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L’An@é était présente à la journée organisée par Microsoft et Cap digital en partenariat avec RSLN "Quelle école pour demain ? comment réinventer la transmission des savoirs à l’ère du numérique".

Ce fut une journée riche et dense avec une prise de parole - certes, majoritairement masculine - et chacun put faire son « marché » intellectuel bien entendu, communications, tables rondes, usages, enquêtes, tableaux comparatifs et au final, paroles de politiques.

Donc, un harmonieux équilibre même si nous avions tous envie d’échanger plus. Merci donc encore une fois au secteur privé d’offrir au secteur « non marchand » un plateau conséquent qui permet de poursuivre ensemble acteurs de l’éducation, médias, entreprises, éditeurs, chercheurs, politiques, enseignants ou citoyens, institutionnels, privés, publics ou associatifs, notre quête de chemins éducatifs dans un monde numérique.

Réflexions personnelles : de l’école maternelle et du numérique

Je me disais cependant, au fil de cette rencontre, qu’une certaine hiérarchisation (inconsciente souvent) était très présente encore dans l’éducation nationale et que la parole des enseignants d’école élémentaire voire maternelle était toujours absente.

Certainement que la conception d’un équipement en priorité dans les écoles maternelles ne va pas de soi :

Un enseignement très majoritairement exercé par des femmes, une conception de l’apprentissage de moins en moins audible, une formation presque inexistante en dehors des, et en prime, des enfants qui ne savent ni lire ni écrire, ni parler et qui de plus, jouent... Voilà de quoi ignorer parfaitement ce stade qui pourtant est le socle premier de tout apprentissage scolaire.

Les enfants de cet âge utilisent en priorité leurs sens, le tactile, l’intuitif, le jeu. Leur mode d’entrée dans la découverte du monde leur permet d’utiliser le numérique d’une manière totalement naturelle.

Une fois encore je m’interroge : pourquoi ne commençons-nous pas par le commencement ? Equipons en priorité les écoles maternelles. Redonnons à la recherche du temps pour travailler avec les enseignants de ce niveau scolaire. C’est là encore que les enseignants travaillent en transversalité, en projet, en sachant user du collectif, du groupe, de l’individualisation. Dossier : le numérique à l’école maternelle

Ce sont les écoles maternelles qui ont commencé à adapter leur structure aux élèves Il fallait dans les années 70 particulièrement, en accueillant les jeunes enfants en masse inventer de nouvelles structures plus adaptées et inventer la pédagogie qui allait avec…Car les jeunes enfants ne simulent jamais et un corps d’inspection (très féminisé là cette fois) très vigilant a su imposer quelques fondamentaux. Le mouvement associatif était puissant (l’AGIEM) il était le précurseur des mouvements collaboratifs et réseaux sociaux d’aujourd’hui. L’inscription de l’école maternelle au sein de l’école primaire, sa reconnaissance dans l’institution et les choix actuels tuent progressivement ce mouvement militant.

Nous pouvons peut-être imaginer que lorsque les colloques, les recherches, les questionnements seront moins centrés sur le numérique cela signifiera peut -être qu’il sera entré à l’école ! Mais il faudra avec l’accélération des techniques être très vigilants, prospectifs et associer en permanence la recherche !

La révolution ou le changement de paradigme

Le numérique ne peut pas prendre toute sa place à l’école dans un mode d’apprentissage tel qu’on le connait encore aujourd’hui.

Lorsque l’école de Jules Ferry se mit en place, les structures, les classes, les tables des élèves, les missions assignées aux enseignants et leur formation en « école normale d’instituteurs », les programmes, les évaluations étaient en totale adéquation. 

Si nous souhaitons aujourd’hui que l’école s’inscrive dans son temps ce n’est pas dans une école du passé que nous pourrons le réaliser même si les fondements gravés aux frontons des écoles de la république me semblent devoir encore avoir de l’avenir !

En termes de structure, la décentralisation et donc la proximité, a permis un plus grand dialogue et les établissements qui se construisent intègrent de plus en plus l’accès au haut débit, les salles à dimension variable, des espaces de rencontre élèves professeurs, des équipements et des ressources.

Cependant, le numérique impose une grande réforme telle que l’a pressentie Jules Ferry en son temps.

Je voudrais citer l’intervention de Serge Tisseron intervenant lors d’une table ronde préconisant d’associer culture, technologies et pédagogie.

Comment ?

  • En développant le (les) tutorat(s) Enseignants/élèves, élèves/enseignants, élèves/élèves/ tutorat intergénérationnel, en développant des « réseaux » autour des jeux par exemple. Cela permet l’affirmation de soi, d’adopter des identités par des jeux de rôles, de tenir compte de la manière dont les jeunes fonctionnent et de valoriser les compétences acquises en dehors de l’école
  • En valorisant les tâches collectives alternant exercices et activités collectifs et individuels.
  • En repensant la pédagogie : fixer des objectifs aux élèves et les laisser résoudre les les diverses tâches pour y parvenir.
  • En favorisant les jeux de rôles permettant de jouer sur des identités multiples permettant ainsi le développement d’attitudes pour défendre des positionnements. (A noter en septembre à l’initiative de la main à la pâte : mon cerveau face aux écrans, des besoins à préserver)
  • En valorisant le plaisir du débat et de la controverse dès l’école maternelle.
  • En travaillant sur la confiance en soi.

Il n’est donc pas question de se centrer sur les outils (à supposer tout de même qu’ils soient présents de manière égalitaire dans les écoles) mais sur des compétences à acquérir.

« L’ère cyberiste »

Divina Frau Meigs, intervenante à cette même table ronde, insiste pour sa part sur la nécessité de changer les mots, d’accepter la radicalité de la rupture. Nous sommes dans une ère cyberiste associant plaisir, loisirs et apprentissages. Il s’agit de développer une culture de l’information où les objectifs écrire lire compter deviennent des outils au service d’objectifs tels que savoir chercher, trier et valider des informations.

Compréhension, créativité, esprit critique sont donc nécessaires pour développer des compétences méta à la consommation, des compétences citoyennes, des compétences de compréhension interculturelles et des compétences de résolution de conflits.

Conclusion

Il sera donc nécessaire de provoquer un changement radical !

Prenant en compte globalement ce que nous voulons pour notre école de demain Il faudra que les missions, les structures et les programmes, les temps et les espaces, les évaluations et les formations soient entièrement revus !

Nous avons beaucoup écrit et publié sur ces sujets notamment dans Educavox il suffit de relire certains articles regroupés dans des dossiers, dans les rubriques « innovation » ou supports de formation » lire Michel GUILLOU, François GUITE, Jean-Luc RENAUD, Pierre FRACKOWIAK et bien d’autres, de lire les témoignages, de revoir les vidéos d’interviews de nombreux acteurs innovants…

Aujourd’hui on a envie de dire comme une parole hommage à un cinéaste disparu en ce jour : ACTION !

 Michelle Laurissergues

En savoir plus sur les rencontres : http://www.rslnmag.fr/post/2012/04/...

Laurissergues Michelle

Fondatrice et présidente d'honneur de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.