L’évolution du cerveau des « ancêtres » de l’homme, des australopithèques à l’Homo sapiens sapiens en passant par l’Homo habilis , l’Homo érectus et l’Homo néanderthalensis, se mesure autant par son volume dans la boite crânienne que par l’acquisition de ses savoir-faire et le développement de ses fonctions mentales. Mais il est clair que cette évolution aura été lente et progressive.
Chacun s’accorde à considérer que le cerveau de l’Homo sapiens sapiens que nous sommes, né il y a quelques 200 000 ans, a guère évolué depuis dans son organisation générale, régie par le bagage génétique de l’espèce, malgré les profonds bouleversements de notre l’environnement social, culturel, technique.
Chacun s’accorde à considérer que le cerveau de l’Homo sapiens sapiens que nous sommes, né il y a quelques 200 000 ans, a guère évolué depuis dans son organisation générale, régie par le bagage génétique de l’espèce, malgré les profonds bouleversements de notre l’environnement social, culturel, technique.
Mais les découvertes récentes sur le cerveau montrent par ailleurs qu’il est « capable de se modifier par l’expérience » tout au long de la vie, au contact de son environnement. Cette très grande plasticité , constitue une des particularités du cerveau humain qui dès la naissance possède unpotentiel de complexification important. C’est plus particulièrement durant les premières phases du développement cérébral de l’enfant et de l’adolescent que cette complexité du cerveau se construit progressivement et de façon spécifique pour aboutir entre les individus à une diversité de son organisation fine.
C’est ce que rappelle Bernard CLAVERIE, professeur des Universités et Directeur de l’Ecole Nationale Supérieure de Cognitique dans sa conférence aux 3e Rencontres « Au doigt et à l’oeil » organisées par l’An@é.
Pour ajouter : « Le cerveau est certes un organe qui s’adapte à son environnement. Mais existe t il une limite à cette adaptation ? »
Les technologies, et particulièrement les technologies du numérique, évoluent aujourd’hui sur des temps de plus en plus courts. Cela pose le problème de la « singularité technologique » : « y aura t il un trou noir pour le cerveau humain ; en d’autres termes sera t il indéfiniment capable de comprendre des situations de plus plus complexes » élaborées par les supers calculateurs dont la puissance de calcul ne cesse de s’accroître ?
Les machines que l’homme a pensées et construites pour aider, suppléer, ou augmenter ses capacités d’action et de pensée comportent par ailleurs de plus en plus de puces. Cette complexification des prolongements artificiels de la main et du cerveau humain génère un monde « devenu numérique non pas du fait des ordinateurs mais du fait de l’omniprésence des puces ».
"On désigne souvent sous le nom de "convergence NBIC" (pour Nanotechnologie, Biotechnologie, Informatique et Cognition) le nouveau paradigme qui pourrait, selon ses adeptes, amener à une restructuration totale de l’être humain, de la société, voire de la vie et de la matière elle même", écrit Bernard CLAVERIE dans son livre« l’Homme Augmenté » aux éditions L’Harmattan.
On vit « dans un monde hyper-communicant avec des calculateurs et des capteurs partout qui communiquent entre eux dans des systèmes d’une telle complexité qu’on a du mal à les conceptualiser globalement. »
Cette révolution, ce phénomène de « pervasion » du silicium, c’est-à-dire l’incorporation croissante de microprocesseurs de plus en plus performants et miniaturisés aux objets de la vie quotidienne constitue t il un danger pour l’homme ?
Et Bernard CLAVERIE ajoute :
« Cette inscription psycho-technique se caractérise par une délégation à des composants de parties de l’action ou de la cognition, remettant en actualité une conception connexionniste de la pensée augmentée. »
Peut-on alors « envisager une externalisation de la pensée humaine ? »
Doit-on craindre que les machines « prennent le pouvoir ? »
Bernard CLAVERIE dans cette interview nous donne quelques éléments de réponse mais pose ne nouvelles interrogations. Ne faudra-t-il pas interroger les philosophes et les éthiciens sur la dimension morale de cette évolution ?
Dernière modification le samedi, 23 novembre 2019