fil-educavox-color1

CAPNUM est le séminaire organisé le mercredi 6 avril dans le Palais des congrès du Cap d’Agde par l’académie de Montpellier et sa directrice régionale au numérique éducatif : Madame Sabrina Caliaros, en collaboration avec CANOPE, atelier 34. Il marque le lancement dans le département de l’Hérault du dispositif Territoire Numérique éducatif que l’Hérault rejoint avec neuf autres départements après les expérimentations menées dans l’Aisne et le Val d’Oise.

1 te FPpJtIpXsAE9huD

Dans ce cadre, Madame Becchetti-Bizot, Inspectrice générale et médiatrice de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur est interrogée par Monsieur Christophe Mauny, DASEN de l’Hérault.

Madame Becchetti-Bizot a une longue et solide connaissance du numérique éducatif sous tous ses aspects puisqu’elle a été  à l’origine de la création de la Direction du Numérique Educatif.

A ce titre elle rappelle que l’objectif de la DNE est de faire entrer l’école dans l’ère du numérique sachant que, comme le dit le slogan, « l’école change avec le numérique ». Pour être plus précis il s’agit d’apporter une réponse à la question : « Comment la forme scolaire doit-elle accompagner la transformation de l’environnement, de l’espace-temps scolaire, de l’accès au savoir ? » C’est cet espace-temps qu’il convient de mettre au centre de l’école.

1 petiteFPpXEfUXIAI Tz Elle évoque également en préambule son rôle de médiatrice qui est principalement de répondre à des requêtes formulées par tous les acteurs de l’école (personnels, parents d’élèves…) mais qui ne se limite pas à cela puisque ses rapports annuels contiennent aussi des recommandations formulées pour l’amélioration du système éducatif. Le fil conducteur des dernières observations et recommandations de ses rapports est que le bien-être et la qualité de vie au travail sont des conditions nécessaires à la réussite scolaire*.

Monsieur Christophe Mauny évoque le contexte actuel et tout particulièrement la fracture numérique révélée par la crise sanitaire en cours avant de formuler la question :

Est-ce que le Territoire Numérique Educatif peut constituer une approche pour questionner les pratiques des enseignants et l’apprentissage des élèves ?

La création d’un Territoire Numérique Educatif suppose la mise en place des équipements nécessaires mais cela n’est pas suffisant. Ceux-ci doivent être en lien étroit avec les besoins recensés sur le terrain et répondre aux questions : Pourquoi ? Pour quoi faire ? Pour quels usages ?

 

La réponse doit être complétée par une formation des enseignants mais aussi des parents et des représentants des collectivités territoriales en lien avec le monde de la culture et les associations partenaires de l’école publique. Monsieur Vincent Peillon alors ministre de l’éducation nationale avait dit en son temps que « tous les maillons de la chaîne sont indispensables ». La crise joue le rôle de révélateur et le Territoire Numérique Educatif est une réponse dans laquelle le numérique sert de levier pour changer la forme scolaire, changer l’apprendre et l’enseigner.

La crise a montré que des formes scolaires traditionnelles sont bousculées,  y compris dans leurs règles de fonctionnement, mettant ainsi élèves et enseignants dans des situations délicates.

1 beket et dasenFPpWBj4XMAYbV5hMais n’est-ce pas là l’émergence de nouvelles opportunités pour repenser les relations élèves enseignants, pour faciliter les apprentissages ?

Le numérique n’est pas qu’un outil ; il entraine des modifications car il a un réel impact sur le système.

D’où l’émergence d’opportunités à réfléchir et utiliser pour répondre aux enjeux nouveaux de la société transformée par le numérique. Les dichotomies temps scolaire- hors temps scolaire, présentiel- distanciel, virtuel-réel sont des différences qui n’ont plus beaucoup de sens ni de raison d’être. Il convient de repenser un continuum pour l’éducation qui engage tout le monde dans un même processus.

 

Cela fait apparaître le besoin d’un scénario structuré pour l’organisation du savoir englobant les différents lieux et supports de celui-ci. Madame Bizot utilise là des formules fortes : « faire classe c’est être un chef d’orchestre ; enseigner c’est créer les conditions pour que les élèves apprennent ». Cela ne signifie pas renoncer à des formes et des pratiques qui ont déjà fait leurs preuves mais diversifier. Il n’y a pas de modèle figé mais un vrai besoin d’invention.

 

Pour jouer ce rôle au niveau d’un établissement scolaire, l’enseignant ne peut pas être seul…tous les personnels sont embarqués dans le Territoire Numérique Educatif et gestionnaires et chefs d’établissement y sont particulièrement importants. La crise sanitaire a fait clairement apparaître qu’isolement et solitude sont des freins et des obstacles…d’où l’importance du lien, du travail en équipe, qu’elle soit disciplinaire ou thématique.

 

C’est sans doute alors la médiatrice qui parle et enchaine sur les ressources à disposition des enseignants. Elle rappelle les deux logiques antagonistes qui ont prévalu dans leur mise à disposition : Eduscol, logique descendante de ressources venues de l’institution ; Educnet portail de ressources produites par les enseignants eux-mêmes avec l’idée de partage et un encadrement des corps d’inspection. C’est la logique de partage et d’écoute des besoins qui prévaut actuellement. Le rôle du système éducatif n’est pas de produire pour les professeurs mais de créer les conditions pour que ceux-ci produisent leurs propres ressources et les partagent dans un cadre sécurisé pour démultiplier l’invention pédagogique.

La mise en place du Territoire Numérique Educatif entraine un besoin de formation. Celle-ci apparaît comme de plus en plus nécessaire depuis la crise.

Elle est la pierre angulaire du dispositif tant pour les enseignants que pour les parents. Quelles réflexions peut-on porter sur la formation pour répondre aux besoins ?

La formation est, certes, le nerf de la guerre mais…formation à quoi et pourquoi ?   Le problème ne porte pas tant sur les compétences techniques mais plutôt sur les compétences cognitives et culturelles, sur les capacités de recherche, d’interrogation et d’organisation du savoir, du questionnement du contenu. Les compétences fondamentales ne sont pas nécessairement numériques.

 

Par exemple, les décrocheurs sont essentiellement ceux qui n’ont pas la maturité et l’autonomie suffisante pour fonctionner dans un cadre nouveau. Il faut donc définir des règles du jau dans cet univers qui explose. C’est là-dessus que les professeurs ont le plus besoin de se former et d’échanger entre pairs dans des groupes de travail, en faisant appel à l’intelligence collective pour enseigner autrement, pour que les élèves apprennent mieux.

 

Par ailleurs, il faut complètement impliquer les familles dans ce processus. On n’enseigne pas la responsabilité et l’autonomie. Ce sont des compétences qui se construisent à la condition de créer les situations pour que l’élève s’engage, avec un tableau de bord, certes, avec un fil conducteur pour structurer l’enseignement et les apprentissages et c’est cela qui est objet de formation.

1 FARIdKbVIAQxLtG

Accès au rapport

 

Favoriser le bien-être pour la réussite de chacun

https://www.education.gouv.fr/favoriser-le-bien-etre-pour-la-reussite-de-chacun-rapport-2020-de-la-mediatrice-de-l-education-324221

Dernière modification le lundi, 15 mai 2023
Puyou Jacques

Professeur agrégé de mathématiques - Secrétaire national de l’An@é