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Pour tout vous dire, je fatigue un peu….Entre : Les Edtech qui vont moderniser l’Ecole. Les libristes qui nous protègeront du Mal. Les éditeurs d’ENT si formidables que le Monde entier nous les arrache. Les méchants GAFAM qui vont nous voler nos données. Les DSI et leur pôle de développement (s’il existe encore). Les ESN (entreprises de services du numérique) qui travaillent pour l’Etat et les collectivités et qui manient astucieusement le concept de souveraineté si cher à leur chiffre d’affaires.

Chaque acteur a ses logiques propres.

Existe t-il une possibilité d’approche complémentaire et synergique, qui dépasserait les oppositions de principe pour répondre aux besoins des acteurs ? Ou chacun apporterait ce qu’il sait faire de mieux ? Et que ne sait pas faire aussi bien un autre ?

Et à quel moment les élèves et les enseignants (et les chefs d’établissements et les inspecteurs) seront-ils équipés de réels environnements (informatiques) qui leur donnent plus de pouvoir d’agir ?

Ne peut-on, de manière pragmatique et responsable, penser le sujet de la modernisation des systèmes d’information des EPLE (voire de l’EN) de manière à permettre à chacun de trouver sa juste place ?

En posant :

  • que la trajectoire est pour le moment “cloud”, les ENT et Sconet ayant donné le top départ il y a quelques années. ;

  • que le  Ministère de l'Education nationale ne fabrique pas ses véhicules, ni les collectivités les bâtiments et le mobilier qu’elles mettent à disposition des enseignants et des élèves ;

  • que les collectivités territoriales ont, de par la loi, des compétences dans le champ du numérique éducatif, qu’elles contribuent au service public d’éducation ;

  • qu’il faut distinguer entre les services numériques et l’infrastructure qui les héberge : une solution Libre peut être déployée sur AWS, Azure, OVH, Scaleway ou GCP et peu importe le fournisseur si cette application est correctement sécurisée et chiffrée..

  • qu’il y a des terminaux, et donc des habitudes liées à leur utilisation et des adhérences assez fortes entre les OS qui les animent et les services auxquels ils permettent d’accéder.

  • qu’il n’y a peut-être pas UNE solution mais plusieurs (comme d’ailleurs l’indique clairement le CARMO pour les équipements mobiles..

  • et qu’en tout état de cause elles doivent être très personnalisables et très évolutives

Quels sont les besoins ?

Sachant qu’ écouter cette fois les utilisateurs ne peut pas nuire et il faudra le faire. Il est toutefois possible de poser que ces besoins sont probablement de différents types. Certains seront couverts par des services génériques, d‘autres non.

  1. produire, co-produire des documents de tous types, accéder à des documents/services supports d’activités édités

  2. les partager, les stocker

  3. communiquer de différentes manières

  4. s’organiser, se coordonner, s’organiser

  5. réaliser des tâches liées à mon “métier” : faire des emplois du temps, évaluer mes élèves, m’inscrire dans l’enseignement supérieur

Les ENT de première génération sont aujourd’hui dépassés pour tout un tas de raisons que je ne vais pas rappeler ici.  Comment seront construits leurs remplaçants. Voire le faut-il ? Les autres pays ont-ils éprouvé le besoin de “spécifier” avec autant de contraintes une partie de leur système d’information scolaire ?

Rappelons avant tout qu’il ne peut pas être reproché aux ENT d’avoir failli pendant le COVID. Ils n’avaient pas été conçus pour ça. Et consolider leur hébergement n’y changera rien. Ils ont été élaborés pour compléter l'École, pas pour faire l’école. Ils ont été construits il y 20 ans, à une époque où les outils de production étaient sur les postes de travail (Office, Libreoffice, Appleworks), avant le smartphone et les réseaux sociaux. Le Cloud les a relégués au musée de l'Internet pédagogique. Le plan numérique (accès via des tablettes) avait déjà permis d’acter cette péremption.

N’y aurait-il pas :

  • des services génériques sur étagère, souvent héritées des services grands publics très présents sur les smartphones, hébergées de manière industrielle, très sécurisés et peu coûteux tout en etant conforme avec la reglementation en vigueur pour la protection des données  ;

  • des services métiers : pour piloter un EPLE (EDT et vie scolaire), pour enseigner et apprendre, édités souvent par des entreprises (ENT, Index Education,Livre scolaire, etc.) puis achetés à installer localement ou en tant que service sur le web, soit directement par les établissements sur leur budget, soit par les collectivités ;

  • des services métiers dont l’Etat (administration centrale et académique) a besoin et qu’il doit concevoir lui-même ou financer directement la conception : ensemble des applications de gestion du Ministère et des académies (liées aux affectations, aux examens, aux mutations, etc.)

  • des besoins de connecter tout ça, soit pour fédérer de l’identité, soit pour échanger des données entre services, sous une forme ou une autre (par APIsation ou formats d’échanges publiés).

Dit autrement, dépense-t-on de l’argent du contribuable pour financer le salaire de fonctionnaires pour essayer de refaire ce que des dizaines de milliers d’ingénieurs de Microsoft, Google, Amazon, Apple et autres BATX feront toujours mieux pour moins cher ? Ou pour acheter des briques de services “équivalentes” à des éditeurs privés (ENT).

N’était-ce pas les conclusions auxquelles était arrivée la DNE avec le projet PIA en 2019 ?

Une analyse plus fine permettrait de cibler les moyens de développement des équipes de développement de l’Etat et des communautés du Libre sur les services où l’édition privée n’ira pas. Souvent parce que ce n’est pas rentable.

Ou décide t-on de recentrer les efforts sur ce que toutes ces belles multinationales ne feront jamais :

  • organiser une certification de l’hébergement et du traitement des données d’éducation sur le modèle de la certification de l’hébergement des données de santé ;

  • négocier un accès par API et export aux données hébergées par Index-éducation et par tous les éditeurs de vie scolaire pour les rendre disponibles aux EPLE, aux enseignants et par voie de conséquence aux éditeurs susceptibles de les réutiliser dans le périmètre de confiance dessiné par les chefs d’établissement ;

  • développer des usages efficaces des traces laissées par les élèves lorsqu’ils utilisent des plateformes de coopération “traçantes” comme Ofiice 365 Education ou Google Workspace Education  pour proposer des outils aux enseignants renforçant feedback et engagement des élèves ;

  • enfin mettre en place le référentiel utilisateurs unique avec les élèves et les enseignants dans un dispositif de type educonnect (comme il existe depuis des années chez nos voisins : Glow en Ecosse, EduID en Suede, Edulog en Suisse, UniLogin au Danemark, ...

  • agir pour résorber les zones blanches où habitent des élèves et des enseignants et utiliser les faisceaux satellites à chaque fois que la connexion ADSL ou la fibre n’est pas encore suffisante dans les établissements scolaires ;

  • utiliser le potentiel des smartphones des élèves et des enseignants pour enseigner et apprendre par une approche “mobile first” ;

  • simplifier les services proposés aux personnels de directions et aux IEN pour réaliser l’ensemble de leurs tâches de gestion (un des objectifs du projet de PIA (portails intranets académiques) portés il y a déjà 15 ans par 7 académies ;

  • développer et rendre mobiles les applications métiers des corps d'inspection, dont SIPRIEN en les liant à Horus par exemple ;

  • enfin intégrer I-Prof à un vrai portail métier enseignant en renouvelant son interface utilisateur et en tenant compte des apports de l’UX.

  • et la liste est loin d’être complète !

On s’y met ?

Parce que sur le terrain, sinon, ça va continuer à galérer et à se débrouiller comme ça peut en évitant les oukazes de toutes sortes….

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Dernière modification le dimanche, 18 juillet 2021
SCHAFF Jean-Louis

Consultant numérique éducatif, transition et mobilités durables. @Jlschaff
Poitiers, aska.fr