Dans sa thèse de doctorat intitulée "Les tribus ludiques du « LAN party » : perspectives d’apprentissage et de socialisation en contexte de compétition de jeux vidéo en réseau local" présentée en 2011 à Québec, Samuelle DUCROCQ-HENRY. "présente un vaste panorama des mœurs d’une jeune génération férue de virtuel, et propose la transposition des bénéfices du principe de LAN aux institutions, afin qu’ils puissent ainsi servir de dispositif d’intervention groupale tant en formation qu’en thérapie ".
Sa conférence au Centre de droit et de nouvelles technologies de la Faculté de Droit de Lyon 3, dans le cadre des journées E-Learning 2012 a fait sensation. Le thème : Apprendre n’est pas jouer ? Le sujet traite, à partir des recherches et travaux qu’elle a menés sur l’immersion et la pédagogie, du procédé d’enseignement collectif sur jeux sérieux qu’elle nomme le LAN pédagogique.
La chercheuse questionne notamment le potentiel ludoéducatif et de socialisation que de telles pratiques, jumelées à de nouveaux défis scénaristiques et mises en formes communicationnelles dans la lignée des Serious Games, pourraient faire naître pour de nombreuses disciplines des sciences humaines.
Sa théorie du "LAN pédagogique" exposée dans "Les tribus ludiques", propose la transposition du principe de jeux vidéo populaires en réseau local, modifiés à moindre frais, aux disciplines de l’éducation, de la formation et des milieux thérapeutiques, afin de favoriser par la juxtaposition d’interactions en virtuel et en présentiel, des rapprochements et développements de compétences auprès de jeunes dont les jeux vidéo sont le langage et la culture.
Profitant de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la formation à la conduite automobile, au Québec qui met l’accent depuis 2010 sur le comportement de conduite avec autrui et non plus sur un comportement individualiste, Samuelle DUCROCQ-HENRY décide de lancer une expérimentation de simulation de conduite collective avec un dispositif de type "Serious Games", Cette première expérience de LAN ludo-pédagogique appliquant la théorie établie par la chercheuse et qu’elle brevette, est lancée le 22 janvier 2010 : il s’agit du LAN expérimental et collectif de simulation d’examen de conduite multijoueurs.
Dans l’interview exclusive que Samuelle DUCROCQ-HENRY donne à l’An@E pour Educavox, la chercheuse précise d abord ce qu’est un LAN Party : LAN acronyme de local areas network, et party, fête.
Il s’agit donc d’un "rassemblement festif et éphémère au cours duquel un groupe de participants, ayant chacun un ordinateur attribué (ou une console), joue en réseau local à des jeux vidéo multijoueurs. Ce rassemblement peut durer entre un après-midi et une semaine." Relativement peu présents en Europe ils se développent aux Etats Unis, au Canada, en Corée du Sud mais en France on compte "en moyenne un à deux lan-party d’au moins 100 personnes chaque week-end ".
Puis elle explicite dans cette interview, les thèmes de ses recherches : Ces joueurs développent ils des compétences ? Comment évoluent les comportements des joueurs ? Comment détourner un jeu vidéo et en faire un Sérious games dans un but pédagogique ? Quelle est la théorie du LAN pédagogique ?
Et la question reste posée "apprendre, n’est-il pas jouer ?" . A moins que ce ne soit : "jouer, n’est-il pas apprendre ?
Claude TRAN
