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PRISME (PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs) 
est une association qui asso­cie l’ensemble des acteurs des ter­ri­toires (col­lec­ti­vités ter­ri­to­riales, asso­cia­tions, pro­fes­sionnels, familles …) en vue de pro­mouvoir la démarche de projet éducatif global et ter­ri­toires apprenants.  Voir le site
PRISME fêtera son 30ème anniversaire le mercredi 10 avril au CNAM à Paris.
A cette occasion, cette association publie un article de Pierre Frackowiak sur la refondation où il est question du numérique et du territoire, un thème sur lequel nous sommes sensibles et attentifs à l’An@é.Voir notamment les dossiers "Education et Territoires" et "Les élus, acteurs des territoires éducatifs".
 
Sur la refondation, Pierre Frackowiak a publié de nombreux articles sur Educavox, dont ceux qu’on peut retrouver dans les dossiers concernant la refondation depuis le projet "Refonder l’école", "Parlons-en" "Les chroniques de la refondation", jusqu’à la "Refondation, mise en oeuvre et débats".
 
 
Voici l’article publié sur PRISME : 
 
"Le fait est que la refon­dation de l’école est un pari gigan­tesque si l’on veut réel­lement répondre aux enjeux de la société pour les 20 ou 30 ans qui viennent. Elle pro­voque toutes les réac­tions pos­sibles et ima­gi­nables sur l’ensemble de l’éventail de la société, des pires conser­va­teurs aux pro­gres­sistes les plus auda­cieux, les cli­vages entre les uns et les autres ne cor­res­pondant pas à ceux du paysage poli­tique. A l’occasion du débat engagé, on retrouve ceux qui per­sistent à pro­mouvoir le retour à un âge d’or qui n’a jamais existé, ceux qui déclarent que toutes les pro­po­si­tions sont insuf­fi­santes pour pouvoir les rejeter en appa­raissant révo­lu­tion­naires, ceux qui sont résignés depuis long­temps et s’appuient sur les échecs pré­cé­dents pour jus­tifier leur immo­bi­lisme, ceux qui fonc­tionnent en fonc­tion­naires qui ne pensent pas et exé­cutent, les « yaqua­tistes » et les « aquoibonnistes ».
 
La refon­dation est pourtant indis­pen­sable. Une vraie refon­dation et non un replâ­trage, un rava­lement de façade, une répa­ration des éléments les plus abimés. 
 
Le modèle « Jules Ferry » est à bout de souffle depuis les années 1960, et malgré toutes les réformes accu­mulées depuis 1969, le nouveau modèle pour la société de la connais­sance et de la com­mu­ni­cation du 21ème siècle tarde à voir le jour. Les mou­ve­ments péda­go­giques, les projets de Jean Zay et de Lan­gevin Wallon, la réno­vation péda­go­gique des années 1970, l’arrivée de la gauche et d’Alain Savary en 1981, la loi Jospin en 1989 n’ont pas réussi à changer fon­da­men­ta­lement l’école alors qu’autour d’elle, tout a changé à une vitesse ver­ti­gi­neuse : les enfants, les savoirs, la vie ! Le mou­vement pour le progrès qui avait trans­cendé les alter­nances élec­to­rales, a même été bru­ta­lement stoppé par les poli­tiques régres­sives imposées depuis une dizaine d’années et plus par­ti­cu­liè­rement de 2007 à 2012. Même les efforts de la droite au pouvoir de 1969 à 1981 ont été balayés d’un revers de main par les amis de ceux qui les avaient réa­lisés au nom de la faillite annoncée du système vieillissant, comme les avancées de la gauche avec la loi de 1989, ont été aban­données par leurs ini­tia­teurs et leurs amis.
 
On peut effec­ti­vement douter de la pos­si­bilité de changer ce système sclérosé, de faire bouger sa pyramide écra­sante, de modifier en pro­fondeur les struc­tures, les contenus et les pra­tiques. A nouveau, les bonnes inten­tions affi­chées depuis mai 2012 se heurtent à une quantité d’obstacles, tirs de barrage ou brûlots dis­sé­minés pour détourner l’attention des citoyens des pro­blèmes de fond liés à l’avenir de la société.
 
On peut aussi, et en toute bonne foi, penser qu’il est impos­sible de changer l’école sans avoir engagé un chan­gement de société, sans avoir construit de nou­veaux modes de fonc­tion­nement des ins­ti­tu­tions et de l’Etat, sans avoir redonné du sens à la démo­cratie, sans avoir réduit le pouvoir des experts au profit des acteurs de terrain, sans avoir redéfini la place des citoyens dans la vie de la Nation et du territoire.
Mais aucun argument pour l’abandon, la démission, la renon­ciation, ne vaut face à l’ampleur des pro­blèmes qui se posent à la société d’aujourd’hui. L’école doit être refondée, avec de nou­velles fina­lités, de nou­veaux contenus, de nou­velles pra­tiques, de nou­velles orga­ni­sa­tions, de nou­veaux rap­ports humains, un nouveau climat. L’école doit valo­riser, opti­miser, déve­lopper, ren­forcer, faire et donner confiance, per­mettre, favo­riser, plutôt que sélec­tionner, exclure, régle­menter, régi­menter, contrôler, sanc­tionner. Faute d’ascenseur social et de plein emploi, elle doit tout mettre en œuvre pour per­mettre à chacun d’exercer serei­nement ses res­pon­sa­bi­lités dans tous les domaines, pour « faire société » pour reprendre le beau projet de la Ligue de l’Enseignement, pour mieux vivre ensemble.
 
Les dif­fi­cultés à mettre en place la refon­dation annoncée sont sans doute dues à des erreurs de ses res­pon­sables. Il est dif­ficile d’admettre par exemple que pour un projet d’une telle ampleur, on n’ait pas porté les débats de fond au niveau de l’ensemble des citoyens alors qu’une refon­dation de l’école les concerne tous. Il est aussi dif­ficile de com­prendre que l’on ait imposé la conti­nuité des poli­tiques pré­cé­dentes à la rentrée, même celles qui avaient été una­ni­mement condamnées, comme les pro­grammes de 2008, l’aide per­son­na­lisée, l’animation péda­go­gique, l’évaluationnite aigue, alors que chacun sait que le ministre tra­vaillait sur ces ques­tions depuis des années en lien avec le groupe des experts du PS.
 
Il est également dif­ficile de com­prendre que l’on ait pu tolérer que les ensei­gnants de base dans les écoles n’aient pas entendu parler de la refon­dation depuis la rentrée – conti­nuité ! – et qu’aujourd’hui, six mois après la rentrée, un vent de panique s’empare de la hié­rarchie inter­mé­diaire qui demande à ces mêmes ensei­gnants de se faire les pro­mo­teurs d’une opé­ration pour laquelle ils n’ont pas été consultés.
 
L’un de mes nom­breux cor­res­pon­dants s’emporte et je le comprends :
« Gauche ou droite, nous ne sommes plus consi­dérés que comme de pauvres et vul­gaires enton­noirs dans les­quels déverser la bonne parole que nous n’avons plus qu’à répéter ! Pathé­tique la demande de nos DASEN de "dif­fuser mas­si­vement" les flyers publi­ci­taires (hélas, ils sont publi­ci­taires…) sur les nou­veaux rythmes… alors qu’ils n’ont pas pris la peine de nous donner une minute pour sim­plement nous INFORMER sur leur contenu. C’est à hurler ! Je crois que la coupure avec la hié­rarchie va dura­blement para­siter toute ten­tative de refondation. »
 
Comment refonder l’école en ne chan­geant que la durée de la journée sco­laire, en laissant 45 minutes pour des acti­vités non sco­laires, en ajoutant des moyens, certes, mais en annonçant la suite, le reste, l’essentiel sans doute, pour plus tard ?
 
Incon­tes­ta­blement, la droite au pouvoir a fait preuve, en 2007/​2008, de beaucoup plus d’audace, en imposant bru­ta­lement, sans la moindre concer­tation, un projet cohérent dans une pers­pective idéo­lo­gique évidente, l’ultra libé­ra­lisme auto­ri­taire, qui n’avait pourtant fait l’objet d’aucun débat citoyen, alors que, dans son sein même, les posi­tions sur ce choix idéo­lo­gique étaient et sont tou­jours diver­gentes entre ceux qui, sous les restes de l’influence du gaul­lisme, restent attachés au rôle de l’Etat, au concept de service public, à une forme de démo­cratie par­ti­ci­pative et ceux qui veulent l’exacerbation de l’élitisme et de la com­pé­tition entre les enfants, les adultes, les établis­se­ments, le pouvoir aux experts et aux puis­sants, et, en fin de compte, la des­truction de l’école répu­bli­caine française.
 
On me dit souvent que j’ai tort de foca­liser mes réflexions sur la période 2007/​2012 et que le mal est beaucoup plus profond, plus ancien, et que les res­pon­sa­bi­lités de la dégra­dation de l’école sont lar­gement partagées.
 
Je reconnais que la remarque est juste. Si j’insiste autant, dans tous mes écrits, sur cette période de 5 années, c’est qu’elle aura été par­ti­cu­liè­rement dra­ma­tique : baisse des résultats des élèves, des­truction du climat au sein de la com­mu­nauté éducative, baisse de la confiance, régression sys­té­ma­tisée des ambi­tions sociales, décou­ra­gement des ensei­gnants, ren­for­cement de l’autoritarisme et donc, affai­blis­sement de la démo­cratie, menaces de déve­lop­pement du « home schooling », du « tea­ching for testing » (les mots anglais étant conservés à dessein), de la création d’écoles privées non confes­sion­nelles sur projet péda­go­gique, de l’attrait de l’enseignement privé catholique.
 
Nous sommes dans une situation qua­siment bloquée, plutôt déses­pé­rante pour les hommes de progrès. La refon­dation est en dif­fi­culté. Si elle par­vient à être mise en place, elle risque fort d’être très édul­corée, de se situer davantage dans la répa­ration que dans la refon­dation, et donc d’être très en deçà des rêves et des projets des péda­gogues. Si elle échoue comme on peut le craindre sans exa­gérer, il est plus que pro­bable que notre école sera condamnée et qu’elle ne par­viendra jamais à atteindre les objectifs que la gauche, et au-​​delà, les huma­nistes, les démo­crates, avaient rêvés. L’école plus démo­cra­tique, plus per­for­mante, plus géné­reuse, plus humaine dans une société plus juste, plus soli­daire et plus moderne risque fort de n’être qu’un rêve ou un mirage.
 
Si, de plus, la for­mation des ensei­gnants se réduit à la res­tau­ration de la for­mation telle qu’elle était avant sa des­truction, la priorité donnée aux contenus dis­ci­pli­naires clas­siques sous l’égide tota­li­taire de l’université, l’impasse sur des savoirs dont on peut penser qu’ils sont aujourd’hui indis­pen­sables à tout ensei­gnant de l’école obli­ga­toire (péda­gogie, psy­cho­logie, socio­logie, his­toire de l’école et des dis­ci­plines sco­laires, phi­lo­sophie…), la stag­nation sur le pro­blème jamais résolu de l’articulation théorie/​pratique feront que les ensei­gnants, comme c’est le cas avec les der­nières géné­ra­tions, n’entendront guère parler de Freinet, des péda­gogies actives, des mou­ve­ments péda­go­giques, de la place de l’élève dans le système, et ne seront pas mobi­lisés pour par­ti­ciper à une hypo­thé­tique refon­dation. Or, une refon­dation ne peut pas se faire sans eux et encore moins contre eux.
 
Dans un contexte aussi inquiétant, et si aucune décision forte n’est prise entre l’écriture de ce texte et sa publi­cation défi­nitive, on peut s’interroger sur les moyens de remettre le projet en chantier.
 
Il y a pourtant au moins deux leviers qui, bien uti­lisés, sont de nature à rendre la refon­dation qua­siment indis­pen­sable et inéluctable.
 
Le premier est le numérique.
 
J’ai souvent traité cette question sur le site edu​cavox​.fr (dos­siers thé­ma­tiques) et sur le site de Phi­lippe Meirieu (meirieu​.com. rubrique forum).
 
Un levier déter­minant, à une condition au moins, c’est que l’on ne l’utilise pas pour conforter et égayer les pra­tiques tra­di­tion­nelles (le cours et le moyen d’illustrer le cours pour « faire moderne »), mais que l’on conduise les ensei­gnants à en exploiter toutes les potentialités :
 
· inverser le dérou­lement du cours en partant des recherches des élèves sur une question, un pro­blème, un sujet, et en exploitant leurs savoirs et leurs représentations,
 
· réduire le temps d’enseignement col­lectif frontal en grand groupe et déve­lopper les travaux en équipes, en ateliers,
 
· uti­liser les pos­si­bi­lités de la machine pour garder des traces de leurs tâton­ne­ments, de leurs démarches, des pro­cé­dures uti­lisées, afin de pouvoir les com­parer et garantir un travail sur la méthode, sur la fabri­cation d’outils mentaux (pour reprendre une expression de Phi­lippe Meirieu), simul­ta­nément au travail de construction des connais­sances et des compétences
 
· exploiter les com­pé­tences des élèves, acquises hors de l’école sans for­mation for­melle, dans la maî­trise des tech­no­logies nou­velles. On s’émerveille devant la dex­térité des enfants à uti­liser toutes les machines de plus en plus sophis­ti­quées et les réseaux qu’elles per­mettent de fré­quenter, et on se sait pas uti­liser cette richesse.
 
L’autre dimension du numé­rique est l’accès aux savoirs du monde. André Giordan explique fort bien le déve­lop­pement expo­nentiel des savoirs de l’humanité et le pro­blème de la place des dis­ci­plines sco­laires clas­siques jux­ta­posés, dans cette immensité.
 
Comme Edgar Morin, il plaide pour un chan­gement des savoirs sco­laires, pour davantage de glo­balité et de trans­ver­salité, pour per­mettre aux élèves de com­prendre le monde qui les entoure et d’agir en res­pon­sables dans ce monde, au lieu de sédi­menter à court terme des savoirs dans la pers­pective des contrôles et des examens, savoirs éton­namment perdus à brève échéance et fai­blement réin­vestis. Le numé­rique et l’accès à l’universel qu’il permet, imposent une redé­fi­nition des fina­lités et une nou­velle conception des pro­grammes. Même les milieux les plus réac­tion­naires et les lobbies les plus cor­po­ra­tistes se trouvent démunis face à ces argu­ments. Il est tel­lement logique que l’école n’a pas le droit d’ignorer l’explosion des savoirs du monde et l’extraordinaire facilité d’y accéder, hors de l’école ! Vincent Peillon a, pour l’heure, fui la question des pro­grammes sco­laires, acceptant une conti­nuité incom­pré­hen­sible des pro­grammes débiles de 2008, reportant la réso­lution du pro­blème à plus tard, par un conseil national qui sera très majo­ri­tai­rement composé d’universitaires dis­ci­pli­naires clas­siques, confor­mément à la grande tra­dition fran­çaise. Pourtant changer le temps sco­laire imposait logi­quement un chan­gement des contenus…
 
Le second levier est le territoire
 
PRISME a beaucoup tra­vaillé sur cette question et son site est une mine incom­pa­rable pour tous ceux qui s’intéressent à la notion de projet éducatif global de territoire.
 
D’une cer­taine manière, ce levier est lié au pré­cédent, le numé­rique. On le sait bien, ce sont les col­lec­ti­vités ter­ri­to­riales qui financent en grande partie, en totalité souvent, les équi­pe­ments numé­riques et leur main­te­nance. Ce sont des équi­pe­ments coûteux. La dépense publique des com­munes, conseils généraux, conseils régionaux, dans ce domaine, n’a plus la moindre commune mesure avec ce qu’elle était durant toute la période du système Jules Ferry. Les pupitres en chêne étaient éternels, les pupitres infor­ma­tiques ont une durée de vie brève.
 
Il va devenir tota­lement incon­ce­vable que les col­lec­ti­vités, démo­cra­ti­quement élues par le peuple, conti­nuent de dépenser des sommes aussi impor­tantes sans avoir la pos­si­bilité de par­ti­ciper à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des projets éducatifs. Je n’ignore pas qu’il s’agit là d’un pro­blème très délicat.
 
On se heurte aux ques­tions d’inégalités ter­ri­to­riales, de choix poli­tiques variables et parfois remis en cause au gré des alter­nances élec­to­rales, de la redé­fi­nition indis­pen­sable du rôle de l’Etat avec une grande exi­gence sur les fina­lités et une sou­plesse mesurée sur les pro­grammes.
 
L’immixtion des élus dans le domaine de l’éducation en France a tou­jours été un sujet tabou, la crainte légitime des ensei­gnants est évidente : il n’appartient aux pou­voirs poli­tiques locaux de définir des objectifs et des méthodes. Mais, sous cer­taines condi­tions et sans aller jusqu’au principe libéral « qui paie décide », il ne serait pas cho­quant pour un démo­crate d’admettre qu’un élu sache si l’investissement décidé sert à conforter des pra­tiques obso­lètes, à faire bien dans le décor avant d’être rangé dans les pla­cards, s’il est utilisé que une heure ou six heures par jour, voire au-​​delà dans des établis­se­ments ouverts à d’autres publics hors temps sco­laire. Certes, il faut tou­jours que les ensei­gnants soient pro­tégés (et sti­mulés) par l’Etat mais ils ne peuvent pas être tri­bu­taires des aléas de la carte élec­torale des ter­ri­toires. Sans doute faudra-​​t-​​il redé­finir aussi le rôle des hié­rar­chies inter­mé­diaires par rapport une vision néces­sai­rement plus globale de l’éducation, inté­grant le formel, le non formel et l’informel.
 
Il est pos­sible de trouver des solu­tions sages, en étant per­suadé que le scolaro cen­trisme tra­di­tionnel est aujourd’hui périmé pour une foule de raisons.
L’information par­tagée entre tous les par­te­naires de la com­mu­nauté éducative, la concer­tation démo­cra­tique, la culture de la co construction de projets ont déjà fait leurs preuves sur des ter­ri­toires où les idées pro­gres­sistes ont réussi à s’imposer, sur des sites où PRISME  a accom­pagné des projets.
 
La solution se trouve à la fois dans le projet éducatif de ter­ri­toire centré sur des fina­lités com­munes aux dif­fé­rents inter­ve­nants (sco­laires et non sco­laires) et dans la trans­for­mation des établis­se­ments sco­laires en « maisons des savoirs et de l’éducation tout au long de la vie » (magni­fique idée portée par la Ligue de l’Enseignement). Le PEdT n’a pas de sens si les établis­se­ments ne changent pas, ne s’ouvrent pas, ne per­mettent pas les échanges de savoir, ne dif­fusent pas la culture de la connais­sance, le goût d’apprendre à tout âge, ne favo­risent pas les acti­vités trans­gé­né­ra­tion­nelles ; La seule somme des acti­vités diverses jux­ta­posées, cloi­sonnées, « ne fait pas projet » et ne fera jamais projet.
 
La refon­dation est donc néces­sai­rement globale
 
 Il ne peut y avoir de refon­dation si l’on com­mence par « des petits bouts », pro­mettant les déci­sions fon­da­men­tales, qui, elles, sont néces­sai­rement déter­mi­nantes, pour plus tard, quand toutes sortes de conseils supé­rieurs par­vien­dront mira­cu­leu­sement à s’extraire des sacro saintes dis­ci­plines sco­laires pour donner des instructions.
 
Il faut repenser le système com­plè­tement : fina­lités, pro­grammes, struc­tures, orga­ni­sation, fonc­tion­nement des établis­se­ments, méthodes, évaluation, for­mation des ensei­gnants construite pour fabriquer une nou­velle école et non pour repro­duire en l’améliorant sur les marges, le système inventé pour un projet caduque… Un ensemble cohérent. Un grand projet réso­lument neuf.
 
Il faut aussi mobi­liser toute la popu­lation, mobi­liser tous les citoyens, mobi­liser la Nation pour une poli­tique réso­lument nou­velle. Les habi­tants du quartier, du village, leurs asso­cia­tions doivent retourner à l’école et imposer la refon­dation à la base, sans attendre les ordres, les consignes, les contraintes, les power points et les machines à cases, qui des­cendent du haut de la pyramide par les tuyaux d’orgue à peine dépous­siérés aux endroits les plus visibles.
 
La refon­dation a été annoncée, elle est lancée. Répondra-​​t-​​elle aux enjeux du futur ?
 
Sou­haitons que PRISME continue à observer, à pro­poser, à fournir les éléments néces­saires à la mobi­li­sation de l’intelligence col­lective pour construire l’école du futur".
 
 
Pierre Fra­ckowiak
Ins­pecteur hono­raire de l’Education Nationale
Admi­nis­trateur national de la Ligue de l’Enseignement
 
 
Co-​​auteur avec Phi­lippe Meirieu de « L’éducation peut-​​elle être encore au cœur d’un projet de société ? ». Edi­tions de l’Aube. Mai 2008. Réédition en format de poche, octobre 2009
 
Auteur d’une contri­bution dans l’ouvrage « Construire des pra­tiques éduca­tives locales » sous la direction de Vincent Berthet et Lau­rence Fillaud-​​Jirari. Edi­tions La chro­nique sociale. Juillet 2008.
 
Auteur de « Pour une école du futur. Du neuf et du courage » Préface de Phi­lippe Meirieu. Edi­tions La chro­nique sociale. Lyon. Sep­tembre 2009
 
Auteur de « La place de l’élève à l’école ». Edi­tions La chro­nique sociale. Lyon. Janvier 2010.
 
Auteur d’une contri­bution dans l’ouvrage « Les enfants au carré ? Une pré­vention qui ne tourne pas rond » du col­lectif Pas de 0 de conduite, aux éditions Erès. Mai 2011.
 
Auteur de tri­bunes, ana­lyses, sur les sites « edu​cavox​.fr », « meirieu​.com »
Auteur de : « L’école. En rire, en pleurer, en rêver ». avec les BD de Jacques Risso. Préface : André Giordan Post face : Phi­lippe Meirieu. Edi­tions Chro­nique Sociale. Décembre 2012
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