André Tricot définit l'affiliation comme le processus par lequel un individu incorpore des savoirs. Il y a deux manières de s'affilier : l’appropriation implicite et l’automatisation.
Le processus d’appropriation implicite est un processus inconscient et involontaire.
L'être humain peut apprendre des structures en n’ayant aucune idée de la règle qui les régit. Il est possible de transformer ces appropriations implicites en appropriations explicites. Par exemple, un enfant est capable de parler alors même qu'il ne connaît pas la conjugaison ou la grammaire.
L'automatisation est la transformation d'une pratique contrôlée sous l'effet de la fréquence.
Une expérience de Binet a montré que deux caissiers pratiquant quotidiennement et depuis plusieurs années le calcul mental, ont des capacités supérieures à des personnes surdouées, qui pratiquent le calcul mental seulement deux fois par semaine.
L'automatisation a certaines limites :
- Dépendance à la tâche : on apprend en faisant, mais on ne maîtrise pas les informations périphériques (exemple : on sait taper sur un clavier, mais on ne connaît pas par cœur la place des touches).
- Caractéristique irrépressible de l'automatisation : on ne peut pas oublier une pratique quand elle est sollicitée (par exemple, ne pas lire alors qu'on voit un mot).
- Insensibilité aux détails : à force de pratiquer la tâche, on est moins concentré sur cette dernière. Ce genre d'automatisme peut devenir dangereux.
L'appropriation implicite et l'automatisation sont deux phénomènes qui se superposent, ne sont pas clairement définis et évoluent au cours de la vie.
Les processus d'affiliations dans le numérique sont souvent des automatismes. Par exemple, on peut utiliser une boite mail régulièrement, mais si on doit en changer, on ne saura pas utiliser la nouvelle.
Un changement de façon de faire peut sembler subjectivement et socialement très coûteux.
L'interview réalisée par des étudiants en Master 2 de l'ESPE de Bordeaux Aquitaine
Dernière modification le jeudi, 19 mai 2016