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Tel est le thème du colloque organisé par le SE UNSA dans les locaux de la MGEN à Paris devant quelques centaines de participants attentifs et studieux. Dans la brochure introductive les organisateurs posent d’emblée la question : « l’Ecole doit-elle s’adapter aux élèves ? » et précisent :

« l’indifférence aux différences est le principe fondateur de la République. Il se veut alors le garant de l’égalité de tous devant l’instruction. Cependant, dès que l’Ecole privilégie la normalisation collective à l’adaptation individuelle, elle perd sa capacité à réaliser la promesse républicaine.. Imposer le même savoir à tous les élèves en même temps transforme les différences en inégalités. » Quatre intervenants ont su alimenter , souvent en relisant l’histoire, la réflexion et les débats d’un public dans l’ensemble acquis à la nécessité d’une refondation de l’école.

Jean Pierre Obin, Ingénieur de l’Ecole Centrale de Lille est docteur de spécialité mécanique des solides et soutint également une thèse de doctorat es lettres et sciences humaines dirigée par Philippe Meyrieu. Il a été Maître de conférence, adjoint au Directeur général du CNDP, Conseiller technique au cabinet de Robert Chapuis, Inspecteur général de l’Education Nationale, professeur associé à l’IUFM de Lyon . Il est aujourd’hui expert associé au CIEP et chargé de cours à l’Université de Cergy Pontoise.

Sa conférence : l’individu, la société, l’école retrace l’émergence puis le triomphe de l’individu en occident, inséparable de la modernité et de la sécularisation de la société. Il décrypte la montée du libéralisme scolaire et sa traduction en revendications de liberté de choix et d’individualisation. Comment alors, sans revenir à la société autoritaire d’hier, inventer l’avenir de l’Ecole en tentant d’yarticuler le « je » et le « nous »,les exigences de la liberté et de l’autonomie des individus d’une part, et celles des besoins de la société et de la nécessité de vivre ensemble de l’autre ?

Anne Marie Chartier, agrégée de philosophie, docteur en Sciences de l’Education, historienne de l’Education est Maître de conférences et enseignant-chercheur. Ses publications récentes concernent les méthodes d’enseignement de la lecture en France et en Europe occidentale, et plus largement l’histoire de la formation des Maîtres et des pratiques d’enseignement.

Elle est membre de la commission d’experts pour la soumission à appel d’offres PISA et de la commission d’experts chargés de définir le Socle commun. Elle pose la question dans sa conférence : « la réussite des uns implique-t-elle l’échec des autres ? » en souhaitant obliger les participants à préciser à quelles conditions l’individualisation peut être un recours utile contre l’échec.

Sylvain Grandserre , professeur des écoles a connu un parcours scolaire sinueux . Il participe aux travaux du groupe Freinet, est rédacteur au Journal des professionnels de l’enfance et chroniqueur régulier à l’émission les grandes gueule sur RMC. Auteur de plusieurs ouvrage, il a reçu le prix de l’Académie des Sciences morales et politiques en 2007.

Se voulant un « praticien ordinaire », « normal » ajoute t il, Sylvain Grandserre veut réfléchir à ce que doit être une pédagogie différenciée, qui en finisse avec l’indifférence aux différences . Il reconnaît pourtant « que ce n’est vraiment pas une sinécure ». Ce d’autant plus qu’il s’agit de mettre en œuvre une pratique pédagogique « que l’on n’a jamais vécue », et parfois « même rarement vue ».

Françoise Clerc successivement conseillère en formation continue, directrice de études au Centre de formation des maîtres de l’adaptation et de l’intégration scolaire de Nancy, chargée de mission à la DLC, maître de conférences à l’IUFM de Lorraine et professeur à l’Université Lyon 2, intervient aujourd’hui dans les formations d’enseignants et de personnels d’encadrement .Militante Education et Devenir elle collabore également aux Cahiers Pédagogiques.

Dans sa conférence elle précise que « différencier ne consiste ni à individualiser l’enseignement, ni à diversifier les activités des élèves au gré des humeurs et des envies. Elle consiste à établir un diagnostic des ressources des élèves face aux compétences exigées en fin de cycle d’apprentissage et à choisir les situations d’apprentissage les plus appropriées aux besoins des élèves et aux compétences visées. »

« Le système éducatif est aujourd’hui à la peine , pour prendre en charge, notamment, les élèves les plus en difficulté » nous dit Christian Chevallier, secrétaire Général du SE UNSA qui pose la question :

« Comment former tous les enfants de la Nation dans l’école de la République, mais comment prendre en compte chacun avec ses différences ? ». Pour lui, « le socle commun de compétences et de connaissances est au centre du débat » et le numérique doit y avoir sa part mais il « faut passer à la vitesse supérieure … avec ces nouveaux outils d’appropriation de la connaissance ».

 

Il répond dans cet interview aux questions de l’An@é.

Tran Claude

Agenais de naissance Claude TRAN a été professeur de Sciences Physiques en Lycée, chargé de cours en Ecole d’Ingénieur, Inspecteur pédagogique au Maroc, chef d’établissement en Algérie comme proviseur du lycée français d’Oran ; en Aquitaine il dirigera les lycées Maine de Biran de Bergerac, Charles Despiau de Mont de Marsan et Victor Louis de Talence. Il a été tour à tour auteur de manuels scolaires, cofondateur de l’Université Sénonaise pour Tous, président de Greta, membre du conseil d’administration de l’AROEVEN, responsable syndical au SNPDEN, formateur IUFM et MAFPEN, expert lycée numérique au Conseil Régional d’Aquitaine, puis administrateurà l'An@é, actuellement administrateur Inversons la classe, journaliste à ToutEduc, chroniqueur à Ludomag.