1. Les réseaux sociaux risquent-ils de devenir la première source d’information, devant les médias traditionnels ?
Aujourd’hui nous confondons l’usage prétendument personnel des réseaux sociaux avec leur capacité à véhiculer sans cesse des informations. Ces réseaux ne constituent pas une source primaire d’information comme le sont les médias traditionnels, mais ce sont bel et bien des médias sociaux. Des médias, en ce sens qu’ils diffusent des informations, sociaux parce qu’ils suscitent et construisent des interactions et des réactions à ces informations.
Le danger sur les réseaux c’est l’incapacité dans laquelle nous nous trouvons de vérifier l’authenticité et l’objectivité des informations et des propos rapportés. Les « fake news » sont légion ! Lors des élections présidentielles américaines, Facebook a par exemple reconnu que près de 80.000 posts avaient été publiés par des trolls russes entre janvier 2015 et août 2017. 126 millions de personnes auraient ainsi été exposées à ces informations, soit en les consultant directement dans leur l d’actualités, soit en les partageant. On assiste ainsi à des manipulations de masse. Il est grand temps de réagir.
J’appelle donc à distinguer la notion de réseau social et de média social. Les lieux de communication interpersonnelle ne sont pas faits pour être des écosystèmes ouverts. Pourquoi dès lors ne pas se tourner vers des espaces collaboratifs et privés pour échanger ? Il faut un temps et un espace pour tout : on ne s’informe pas de la même manière en lisant un journal ou en discutant avec son collègue au café du coin. On ne se construit pas une opinion éclairée en consultant des publications et des commentaires sur Facebook.
2. Comment garantir la neutralité d’Internet ?
Des milliers de gens sont payés pour publier de faux avis, diffuser de la propagande et faire remonter de fausses informations. Plus un sujet est commenté, plus il va être visible dans le flux d’actualité des réseauteurs. C’est une question d’algorithmes. La neutralité du web dépend en réalité de la neutralité des flux d’information. Parlons donc de neutralité algorithmique.
Même s’ils luttent contre la désinformation, nous n’obtiendrons jamais cette neutralité des géants américains du web (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) car il y a trop d’intérêts commerciaux et financiers en jeu. Pour recouvrer notre souveraineté numérique, nous devons faire émerger des plateformes et des systèmes qui ont inscrit dans leur ADN même cette neutralité.
Aujourd’hui, Twitter est l’un des rares acteurs à respecter la neutralité des flux, mais cela pose de nombreux problèmes quand il y a trop d’informations. Comment travailler par pertinence ? Nos outils numériques n’ont pas été créés à l’échelle humaine, d’où notre impuissance face à une surabondance de données et de ux. Proposons de nouveaux outils qui contextualisent les informations et créent des silos de communication. Il n’y a ni sens ni intérêt à tout consulter dans un seul et même endroit. Les réseaux sociaux publics sont des déversoirs continus, il est bien dif cile d’y retrouver un semblant de réalité sociale.
3. Peut-on vivre en démocratie, jusque dans nos activités en ligne ?
Nul n’est anonyme sur Internet, nous sommes traqués et surveillés jusque dans nos préférences les plus intimes. Nous sommes soumis à une in uence extérieure impalpable, indétectable, qui passe par les canaux numériques : publicités ciblées, désinformation, manipulation…
Quand les voix qui se font entendre ne sont pas instruites et objectives, pire, lorsqu’elles sont manipulées ou censurées, la démocratie est bafouée. Le numérique, porteur de tant de promesses, y compris pour l’exercice de la démocratie, représente simultanément, et ironiquement, une menace pour la libre formation de l’opinion, nécessaire au suffrage. Lorsque cette opinion puise majoritairement à la source de médias sociaux étrangers, c’est notre souveraineté qui est mise à mal. Une réponse législative est souhaitable, mais pas suf sante. Il peut en effet s’avérer utile de contraindre, mais il faut surtout encourager toutes les initiatives qui vont dans le bon sens.
Le numérique pourrait constituer un fabuleux atout pour notre démocratie. Il porte en puissance une capacité de mobilisation citoyenne formidable. Quand nous serons capables de garantir la protection des identités numériques tout en respectant scrupuleusement un espace de liberté individuelle, nous donnerons forme à une véritable démocratie numérique. Encore faut-il pour cela doter dès à présent les citoyens de lieux de formation et d’expression de l’opinion, qui soient, en quelque sorte, des miroirs de la vie réelle. La portée des lieux d’exercice de la démocratie numérique doit nécessairement être circonscrite à l’échelle des corps intermédiaires de nos cités : État, villes, quartiers… L’expression « vie numérique » est un leurre. L’activité numérique n’est qu’une expression de ce qui se produit dans nos vies tangibles.
A propos de Whaller
Whaller propose une alternative aux réseaux sociaux « publics » dont le modèle économique est basé sur la vente et l’analyse des données personnelles. Grâce à un système exclusif de sphères, l’internaute peut désormais créer et administrer plusieurs réseaux sociaux privatifs avec un seul compte.
Les personnes inscrites sur Whaller ont ainsi la possibilité de distinguer leurs échanges et leurs communautés : amis, familles, associations, anciens élèves, entreprises, communautés : les usages sont infinis.
Dernière modification le samedi, 18 novembre 2017