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Créée en 1945, l’ENA a été d’emblée ouverte aux femmes. Comparativement, il aura fallu attendre 1972 pour que des femmes puissent intégrer l’école Polytechnique fondée en 1794 alors que l’ENS de Sèvres les accueille dès sa création en 1881.

Aujourd’hui les grandes écoles de la République, mises en cause pour leur recrutement qui n’est pas représentatif de la société française, mettent en œuvre des actions de court et moyen terme dont l’objectif consiste à corriger ce déséquilibre. C’est ainsi que l’ENA, dont les deux tiers des admis sont issus des catégories socioprofessionnelles supérieures, a ouvert dès 2009 une classe préparatoire au concours externe réservée à 15 étudiants boursiers issus de milieux modestes.

Ces étudiants sont également encadrés par des tuteurs, élèves actuels de l’ENA, et peuvent bénéficier de plusieurs bourses (allocation pour la diversité dans la fonction publique, bourses sur critères sociaux, aide de l’école), ainsi que d’un logement en résidence universitaire sur Paris.

Le bilan est encore modeste mais encourageant nous confie Françoise CAMET, directrice de la Formation à l’ENA : les deux premières promotions ont permis une seule admission à l’école, mais de nombreux autres étudiants de cette classe ont été admis à des concours de catégorie A+.

On le voit donc, comme Sciences Po ou l’Ecole Nationale de la Magistrature, l’ENA développe un programme dont l’objectif est d’aider les élèves talentueux issus de milieux défavorisés à intégrer ses murs.

Par ailleurs le rapport de l’Inspection générale de l’administration de l’Education Nationale et de la Recherche, sur les biais sociaux dans les concours d’accès aux Grandes Ecoles, a amené ces dernières à une réflexion sur les épreuves. Sciences Po a annoncé que l’épreuve de culture générale disparaîtrait dès 2013 !

A l’ENA, la réforme envisagée pour le concours externe permettant d’éviter le biais social est maintenant repoussée à l’horizon 2014 . Tout laisse à penser qu’un plus grande poids pourrait être donné aux épreuves écrites, garantes d’une meilleure égalité, pour évaluer connaissances et compétences techniques ; l’oral devra permettre de détecter les aptitudes managériales des candidats.

De nombreux observateurs s’interrogent sur l’efficacité de ces seules mesures qui ne traitent pas le problème de fond . Certains ont pu être tentés, comme ce fut le cas lors de la présidentielle de 2007 de demander la suppression de ces écoles ou la mise en œuvre d’une discrimination positive, par exemple en instaurant des quotas, contraire à l’élitisme républicain et à l’égalité.

Jules Martial et Léon Jean dans leur note à Terra Nova considèrent que « l’ascenseur social ne dessert pas les derniers étages pour les enfants issus de milieux défavorisés » et que « les quotas dans les grandes écoles, ( sont des ) mesures tape-à-l’œil à but électoraliste, qui ne concernent que quelques voies prestigieuses, ( et) masquent la nécessité d’agir tout au long de la chaîne d’enseignement ».

Il s’agirait donc davantage, dans une vraie discrimination positive, de renforcer la qualité de l’enseignement dès le plus jeune âge et là où se concentrent les milieux les plus défavorisés.

Tran Claude

Agenais de naissance Claude TRAN a été professeur de Sciences Physiques en Lycée, chargé de cours en Ecole d’Ingénieur, Inspecteur pédagogique au Maroc, chef d’établissement en Algérie comme proviseur du lycée français d’Oran ; en Aquitaine il dirigera les lycées Maine de Biran de Bergerac, Charles Despiau de Mont de Marsan et Victor Louis de Talence. Il a été tour à tour auteur de manuels scolaires, cofondateur de l’Université Sénonaise pour Tous, président de Greta, membre du conseil d’administration de l’AROEVEN, responsable syndical au SNPDEN, formateur IUFM et MAFPEN, expert lycée numérique au Conseil Régional d’Aquitaine, puis administrateurà l'An@é, actuellement administrateur Inversons la classe, journaliste à ToutEduc, chroniqueur à Ludomag.