Bernard Stiegler, est un philosophe français qui axe sa réflexion sur les enjeux des mutations actuelles — sociales, politiques, économiques, psychologiques — portées par le développement technologique et notamment les technologies numériques.
Fondateur et président du groupe de réflexion philosophique Ars industrialis (Association internationale pour une politique industrielle des technologies de l’esprit) créé en 2005, il dirige également depuis avril 2006 l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) qu’il a créé au sein du centre Georges-Pompidou. »(Wikipédia).
Professeur associé, et directeur de l’unité de recherche qu’il a fondée en 1993, « Connaissances, organisations et systèmes techniques » à l’Université de technologie de Compiègne (UTC), Bernard STIEGLER a été directeur général adjoint de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), puis directeur de l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam) jusqu’à la fin 2005.
Il a lancé le projet LECAO (" lecture et écriture critiques assistées par ordinateur ") avec le soutien du ministère de la Recherche ; créé et lancé le séminaire de sciences et technologies cognitives de Compiègne, qui se poursuit depuis chaque année au cours de la dernière semaine de janvier, et qui aura reçu plus de mille doctorants et chercheurs français et étrangers ; lancé le programme OPEN ("outil personnalisable d’édition numérique ", logiciel réalisé sur la base du logiciel 4D).
Il est auteur de très nombreuses publications ; on peut citer parmi les dernières : États de choc - Bêtise et savoir au XXIe siècle, Fayard/Mille et une nuits, 2012 et L’École, le numérique et la société qui vient, avec Denis Kambouchner, Philippe Meirieu, Julien Gautier, Guillaume Vergne, Fayard/Mille et une nuits, 2012.-
Bernard STIEGLER propose depuis septembre 2010 un cours de philosophie ouvert à tous et gratuit,pharmakon.fr, à Epineuil-le-Fleuriel à la maison école du Grand-Meaulnes. Les vidéos de ses cours sont accessibles sur le Web : http://pharmakon.fr/wordpress/categ... . Chaque été un séminaire réunit les personnes ayant participé aux cours ou au séminaire, en ligne ou à Epineuil.
Depuis 2007, l’IRI, le pôle de compétitivité Cap digital et l’ENSCI – Les Ateliers (École nationale supérieure de création industrielle) organisent une manifestation commune, Les Entretiens du nouveau monde industriel .
Quels sont les thèmes de ces journées de réflexion prospective qui réunissent de très nombreux intervenants ?En 2012 le thème DIGITAL STUDIES : Organologie des savoirs et technologies industrielles de la connaissance a permis d’appréhender la question des digital humanities à partir de la question plus large et plus radicale des digital studies conçues comme une rupture épistémologique généralisée.
Pour Bernard STIEGLER " l’introduction du numérique à l’école est assurément une bonne chose... mais la réalité est que ce qui entre aujourd’hui à l’école avec le numérique, c’est le marché ! Le savoir numérique, lui, vient des universités et pas du marché. Mais comme les universités elles-mêmes ne le produisent pas, il y a une carence que le marché vient combler. "En 2013 les participants aux entretiens du nouveau monde industriel se sont penchés sur la question de l’automatisation qui affecte la notion même de travail et son évolution dans le contexte numérique : avec la numérisation de toutes les relations (à soi, aux autres, aux choses, à l’espace, au temps), les automatismes sont désormais présents dans la plupart des activités humaines – que les humains en soient conscients ou non. L’automatisation généralisée a et aura des effets dans tous les domaines : production, enseignement, médecine, commerce, transports, recherche scientifique, édition et presse, relations sociales, vie quotidienne domestique, vie politique, relations intergénérationnelles, géopolitique, géo-économie, diplomatie, politiques militaires, etc.
Le thème choisi, LE NOUVEL ÂGE DE L’AUTOMATISATION – Algorithmes, données, individuations permet d’aborder l’apparente antinomie entre automatisation et autonomisation.
Pour Bernard STIEGLER " être éduqué c’est surmonter les automatismes " mais si "l’éducation c’est la dés automatisation de certains comportements, il ne faut pas opposer néanmoins la conquête de l’autonomie – par cette dés automatisation- à l’acquisition de nouveaux automatismes ".Il aborde dans cette interview qu’il donne à l’An@é pour Educavox présent lors de ces journées, de très nombreuses questions qui traversent le monde scientifique, culturel, éducatif, social, économique, politique.
Faut-il se mettre en retrait des automates ?
Comment socialement intégrer l’automatisation ?
Faut-il faire entrer le numérique et les écrans très tôt dans l’éducation des enfants ? Quels impacts sur l’infance ?
Dans un contexte de numérisation des savoirs, le nouveau statut du collectif doit-il modifier les modes de gestion des organisations scolaires ? Le Bottom up se substitue-t-il au top down ?
Comment se constituent les savoirs ?
Alors, la révolution numérique porte-t-elle un avenir meilleur ?
En fait, pour Bernard STIEGLER," l’Internet est un « φάρμακον » [pharmakon, ndlr], au sens où Platon le disait de l’écriture, et nous découvrons actuellement cette double face. Le système actuel du Web est dangereux pour le secret, pour l’individuation psychique, pour l’individuation collective, et il en va ainsi parce que l’on ne peut pas et l’on ne doit pas tout soumettre à la calculabilité. Une telle soumission ne peut qu’engendrer une "servitude volontaire " qui pourrait d’ailleurs rapidement devenir involontaire mais insurmontable. À l’inverse, le numérique permet d’intensifier l’incalculable de la même manière que l’écriture en Grèce Antique a eu d’immenses effets d’individuation et d’enrichissement de la diversité sociale – en particulier en rendant possible la citoyenneté, qui fut la naissance d’un nouveau processus d’individuation psychique et collective."(http://reseaux.blog.lemonde.fr/2013...)Bernard STIEGLER sera présent à Lyon lors de la 9e édition des Journées du e-learning avec une conférence d’ouverture : vers l’Université numérique.
Educavox, partenaire de cet évènement, y sera aussi, bien sûr.
Claude TRAN