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Publié par Lise Galittre et Solène Méric dans Aqui.fr !Ce 12 décembre, dans le cadre de la journée « Savoirs en tête » consacrée à l’éducation et au numérique, différents ateliers ont été organisés tout au long de la journée. Qu’il s’agisse des enjeux économiques de cette numérisation à l’école, de l’usage de la tablette dans les écoles maternelles et primaires, des dispositifs hybrides mis en place actuellement dans l’éducation, des usages pédagogiques avec les réseaux sociaux ou des Environnements Numériques de Travail, chacun s’est attaché à ce que l’intégration du numérique à la sphère éducative se fasse de manière cohérente et constructive.

Dans la matinée, l’atelier «  Culture humaniste en classe élémentaire  » posait la question suivante : Comment traiter la culture humaniste au CE2 avec un Tableau Numérique Interactif ?

Pour Bernard-Yves Cochain, conseiller éducation Smart Technologie, le Tableau Numérique Interactif (TNI) permet de tirer parti de l’ensemble des élèves de manière plus efficace qu’avant : « le côté apparemment ludique du tableau interactif attire l’élève, le motive, le mobilise. Quand il se rend compte que chacun voit la même chose, il veut participer, s’approprier l’image ou le document avec l’ensemble de la classe ».

Pour Stéphane Coutellier-Morhange, maître-formateur et auteur et concepteur du pack ressources numériques de cycle 3 (CE2) chez Bayard, travailler avec des images est une nécessité : « Ce n’est pas une nouveauté mais les élèves fonctionnent toujours mieux avec des images. Qu’il s’agisse de photos ou d’illustrations, ça marche. Par exemple, lors d’une séquence sur la préhistoire, voir des dessins d’homo-sapiens, des représentations d’australopithèques, ça interpelle les enfants, ils s’étonnent de ce qu’ils voient et participent beaucoup : Pourquoi ? Comment ? Ressemble-t-il plus au singe, à l’homme ?..., autant de questions sur l’identité de l’humanité provoquées par une ou deux images. Le TNI permet alors de lier images et documents en très peu de temps et de ce fait, de capter l’élève, de lui montrer que ce qu’on dit, ce qu’on enseigne, se voit et est concret. »

Le projet pédagogique avant l’outil

Dans le même temps, un autre atelier intitulé «  Nomadisme et apprentissage  » cherchait à savoir si les outils nomades renouvellent les pratiques éducatives.

Pour Nicolas Vauzelle, Professeur de mathématiques, référent pour les usages pédagogiques numériques au collège de Montmoreau dans l’Académie de Poitiers, il y a en tous les cas une priorité à respecter. Il ne faut pas mettre les outils avant les usages. A l’inverse "c’est le projet pédagogique d’un enseignant, la demande d’un nouvel usage qui doit permettre à l’outil non seulement d’entrer dans l’établissement mais aussi d’en assurer son succès", au-delà de sa simple dimension de gadget. C’est ainsi que ce collège a pu s’équiper de tablettes numériques, de boitiers de vote ou encore de baladeurs numériques. Ces derniers ont par exemple été demandés dans le cadre de cours de langue. Face à une salle de labo de langue ordinaire et un peu vieillissante, ils ont ainsi permis à la fois une interaction entre les élèves jusque-là impossible, mais aussi une meilleure évaluation par le professeur de chacun d’entre eux puisque ces baladeurs permettent l’enregistrement.

Autre pratique éducative nouvelle : la possibilité d’un travail oral à la maison. Dans le cadre de projet pédagogique autour du patrimoine, les tablettes numériques permettent par exemple aux élèves, en lieu et place du traditionnel exposé de rendre un travail bien plus interactif mêlant photo, vidéo, enregistrement et travail rédactionnel…

Autre présentation de l’atelier : l’E-scan de la société 2SI par Agnès Buis Mauléon et son utilisation dans le cadre d’un CDI. Outre une grande qualité d’image et facilité d’utilisation, ce matériel permet des numérisations à vocation pédagogique permettant ainsi aux ouvrages de rester disponibles en consultation.

Enfin, Jean-François Joureau, fondateur de la société Kallysta a fait la démonstration de quelques-uns de ces outils dont des mallettes de classes mobiles, permettant par exemple de synchroniser une vingtaine de tablettes numériques en même temps, et par conséquent d’obtenir un gain de temps pour l’enseignant. Dans le même esprit de simplification des usages pour l’enseignant, il a présenté des logiciels permettant de prendre la main à distance sur l’ensemble des tablettes présentes dans une classe.

L’école hors les murs
Mais l’après-midi aussi a eu son lot d’ateliers, parmi eux, celui consacré aux ENT, les Environnements Numériques de Travail : « L’Ecole hors les murs avec les ENT, 1er et 2nd degré ; Les relations entre l’école et la famille sont-elles différentes ? Sont-elles facilitées par les espaces d’échange en ligne ? Constats, réussites, questionnements, améliorations à apporter ».

Qu’il s’agisse de maternelles, primaires, collégiens ou lycéens, tous sont aujourd’hui concernés de près ou de loin par les ENT. En effet, la maternelle n’échappe pas à cette modernisation de la vie scolaire comme l’explique Sylvie Storti, professeur et maître-formateur maternelle à Agen : « Créer un ENT dès la maternelle, c’est permettre aux parents de savoir ce que l’on fait en classequand parfois, l’enfant ne raconte rien ; c’est aussi une manière plus simple et plus rapide de mettre des photos, de signaler les anniversaires, les sorties, de mettre en avant un projet envisagé sur l’année avec les élèves… ».

Le collège est encore plus concerné par cette numérisation de la vie scolaire compte tenu de l’obligation d’avoir un cahier de textes numérique mise en œuvre en 2011. Pour François Bégards, chef d’établissement et professeur de mathématiques à Carignan-de-Bordeaux, « la communication se fait par l’ENT. Il vient comme un plus au site du collège et permet aux parents de consulter les notes de leur enfant, ses retards, ses absences. Pour les élèves, c’est également un outil précieux puisque emploi du temps et absences éventuelles des professeurs sont systématiquement mis à jour ; l’ENT permet aussi à chacun de consulter les cours en ligne dans la mesure où les professeurs se chargent de numériser ce qu’il se passe dans leurs cours. » Même constat au lycée avec la pression de l’examen final en plus.

En effet, comme le souligne Thierry Laribbe, professeur de sciences économiques et sociales et responsable de l’ENT au lycée Louis Barthou de Pau, « l’ENT au lycée permet aussi aux lycéens d’envisager et d’appréhender le baccalauréat de manière peut-être un peu plus sereine dans la mesure où tous les cours sont en ligne et où ils peuvent envoyer des questions qui leur posent problème aux professeurs ; le travail d’accompagnement et de suivi est favorisé par les ENT. »

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Collectivité, choix et pilotage

Dans un autre genre, en présence d’Anne-Marie Cocula, Vice Présidente du Conseil Régional en charge de l’éducation, de Sylvie Loizeau, Directrice Générale du service éducation au Conseil Général de la Gironde, de Bernard Cuartero, Maire de Cambes, de Jean Manuel Andreux, responsable de projets numériques à Bordeaux, et de Daniel Vosgien, Directeur du CRDP Aquitaine, c’est la dimension territoriale des projets qui a été évoquée.

A travers leurs témoignages, et leurs expériences, les participants à cet atelier ont ainsi pris conscience qu’au-delà des discours, le plus souvent enthousiastes sur l’intégration du numérique à l’école, ou la rapidité de l’évolution des technologies et des usages de ces technologies, le temps politique est nécessairement plus lent.

La mise en œuvre du numérique à l’école doit, elle aussi, faire face aux contraintes politiques et budgétaires. Une équation qui se complique, puisque ces politiques doivent rechercher une certaine collaboration entre elles ainsi qu’avec les services de l’Etat.


Pour autant, les collectivités ne restent pas immobiles, la Région a par exemple équipé les Lycées d’Aquitaine en tableaux numériques, met actuellement en place des Environnements Numériques de Travail et expérimente dans certains d’entre eux la mise à disposition de portables aux élèves, ou de salles informatique dédiées aux internats.


Différentes expérimentations sont également en cours dans certains collèges. Des expérimentations nécessaires car au-delà de la mise en place d’infrastructure, et d’outils numériques, les politiques veulent s’assurer que l’argent public investis dans ces projets soit aussi valorisé en termes d’usages par les élèves, les enseignants et les parents.


La question de la valorisation se pose à tous les niveaux territoriaux ce dont témoigne également le Maire de Cambes, qui a créé et mis à disposition de l’école une "école mobile" (autrement dit un lot d’ordinateurs portables) dès 2003 ainsi que des tableaux numériques pour l’école de sa commune. Mais, bénéficiant d’une plus grande proximité avec notamment les enseignants qui pourraient y être réfractaires, et donc d’une plus grande capacité de dialogue, sa politique pour école numérique s’avère plus facile à mettre en œuvre. Si Bernard Cuartero s’est lancé seul dans l’aventure de l’école numérique, d’autres communes font le choix de monter les projets ensembles.

C’est notamment le cas de la ville de Bordeaux, qui s’est rapprochée de 8 autres communes pour mettre en place de manière totalement partenariale un même Environnement Numérique de Travail dans leurs écoles. Une manière de standardiser l’éducation dans la cohérence territoriale, d’avoir une ressource mutualisée et adaptée mais aussi, et c’est un élément non négligeable, de mutualiser les financements.

Lise Gallitre et

journaliste-a8cb-db48dSolène Meric

Crédit Photo : Aqui.fr

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