et le niveau de l’établissement — doit rendre aux enseignants une capacité d’initiative qu’ils ont largement perdue.
 
· C’est donc en termes de formation (initiale et continue) des personnels que ces conditions se déclinent en partie. Que ce soit pour faciliter la formation (et l’animation) d’équipes, que ce soit pour leur donner des moyens quant à la formation des citoyens, les enseignants et éducateurs doivent être formés et entraînés à la conduite de réunion et à l’animation des groupes. Vis-à-vis de la mission de formation des citoyens, ils doivent pouvoir engager et encadrer une “pédagogie institutionnelle simple“, qui organise l’élaboration collective — par les élèves et les adultes, au niveau du groupe classe comme à celui de l’établissement — des règles de vie.
 
· Le mémoire d’un master, pour un futur enseignant (un futur éducateur, un futur formateur), devrait pouvoir prendre pour base une expérimentation encadrée d’éléments de pédagogies nouvelles.
 


[1] Conditions de l’éducation (Blais, Gauchet, Ottavi)Paris, Stock, 2008. Les mêmes auteurs ont publié en 2002 “Pour une philosophie politique de l’éducation“, Paris, Bayard.
[2] Sallaberry, Jean-Claude, Théorie de l’institution et articulation individuel-collectif, in Actualité de la théorie de l’institution, Paris, l’Harmattan 2004.


[2] Association Francophone Internationale de Recherche Scientifique en Education.
[4] Sallaberry, Jean-Claude, Théorie de l’institution et articulation individuel-collectif, in Actualité de la théorie de l’institution, Paris, l’Harmattan 2004.
 
 
 
(texte rédigé par Jean-Claude Sallaberry (AFIRSE), Bruno Chichignoud (CEMEA) et Olivier Francomme (ICEM) à partir de leurs notes)
Sallaberry Jean-Claude

Professeur émérite à l'université Montesquieu-Bordeaux IV.  Professeur de sciences physiques en lycée (20 ans), puis professeur des universités (sciences de l'éducation et science de la cognition) durant 20 ans, Directeur de l'IUFM d'Aquitaine pendant 7 ans 1/2.

Centrés sur une théorie des représentations, ses travaux explorent les phénomènes de la cognition et de la culture en modélisant l'articulation du niveau logique individuel et du niveau logique collectif.  Il publie notamment sur les thèmes “représentation et cognition“, “didactique des sciences“, “dynamique des groupes“, “théorie des système et théorie de l’institution“.

Co-rédacteur en chef de la revue L’Année de la recherche en sciences de l’éducation, il co-dirige, chez L’Harmattan, la collection “Cognition et Formation“.