Après avoir entendu experts, chercheurs et praticiens lors des deux journées de débats publics, les 11 et 12 décembre à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers, le Jury de la conférence nationale sur l'évaluation des élèves qui s'est réuni le 13 décembre, doit remettre ses recommandations afin que la Ministre de l'Education Nationale prenne des décisions.
D'ores et déjà , le président du Jury, le physicien Etienne KLEIN professeur à l'Ecole Centrale de Paris et directeur du Laboratoire de Recherche sur les Sciences de la Matière du CEA a clairement dit, lors du point presse organisé avant la clôture des débats, d'une part que l'expression « évaluation bienveillante » ne sera pas reprise par le Jury car synonyme pour le grand public de « perte d'exigence » et d'autre part que le débat sur les notes «sur lequel la presse se concentre, » n'est pas la préoccupation centrale du Jury car « c'est un faux problème ».
Il précise sa pensée en insistant sur la nécessité de « penser l'évaluation pour que les élèves quels que soient leurs cours puissent faire des progrès ..... »
Car les deux premières questions posées au jury sont bien :
Question 1 : Comment l'évaluation peut-elle être au service des apprentissages des élèves et participer à leurs progrès ?
Question 2 : Comment rendre compte aux familles des progrès des élèves ?
Question 1 : Comment l'évaluation peut-elle être au service des apprentissages des élèves et participer à leurs progrès ?
Question 2 : Comment rendre compte aux familles des progrès des élèves ?
Le Jury fera « quatre ou cinq propositions , pas plus » et la première d'entre elles pourrait bien être « de mieux faire connaitre aux enseignants les résultats de la recherche » pour qu'au moins, tous les enseignants, avant d'évaluer aient pleinement conscience des « biais de la notation ». Jean Marc Monteil, professeur au CNAM , dont les domaines de recherche sont la mémoire et les contextes dans les régulations des comportements et des performances cognitives, dans une brillante conférence intitulée : « de l'usage de l'évaluation des élèves » a longuement évoqué devant le Jury ces biais de la notation qui sont inévitables, mais doivent être connus.
Il s'agissait donc, précise Florence Robine, la Dgesco au ministère de l'Education Nationale, de faire au cours de cette conférence nationale sur l'évaluation des élèves, « un état des lieux de la réflexion sur le sujet. »
L'idée n'était pas « de trouver un consensus sur tout mais un consensus minima ».
Il s'agissait donc, précise Florence Robine, la Dgesco au ministère de l'Education Nationale, de faire au cours de cette conférence nationale sur l'évaluation des élèves, « un état des lieux de la réflexion sur le sujet. »
L'idée n'était pas « de trouver un consensus sur tout mais un consensus minima ».
Et le Numérique ? A-t-il fait l'objet d'une réflexion ?
C'est la question que je pose lors de ce point presse.
Jean Marc Monteil dans sa conférence du matin – qu'Educavox doit publier- affirmait « l'évaluation devient de plus en plus nécessaire et complexe du fait de l'intrusion du numérique dans notre enseignement. »
Ce qui change la donne de l'enseignement, des tâches et de l'évaluation, dit-il c'est d'une part « l'obésité informationnelle qui rend indispensable sa hiérarchisation, sa sélection » et d'autre part « l'externalisation des mémoires. Cela change le rapport à l'information pour les élèves. »
On devra donc « mesurer demain les capacités chez les apprenants a organiser et à traiter l'information » d'une manière différente d'aujourd'hui.
Autre impact du numérique mais sur lequel on insiste peu .
C'est bien la nouvelle forme que prend cette consultation et ces débats sur un thème sensible sur lequel la presse est invitée à ne « pas caricaturer les messages mais rendre justice de la complexité du sujet ».
« Mettre cette réflexion entre les mains d'un jury de 30 membres pour moitié d'usagers du système éducatif et pour moitié de professionnels de l'éducation, constitue une initiative originale et innovante dans le champ de l'éducation » affirme le Recteur Michel QUERE, président du comité d'organisation chargé « d'alimenter de manière la plus objective possible, la conférence en matière.. »
Ouverte aux contributions en ligne, on peut trouver sur le portail l'avis et l'expérience des parents, enseignants, élèves, citoyens engagés. La conférence a par ailleurs pu être suivie en direct sur le Webet les réseaux sociaux ont alimenté réflexion et controverse.
On le voit donc, face à la complexité croissante de nos sociétés, mondialisées et connectées ou le numérique libère la parole de chacun dans un nouvel espace-temps augmenté, la gouvernance traditionnelle fondée sur une hiérarchie stricte ne fonctionne plus. Se met en place, progressivement et inéluctablement, une nouvelle forme de gouvernance, moins verticale, plus collaborative, à laquelle le ministère de l'Education Nationale dont les meilleurs connaisseurs comme Jacky Simon ont regretté « l'enfermement », ne peut échapper.
L'An@é lors des dernières Boussoles du numérique à Cenon a organisé un débat sur ce thème.
Claude TRAN