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En marge des activités sociales et ludiques des colonies de vacances estivales, la Coopérative Jeunesse de Services (CJS) du YMCA Mile-End offre à une quinzaine de jeunes âgés entre 12 et 17 ans l’opportunité d’acquérir des compétences en gestion d’une coopérative, sur le plan des finances, du marketing et des activités sociales. 
Pour ce faire, l’organisme embauche des animateurs qualifiés (Voir l’équipe 2012 sur la photo) et bénéficie du soutien du Réseau de la coopération du travail du Québec. L’expérience menée depuis plusieurs années aurait des effets bénéfiques sur les résultats scolaires, en plus d’enrichir le curriculum vitae des participants, préalablement sélectionnés lors d’une tournée des écoles.
 
À travers cette expérience, les jeunes vivent des valeurs éducatives comme l’apprendre à apprendreen contexte extrascolaire et une initiation au monde du travail, en plus de l’importance de la collaboration et de la relation intergénérationnelle. Les TIC sont employées en appui au cours des différentes étapes du projet.
 
Apprendre à apprendre en contexte extrascolaire et dans le monde du travail
 
Hugo Saint-Laurent, agent de développement du Réseau de la coopération du travail du Québec, m’explique que le projet est porté par la communauté dans plus de 145 points de services au Québec, incluant Montréal et les régions comme Gatineau, Rouyn-Noranda et même Blanc-Sablon dans le nord de la province. Même si l’expérience vise l’amélioration de l’employabilité du jeune en lui permettant de s’initier au monde du travail, elle jouerait un rôle majeur sur la motivation à l’école. Les apprentis coopérants découvrent, par exemple, un sens concret aux mathématiques, en plus d’exercer des talents insoupçonnés. Une étude mentionnée par monsieur Saint-Laurent relierait d’ailleurs les activités du CJS à une amélioration des résultats scolaires des participants.
 
La démarche éducative mise en place répond au principe du Apprendre à apprendre. Pour Andrée, l’une des animatrices de l’édition 2012, le CJS constitue un véritable apprentissage des valeurs démocratiques. Les jeunes participent à parts égales au processus de décision lors des réunions hebdomadaires du Conseil d’administration, apprennent les règles de tenue des assemblées et se sous-divisent en comités selon leurs forces et leurs intérêts dès les premières rencontres. Si le rôle des animateurs est plutôt directif au cours des trois premières semaines de la formation, des leaders chez les jeunes sont rapidement identifiés afin d’assurer aux membres un transfert des responsabilités aussi bien à l’intérieur des comités finances, marketing et social que lors des autres rencontres du CA.
 
L’une des animatrices du CJS, Caroline, a pu se trouver un emploi, une fois l’âge légal de travailler atteint, donnant ainsi aux nouveaux coopérants un exemple de réussite professionnelle.
 
Le sens de la collaboration et les relations intergénérationnelles
 
L’impact du projet serait considérable sur la communauté entière par l’établissement de nouveaux ponts générationnels. C’est ainsi que les jeunes ont mis en place leur offre de services, vus comme des stages, composée des travaux de lave-auto, de promenades de chiens, de peinture, etc., destinée aux adultes du quartier et qu’ils ont conçu intégralement le spectacle et l’animation du lancement officiel de leurs activités estivales devant leurs parents et des clients potentiels. Au sujet des contrats obtenus, on nous assure que toutes les mesures sont prises pour veiller à la sécurité des stagiaires, un animateur se rendant sur les lieux pour y analyser les conditions proposées et, si nécessaire, exiger les accomodements appropriés.
 
Entre les séances de travail, des activités sociales sont aussi tenues à l’intérieur du YMCA, dans le but notamment d’assurer le développement d’un meilleur esprit d’équipe et de favoriser encore davantage la collaboration. De façon ludique, les jeunes exercent des habiletés communicationnelles reprises lors de leurs discussions d’équipes. Vers la fin de l’été, un bal est aussi prévu pour réunir en un seul évènement les coopérants ayant participé à des CJS sur l’ensemble du territoire montréalais. Bien qu’il s’agisse essentiellement d’une activité sociale, la rencontre constitue également une première expérience de réseautage, incluant les divers organisateurs de CJS, à la recherche de candidats intéressants pour combler divers postes jeunesse.
 
Quelques mots sur les TIC
 
Si les TIC semblent ignorées dans le discours officiel, c’est qu’elles y sont intégrées naturellement. Ainsi des outils de bureautique peuvent très bien servir au comité des finances pour assurer le suivi des contrats de service et faciliter la tenue de livres, alors que le comité du marketing fait un usage de divers produits d’édition électronique pour la confection de ses dépliants et annonces publicitaires. Le comité social emploie aussi le Web 2.0 dans l’organisation de sa programmation. Une pageFacebook, par exemple, devrait être alimentée au cours de l’été pour établir des contacts avec la clientèle.
 
Conclusion
 
Les projets éducatifs extrascolaires comme les Centres Jeunesse de Services (CJS) constituent un bon indice de la valeur croissante que la communauté accorde à l’apprentissage expérientiel chez les jeunes de 12 à 17 ans. Ces aventures facilitent l’acquisition de compétences en lien avec le monde du travail, et développent chez les jeunes une attitude positive face à l’apprentissage, la collaboration et les rapports intergénérationnels. Dans cet univers, l’usage des TIC va de soi, tout comme il est normal de se parler au téléphone ou d’allumer une lampe pour s’éclairer.
 
En terminant, j’avoue avoir particulièrement apprécié la formule d’encadrement du CJS, qui débute par quelques semaines de formation formelle et de suivi serré, pour ensuite tendre vers une forme de non-interventionnisme et de soutien sur mesure. Cette vision du Apprendre à apprendre permet aux jeunes d’acquérir d’importantes stratégies qui leur seront utiles dans une démarche d’apprentissage tout au long de la vie.
 
Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation
 
Références
Renaud Luc

Luc Renaud est spécialisé en technologie éducationnelle et enseigne le français langue seconde depuis plusieurs années auprès d’une clientèle adulte immigrante. Détenteur d’une maitrise en éducation, il a aussi été chargé de cours à l’Université de Montréal dans le domaine de l’intégration pédagogique des TIC, et a participé à des projets de recherche portant sur la formule hybride et le socioconstructivisme. Il possède également une solide expertise en développement et expérimentation de formations en ligne et s’intéresse vivement à la collaboration internationale. 
Mal à l’aise dans le milieu scolaire, il croit à une remise en question continuelle de l’école ; il tient d’ailleurs un blogue, L’éduc-acteur, le Blogue de Luc Renaud, sur des thèmes variés, qui mettent de l’avant l’importance de l’autoformation.
Il est aussi entrepreneur, ayant démarré récemment une entreprise de consultant en technologie éducationnelle, La boîte à idées E.T.L.R. Ideas Boxdans la région de Montréal.


Montréal, Québec (Canada)