Est-ce le lieu ? Est-ce le thème ? Le succès de ce 34éme colloque de l’AFAE aura été indéniable ; au point que pour respecter les contraintes d’accueil autant dans les locaux de l’ENA que de la Communauté Urbaine de Strasbourg il aura été nécessaire d’interrompre prématurément les inscriptions. Succès également par le nombre important de participants étrangers qui d’Allemagne, d’Angleterre, d’Ecosse, du Portugal, de Suisse, de Suède, de Belgique, etc sont venus apporter leur témoignage et leur regard , jusque dans chaque atelier, pour affiner celui que l’on porte sur l’Education en France et dans le monde.
Trois objectifs avaient été fixés : Comment, face à des réalités éducatives étrangères gagner une professionnalité transnationale ? Comment face à une forme de « gouvernement par les nombres », maîtriser l’utilisation des comparaisons et des références internationales ? Comment mieux situer les professionnels français dans les grands débats éducatifs mondiaux ?
Au programme, tout d’abord un film introductif réalisé par l’équipe académique suivie d’une table ronde animée par Marie Caroline Missir journaliste à l’Express : « apprendre des autres : participer aux débats internationaux de l’éducation ».
Les problèmes sont posés, et en particulier : « que peut on apprendre les uns des autres ? » et « comment analyser le poids pris par l’enquête internationale PISA ». Xavier Pons, maître de Conférence à l’Université Paris Est, en grand témoin, aura donné sa lecture de l’effet PISA en Allemagne. Les travaux dans dix ateliers auront permis à chacun de participer et d’apporter sa pierre à la réflexion.
Et bien sûr des conférences auront passionné l’assistance , dont celle d’Antonio NOVOA, professeur en Histoire comparée et Recteur de l’Université de Lisbonne qui replace la mission de l’école dans l’Espace Public d’Education et celle de Jean Marie de KETELE expert international, professeur émérite à l’Université de Louvain-la-Neuve chargé de faire une synthèse des travaux en atelier qui propose de « problématiser le concept d’apprentissage à travers toute la chaîne du système éducatif ».
Dans une ambiance aussi professionnelle que chaleureuse, qui , grâce à l’engagement et au dynamisme de l’équipe académique de l’AFAE, en charge de son organisation , aura enchanté les participants, les travaux auront été riches d’interrogations, de découvertes, d’étonnements, de réflexions, de propositions. Mais c’est surtout la grande liberté de ton et de parole dans les débats, que de nombreux intervenants ont traduit par « pas de langue de bois », qui aura permis à chacun d’en apprécier leur richesse.
Alain BOUVIER, ancien Recteur, membre du Haut Conseil de l’Education et Président de l’AFAE précise que « dans ces rencontres, personne ne se sent en position de transmettre des messages institutionnels, ni d’être en opposition avec l’institution ». Il ajoute : « Nous sommes là pour essayer d’imaginer, face aux problèmes déjà identifiés, des pistes de solutions que demain ou après demain nous pourrons faire connaître à celles et ceux qui auront des responsabilités, comme nous l’avons fait tout au long de l’histoire de notre association ».
Mais alors, l’AFAE, qui vient de décider de remplacer le A d’Administrateurs par le A d’Acteurs, ne serait-il pas un de ces laboratoires d’idées que les médias anglicisent en les nommant « think tanks » ?
Le prochain colloque se tiendra à Lille et le thème retenu est : « l’école numérique et son management ». Alain Bouvier qui termine son deuxième mandat de trois ans à la présidence de l’association a été longuement ovationné par une salle debout, reconnaissant par là le mérite d’un Président qui aura su consolider et rationaliser l’organisation de l’AFAE.
Il fait dans cet interview un premier bilan du 34ème colloque de cette association.
