Professeur de sociologie à l’Université Bordeaux 2 et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), François DUBET, est bien connu du monde de l’Education en particulier pour avoir « dirigé l’élaboration du rapport Le Collège de l’an 2000 remis à la ministre chargée de l’enseignement scolaire en 1991 » mais également par ses très nombreux ouvrages et publications.
Persuadé que « l’enseignant n’est plus aujourd’hui défini uniquement par sa compétence disciplinaire, mais par son métier », il souhaite que le recrutement des enseignants se fasse précocement à bac plus un ou bac plus deux, comme pour les Ecoles d’Ingénieurs qui forment au métier correspondant, plutôt qu’un recrutement à bac plus quatre « avec une maîtrise disciplinaire et une année de stage » qui rappelle le modèle des IUFM. Selon lui, l’apprentissage du métier d’enseignant relève d’une « école professionnelle » qui bénéficierait alors d’un nombre plus important de candidats.
Jean François BOULAGNON partage ce point de vue en affirmant que le problème majeur de l’école concerne la formation des enseignants et en regrettant que « ce qui nous caractérise à l’intérieur de l’OCDE, c’est que depuis un siècle les professeurs déterminent leur identité professionnelle par le savoir et pas par la professionnalité ».
Cela « doit évoluer et les esprits y sont prêts » concède cet historien, philosophe, pédagogue « aux multiples casquettes », tour à tour enseignant, chef d’établissement, chroniqueur littéraire, journaliste,figure du courant innovateur à l’Education Nationale. On doit lui reconnaître en effet de faire « bouger les lignes » avec les projets qu’il a menés en particulier au collège qui représente aujourd’hui le lieu le plus difficile à gérer aussi bien sur le plan pédagogique que relationnel.
Ce fut la co-fondation du projet « déclic : Développement Expérimental d’un Collège Lycée d’Initiative Citoyenne » en région parisienne, et surtout la création du collège expérimental Clisthène de Bordeaux.
« Il faut recruter les professeurs à bac plus deux et leur donner deux ou trois années de professionnalité » affirme-t-il.
« Certes il y a le savoir, mais les professeurs sont concurrencés et n’ont plus le monopole du savoir » , alors se pose la question de la place de l’école dans la révolution anthropologique en cours ; « y-a-t-il encore une place pour l’école et quelle place ? »
Actuellement principal de collège, Jean François BOULAGNON propose un nouveau projet innovant au Ministère de l’Education Nationale ; c’est le projet Solon d’un lycée totalement numérique qui offrira à des élèves déjà décrocheurs des modes d’enseignement parmi les plus novateurs.
François DUBET et Jean François BOULAGNON qui ont accepté ces interviews, étaient invités parl’An@é, l’Association Nationale des Acteurs de l’Ecole au débat « Paroles des Acteurs de l’éducation », troisième d’une série ouverte à tous, où les protagonistes de l’éducation prennent successivement la parole pour exprimer, leurs interrogations, leurs souhaits et leurs propositions .
Le prochain débat, prévu le mardi 19 février qui, comme les précédents se déroulera au Bar de la Marine à Bordeaux, donnera la « parole aux élus ».
Claude TRAN
Dernière modification le jeudi, 02 octobre 2014