Il est du Groupe des Dix, né à la fin des années 1960, dans un climat de contre-culture, sous l'impulsion des grands changements politiques et sociétaux de 1968. C'est en effet à l'issue d'un colloque réunissant biologistes, sociologues, et philosophes, que Jacques ROBIN, médecin, pionnier de la transdisciplinarité, propose à Robert BURON, Henri LABORIT et Edgar MORIN de créer un groupe de réflexion transdisciplinaire pour mieux cerner les rapports entre sciences et société. Ils seront rejoints par Joël de ROSNAY, Jacques ATTALI, Henri ATLAN, André LEROI-GOURHAN, René PASSET, Michel SERRES... convaincus de la nécessité de décloisonner les travaux entre les différentes disciplines et d'en relier les connaissances pour appréhender le monde dans sa complexité. A la mort de Robert BURON, le Groupe des Dix s'enrichit encore de deux personnalités, politiques cette fois, Michel ROCARD et Jacques DELORS.
Dans Changer d'ère (Seuil, 1989), son œuvre majeure, Jacques ROBIN explique qu'il a voulu "explorer des pistes de réflexion et d'action dans les domaines clés de l'économie, des comportements, de la démocratie et de l'éthique ". C'est à son livre et à la pensée du Groupe des Dix que fait référence le Forum Changer d'Ère.
Meilleur ambassadeur du Forum Changer d'Ere selon sa Présidente, Véronique ANGER de FRIBERG, Joël de ROSNAY y a encore brillé par ses qualités de vulgarisateur et communiquant scientifique de l'avenir . Cette troisième édition à la Cité des Sciences et de l'Industrie, dont le thème « Au-delà de la Révolution Numérique : retour à l'Humain », a permis de faire partager aux quelques 600 participants quelques leçons d'hyperhumanisme.
C'est en écrivain pédagogue avisé et avec un sens aigu de la formule que Joël de ROSNAY nous ouvre les portes de la complexité du monde . Une complexité dont l'approche nouvelle, qu'il qualifie de « moins analytique, plus systémique et intégrée », révolutionne les sciences et nous donne de nouvelles clés du progrès.
Comment construire une société digne des valeurs de l'homme ?
On sait déjà grâce à un de ses nombreux livres, ce que permet Surfer la vie : c'est savoir profiter et jouir de l'instant, être à l'écoute de son environnement, de ses réseaux, évaluer en temps réel les résultats de son action et s'adapter à l'imprévu.
Mais nous surfons aussi de plus en plus sur le flux incessant d'informations.
« Il faut, dit-il, se désintoxiquer de l'excès d'information.. . Tout va de plus en plus vite ; et notre réflexe est de nous connecter de plus en plus. Il y a une pression très forte sur nous pour nous brancher en permanence, pour capter notre attention. »
« Nous sommes entrés dans l'économie de la distraction.
« Revenir à l'humain c'est d'abord lutter contre cette infobésité, cette infomanie. Il faut savoir se débrancher et faire la diététique de l'information, ne choisir l'information que lorsqu'elle est pertinente pour soi, faire des pauses, des respirations. »
« Et transformer ce surf sur l'information en mémoire longue donc en un apprentissage et une capacité à approfondir ses décisions avant l'action. »
S'informer intelligemment devient ainsi une véritable responsabilité citoyenne.
On comprend pourquoi les cadres de la Silicon Valley dépensent une fortune pour scolariser leurs enfants dans des écoles sans écrans, ces écoles Waldorf- Steiner qui accueillent dans le monde 250 000 élèves dans 1000 écoles et plus de 2000 jardins d'enfants et dispensent une pédagogie de projet et de créativité.
Pour toutes celles et ceux qui ont participé en présentiel mais aussi à distance à cette journée de rencontres et de partage avec ces 64 intervenants issus de toutes les disciplines, de toutes les générations et qui sont les acteurs et les Makers du monde de demain, il y a un mot qui revient souvent dans les tweets et les posts qu'ils ont échangés : celui de l'inspiration.
Une journée aussi intelligente et généreuse, aussi riche et dense donne « du grain à moudre, du grain à penser notre monde de demain, mais aussi de nombreuses pistes pour aider à faire bouger ».