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La réforme des rythmes scolaires lancée par le gouvernement et le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon est sur le point d’aboutir, d’ici quelques jours, avec la publication du décret portant l’architecture de la nouvelle semaine scolaire.

La concertation nationale initiée depuis juillet 2012 a permis d’entendre de nombreux points de vue , souvent, reconnaissons-le, divergents quant à la manière de supprimer la semaine de 4 jours alors qu’un consensus s’était dessiné contre la mesure de M.Darcos.

Véritable serpent de mer depuis plus de 30 ans, cette réforme est aujourd’hui à portée de mains et risque en même temps de s’enliser devant de multiples oppositions.

Les enseignants et les syndicats directement concernés par la modification de la semaine et de la journée ont émis de larges critiques contre le projet de décret pour l’heure encore « non stabilisé », souhaitant en particulier obtenir « des compensations pédagogiques ( sur les 108h et l’APC notamment) et financières ».

Les parents et associations de parents d’élèves semblent, pour l’heure, assez circonspects sur les modalités d’organisation de la nouvelle semaine considérant que le décret ne va pas assez loin au regard sa dimension éducative.
Enfin les collectivités sont encore, à la date d’aujourd’hui, inquiètes de l’élargissement du temps périscolaire qui leur reviendrait à charge malgré le fond d’amorçage de la réforme.

Dans ce contexte, le projet de décret a vécu quelques vicissitudes recueillant une majorité d’abstentions et de votes contre lors de son examen au Conseil Supérieur de l’Education et a été rejeté au Comité technique ministériel suivant.
Malgré tout, la réforme lancée par Vincent Peillon, dès le premier jour de sa prise de fonction, ne parait pas être en mesure d’être stoppée même si le Ministre devra peut-être changer de tactique et solliciter de vrais moyens.

Il lui faudra dans un premier temps convaincre davantage les enseignants et leurs représentants même si le consensus reste impossible avec quelques un d’entre- eux qui ont affiché, dès le début de la concertation, une vive hostilité à une possible « territorialisation de l’école ».

Pour autant les revendications des organisations syndicales mériteraient d’être entendues considérant la difficulté des maitres du primaire à enseigner depuis 10 ans dans de bonnes conditions.

L’expérimentation faite à Lomme permet par exemple une contrepartie pour les enseignants retravaillant le mercredi matin, étant libérés deux demi –journées. A défaut de pouvoir compenser financièrement les conséquences de la réforme, le compromis autour du temps de travail peut être une solution envisagée pour sortir de l’impasse avant une mobilisation des enseignants. Cette solution mérite de plus de penser globalement tout le temps passé à l’école en articulant les temps scolaires et périscolaires.

Du côté des parents d’élèves et de la FCPE la situation parait moins tendue et plus ouverte.M.Hazan , Président de la FCPE qui s’est abstenu lors du vote du CSE, souhaite une réforme qualitative prenant en compte d’abord et avant tout l’intérêt des enfants et des élèves.

Dans ces conditions la souplesse laissée par le décret autour de l’organisation du temps passé à l’école, scolaire et périscolaire compris, peut donner quelques garanties localement aux parents. Ceux-ci seront évidemment, comme ils le souhaitent, concertés notamment pour toutes les communes qui se déclarent prêtes pour septembre 2013.

Pour autant, la viabilité de la réforme ne pourra se faire, à terme, sans que les inégalités éducatives ne se réduisent alors que le rapport d’investissement éducatif des communes reste de 1 à 10. Les maires des communes rurales et les familles habitant ces zones moins denses doivent certainement être davantage aidés que des communes déjà mieux dotées. Le fond d’aide devrait être fléché vers ces territoires ainsi que sur les villes touchant la DSU.
Sur le terrain des collectivités, l’attentisme reste, malgré la prise de décision de quelques grandes villes, très largement partagé.

Deux problèmes majeurs se télescopent pour les communes :

Le premier lié au manque de temps que suppose la construction d’un véritable projet éducatif de territoire avec l’évaluation précise de ses conséquences financières sur les budgets municipaux. Il faut donner du temps à la réforme et inscrire celle dans la durée considérant que le ton est d’ores et déjà donné.

Le second concerne la date butoir de prise de décision affichée pour l’heure au premier mars. A cette date les communes auront dû délibérer pour afficher leur position sans que le temps leur soit en définitive donné pour statuer dans de bonnes conditions après la nécessaire concertation locale.

Dans ces conditions, il parait judicieux d’abandonner cette date butoir pour inciter au contraire toutes les communes ou regroupement de communes de s’atteler aux discussions avec l’éducation nationale et les parents d’élèves sans délai. Affranchi de ce couperet qui les met sous une inutile pression politique, les communes pourront partir à la consultation et à la fabrique de projets, dans un cadre national garanti par l’état.

Crédit photo : JRBrousse, An@é
Dernière modification le lundi, 30 mai 2016
Caremelle Olivier

Enseignant et militant pour la promotion du service public d’éducation. Adjoint au maire de Lomme, délégué à la culture et au projet éducatif global.