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La place des Technologies de l’Information et de la Communication dans les territoires : quel rôle doivent-elles jouer ? Quelle influence ont-elles sur notre avenir ?
Nous ne devons jamais oublier ce que ces technologies nommées numériques que je décline au pluriel apportent comme extraordinaire invitation aux contacts, aux partages, aux mutualisations s’adressant aux communautés, aux groupes, à la société tout entière donc à l’individu comme au collectif. Avec la multiplication exponentielle des informations, des services, des idées, des données, des idéologies et des stratégies, l’intelligence collective est potentiellement disponible pour tous.
 
Organiser les numériques dans un territoire, un pays, une région, un département, une ville, une nation, un Etat, c’est faire œuvre de stratèges, de géomètres et de bâtisseurs. Il n’est pas innocent que les premiers grands réseaux aient pris symboliquement comme dénomination, « autoroutes de l’information ».
 
Les « territoires des numériques » sont dématérialisés, transversaux, rapides et d’une fluidité difficile à déjouer. Ils sont sans frontières. Il n’est donc pas facile, pour les décideurs publics et privés des « territoires géographiques », délimités par des démarcations administratives ou historiques de s’adapter à cette virtualité. Mais cela est néanmoins primordial.
 
Structurellement les numériques sont devenus, avec la mobilité débridée, avec la multiplication des écrans tactiles, avec la facilité objective d’étudier, de commercer, de se soigner, de produire, de surveiller, la voie la plus facile pour que chacun d’entre nous, dans notre civilisation numérique en constitution inexorable, devienne un citoyen numérique libre. Egalité et Fraternité devraient être également accessibles à condition de rester attentif et volontaire !
 
Le rôle des numériques.
 
Qui dit rôle des numériques, dit responsabilité et implication. L’écosystème numérique n’en manque pas.
L’écosystème numérique – les réseaux avec satellites, câbles et sans fil, les serveurs comme carrefours de stockage, les logiciels comme moteurs de recherche, les terminaux avec écrans, contenus et services et les comportements des citoyens numériques – nous responsabilise car nous sommes à la fois spectateurs, acteurs, producteurs et réalisateurs de la « représentation numérique » qui se joue sur notre planète. Son immersion dans tous les secteurs de notre vie le place au centre et au cœur des évolutions donc des changements de la société.
Cet écosystème està la fois la cause des changements, la reformulation et la reconstruction de la société avec de nouveaux équilibres qu’il faut accompagner et non nier.
Il est un protagoniste éclairé au sens où il utilise en symbiose des innovations, des créations, des financements, des émotions et de l’idéologie. Cette matrice mondiale s’appuie sur des valeurs comme l’ordre, le partage, la liberté, la solidarité, le progrès. Elle touche directement l’économie et le pouvoir. Elle doit être maitrisée par les forces vives de la société.
 
Le rôle des numériques, constructeurs d’une société en évolution, nous oblige à être toujours éveillés aux nouveautés, toujours aux aguets pour rassurer des professionnels dont le statut et leurs savoirs sont remis en cause.
 
Nous devons aider à l’émergence des nouveaux « Hussards de la mondialisation numérique »ayant comme rôle de conduire les individus dans l’accélération de l’évolution numérique. Ils ont le même rôle que les « Hussards noirs de la République » de la 3ème République pour l’élaboration de l’école ou les animateurs socioculturels des années 1950, pour faire accepter les mutations dues au transfert de millions de gens entre la campagne et la ville.
 
Les influences des numériques
 
Qui dit influences des numériques, dit efficacité, ascendance, autorité, séduction, force, enchantement mais aussi manipulation, supériorité et endoctrinement.
Notre futur, notre destinée, sont bien en phase avec cette matrice dont on voit bien qu’elle est une organisation technique et un système cohérent en développement tout en touchant essentiellement la société des femmes et des hommes, à tout moment. Ses influences seront toujours culturelles, politiques, idéologiques, de plus en plus liées au travail, à la production d’objets à distance, à la médecine. Elles toucheront particulièrement au vieillissement des populations et aux énergies anciennes ou nouvelles. Le couple « numériques – énergies » est un couple d’avenir, sans doute révolutionnaire au sens novateur.
 
Nous resterons acteur actif en étant maitre de notre environnement immédiat ou lointain même si les réalités géopolitiques sont dures et contraignantes. Nos « doudous numériques », de plus en plus intégrés à notre parcours de vie professionnel et personnel, nous permettront d’être dialectiquement à la fois sous influences et émetteur d’influences. Ils nous mettent en valeur.
Prendre acte de l’ensemble des capacités de notre civilisation numérique tout en restant lucide, permet d’intégrer l’ensemble des dimensions disponibles de notre univers mental et des réalités sociétales pour mieux les dominer et en garder le meilleur.
 
Les décideurs de nos territoires devraient s’approprier cette donne d’avenir qui se construit aujourd’hui.
Certains l’ont comprise et intègrent, par exemple, le très haut débit et les services afférents comme données premières du développement économique. Ils ont raison. D’autres ne devraient pas considérer leur territoire comme s’ils géraient une bastide des temps anciens, à l’abri de l’ennemi.
 
Sans doute une stratégie d’union et d’accord des territoires devant l’évolution numérique et ses secteurs d’avenir comme les énergies, l’éducation ou la santé, serait la bienvenue pour le bien de tous.
 
S’occuper des numériques c’est faire de la politique au service de la citoyenneté en intégrant la complexité des techniques, les pratiques sociales, les réalités économiques et les enjeux de la démocratie. C’est tout à fait jouable !
 
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 Citoyen numérique
Article publié dans la Revue trimestrielle de l’ARCEP
N° 9 de décembre 2012 Territoires numériques
Dernière modification le vendredi, 03 octobre 2014
Desvergne Marcel

Vice-président de l’An@é, responsable associatif accompagnant le développement numérique. Directeur du CREPAC d'Aquitaine,  Délégué général du Réseau international des universités d'été de la communication de 1980 à 2004, Délégué général du CI’NUM -Entretiens des civilisations numériques de 2005 à 2007, Président d’Aquitaine Europe Communication jusqu’en 2012. Président ALIMSO jusqu’en 2017, Secrétaire général de l’Institut du Goût de la Nouvelle-Aquitaine.