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Dans les établissements scolaires, les attraits de l’information et de la communication provoquent des débats. Enseignants d’une part, élèves d’autre part, chacun est sollicité par la variété et le nombre de moyens techniques, mais aussi de contenus. Tout cela invite à réfléchir aux priorités et demande de « savoir où donner de la tête ».

De l’intérieur vers l’extérieur et inversement, les propositions sont multiples et variées, mais il peut arriver que cela tourne à la saturation D’une part il faut se faire connaître et communiquer : réseaux sociaux, sites web, ent, et autres mail. La multiplication des propositions confine bientôt à l’embouteillage…

 


D’autre part il faut organiser les sources d’information dont a besoin l’établissement et chacun de ses membres, professeurs, élèves, personnels…. Là encore la profusion de sources et de moyens de recherche et de veille comme les fils RSS, les réseaux sociaux (encore), les outils de curations, les logiciels de veille etc… donne le vertige et nécessite de plus en plus de connaissances. Enfin, il faut aussi développer une dynamique interne de circulation de l’information et de la communication qui aide réellement chacun dans son travail et qui rende vivant le réseau social (toujours) interne de l’établissement. Et cette circulation interne ne peut être vue et pensées sans référer aux deux autres en termes de continuité et de complémentarité.

 

La difficulté pour les responsables des établissements, tout comme pour chacun des acteurs est d’y voir clair et de s’y retrouver, d’autant plus que les modes, le plus souvent basées sur l’emploi de termes et expression au goût de nouveauté, se succèdent rapidement sans permettre d’y voir clair. Parmi celles-ci on peut y trouver les termes de « réseaux sociaux », de « web sémantique », de co-design », de « e-learning » etc…. sans compter les objets techniques, matériels et logiciels qui viennent compléter le tableau. Entre prise de distance nécessaire et importance stratégique d’être présent dans cet univers à un moment donné, il y a de quoi se questionner et débattre. L’inflation progressive de tous ces éléments incite à proposer une véritable réflexion méthodologique, stratégique et aussi philosophique. Faire face, ce n’est pas se plier ou refuser, c’est comprendre et développer un ensemble de démarches qui vont permettre de se situer : recherche d’image commerciale, souci d’efficacité, développement de l’efficience, innovation, conception de l’humain, du développement etc…

 

A titre d’exemple, la notion de « réseau social » s’impose en ce moment dans une littérature variée et particulièrement médiatisée. A lire certains textes à ce sujet, on s’aperçoit rapidement que nous avons encore une fois affaire à la sur-médiatisation d’une expression dont les réalités qu’elle signifie sont très divergentes. L’important n’est pas la précision du terme, mais l’efficacité de son emploi, en particulier auprès de décideurs peu au fait des choses. Ceci permet d’illusionner, de vendre, de passer un vernis de modernité plutôt que de rechercher un sens véritable, ancré dans la durée. Comment analyser ce phénomène si ce n’est en le ramenant au nombre d’abonnés de tel ou tel réseau social numérique très connu. On avait vécu la même chose avec les chats, avec MSN, avec second life, puis avec les blogs, il n’y a pas de raison que cela s’arrête…. et pourtant que deviennent ces propos si démesurés à l’aune de ce que la réalité en révèle le devenir ? Silence ! Nous oublions trop vite que nous rapidement les icônes que nous avons vénérées, mais sans le dire, bien sûr.

 

La récente mise en ligne de l’application de l’université de Stanford est un exemple de ce que l’on peut faire, au delà des modes. Sans forcément chercher à se placer sur tel ou tel réseau sur lequel il est de bon ton d’avoir une page, cette université à d’abord essayer d’être cohérente et d’offrir une offre complète de services en lien avec son activité. On le voit, il y a derrière cela une vision plus globale et stratégique qui dépasse largement l’idée d’un assemblage d’objets hétéroclites pour laisser place à un ensemble qui semble tenir la route. Ce qui est surtout à remarquer c’est l’articulation entre les différentes formes d’information communication qui peuvent permettre à une organisation d’accompagner la vie de ses membres et des publics qui peuvent être intéressés.

 

Nos établissements scolaires et universitaires devraient se souvenir de l’histoire, une histoire des technologies et qu’il faut s’y référer non seulement pour faire des choix mais surtout pour écrire l’avenir. A force de répondre aux sollicitations multiples on risque d’y perdre en identité au détriment d’un suivisme peu pertinent. En fait l’usage de certains réseaux sociaux (numériques) repose en priorité sur l’idée d’aller chercher le consommateur là où il est…. Encore faut il que les institutions d’enseignement se considèrent comme des commerçants ! Le danger est donc de considérer l’étudiant, le jeune comme un consommateur, en utilisant les dispositifs techniques qui en sont les porteurs. Le risque actuel (et la question du coût des études dans l’enseignement supérieur en témoigne) est que les technologies de l’information et de la communication ne soient le cheval de Troie de dessein inavoués mais bien plus puissants qu’on ne l’imagine.

 

Discerner, choisir, simplement réfléchir, sont des attitudes d’autant plus importantes que tout concours actuellement, dans le champ du numérique, mais plus généralement technologique et scientifique comme le déclarait Jacques Ellul au début des années 80) à nous limiter, à nous enfermer. La multiplication des sollicitations de toutes parts rencontre désormais une diffusion grand public qui fait des usagers de nouveaux partenaires bien plus redoutables dans leurs demandes que les simples sociétés qui conçoivent ces produits.

 

La question essentielle à se poser est celle des « flux ». Le numérique est un vecteur qui permet des flux dont la nature est déterminante pour la vie sociale.

 

Autrement dit ce n’est pas une mode contre une autre qu’il faut explorer, mais bien plutôt une philosophie et une politique d’information et de communication de l’établissement qui touche aussi bien l’organisation que la promotion, mais surtout que l’activité elle-même de l’établissement. A quoi sert un site web d’établissement qui ne porte en rien l’activité qui s’y déroule.

 

Ce qu’apportent les réseaux sociaux numériques c’est qu’ils facilitent grandement la « vie » numérique, la respiration, le pouls du coeur de l’activité, c’est pour cela qu’ils rencontrent un si grand succès. Encore faut-il savoir contextualiser ces nouveautés par rapport à ce que l’on vit au quotidien….

 

A suivre et à débattre sur le blog

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Devauchelle B

Chargé de mission TICE à l’université catholique de Lyon et professeur associé à l’université de Poitiers, département IME.