Après l'annonce des premières pistes du plan d'action de Bordeaux dans le cadre de l'obtention du label FrenchTech, le numérique est plus que jamais d'actualité. Une occasion en or pour le huitième forum "Néo-Médias" organisé par la MMI de l'Université Bordeaux Montaigne, dont l'un des temps forts était une conférence en fin de matinée sur "les projets numériques phares du territoire". Occasion saisie par Thomas Baudin, Directeur délégué de FrenchTech, qui tenait à balayer certaines idées reçues sur ce label. "FrenchTech génère beaucoup de fantasmes. Certains disent que nous ne sommes faits que pour les accélérateurs, d'autres que ce n'est que de la com'. C'est bien évidemment faux". Et l'intéressé de rappeller le financement de l'Etat fourni à auteur de 200 millions d'euros, et des 15 millions d'euros réunis pour favoriser le "rayonnement international" des start-ups bordelaises.
L'Aquitaine, véritable accélératrice d'initiatives Thomas Baudin détaillait ainsi 5 objectifs principaux partagés par les 9 métropoles labellisées : contribuer à la structure et à l'animation de l'écosystème, accélérer la croissance des start-ups, leur faciliter l'accès aux marchés, "développer les talents dont les start-ups manquent cruellement" et les faire accéder à l'international. "L'idée du label commence à faire son chemin. Nos ambitions, c'est d'abord de créer une base de données centralisée des start-ups, pour qu'elles puissent venir renseigner leur situation. Ensuite, ce serait de mettre en place une "task force" ("force opérationelle", NDLR) sur la base du volontariat, qui travaillerait afin de mettre en oeuvre ces 5 axes".
Une envie d'accélérer la mise en oeuvre partagée par Laurent-Pierre Gilliard, Directeur Général Adjoint d'AEC (Aquitaine Europe Communication), venu parler au public de la salle de l'avancement des travaux de la future Cité Numérique. "Ce projet urbain, au coeur d'un quartier en plein développement, a vocation à devenir le hub des réseaux et des initiatives du territoire, une sorte de vitrine des entreprises du numérique en Aquitaine". Au coeur de ces 27 000 mètres carrés aménagées, un centre d'innovation qui réunira une cinquantaine de projets en simultané, une école numérique pour la formation (3 écoles de formation continue vont s'y installer), un musée "replay" consacré à l'histoire du jeu vidéo ou encore un fablab, des logements et des infrastructures haut-débit.
Confiance et audace"12 start-ups sont déjà présentes sur le site comme Hello Asso ou Rhoban", précise Laurent-Pierre Gilliard. Les travaux débuteront en juin prochain et le projet devrait être livré fin 2016, mais 70 000 m2 sont dores et déjà réservés. Enfin, le forum était aussi une parfaite tribune pour Jacques Peyrondet, Président de Digital Aquitaine, un groupe de bénévoles entrepreneurs réunis depuis 3 ans pour contribuer au "rayonnement de Bordeaux, et favoriser l'installation d'industriels ou d'éditeurs du numérique". Mais Digital Aquitaine n'est pas uniquement à vocation bordelaise : "il ne faut pas oublier de transférer de la richesse aux autres territoires, afin de faire de la région Aquitaine dans son ensemble un immense spot de création de richesses. Il n'est pas question d'ostraciser les autres parties de notre territoire". Digital Aquitaine est ainsi organisé autour trois thèmatiques principales : le commerce connecté, l'e-santé et les transports intelligents. Parmi ses instruments, le CATIE (Centre Aquitain des Technlogies de l'Information et Electroniques), sorte d'outil de recherche inversé ou les entreprises pilotent les futurs objectifs des chercheurs.
Fort d'une dizaine de personnes au service des entreprises et de 300 adhérents, Digital Aquitaine a elle aussi de grandes ambitions pour les années à venir. "Il est fort possible que le prochain Google Analytics parte d'Aquitaine", prophétise ainsi Jacques Peyrondet. "Créer de la confiance, ça permet l'audace". La confiance, l'Aquitaine a déjà prouvé qu'elle pouvait en susciter. Reste à voir arriver la fameuse "audace" sur laquelle les intervenants du forum semblaient tous s'accorder.
Mais avec ce forum "Néo-Média", les professionnels ont montré que le développement du numérique sur le territoire était bien en bonne voie. Bruno Beteille Aqui.fr.fr
Le 8ème Forum « néo Médias, nouveaux Métiers » a également traité de l’éducation et du numérique.
Pourquoi et comment le numérique et les jeux sont-ils au service de l’éducation ?
Pourquoi l’économie de la connaissance est une révolution ?
Le numérique pour l’enseignement : mythe ou réalité ?
Comment apprendre en jouant ? Comment gérer l’utilisation des écrans ?
Le numérique, seul moyen de réaliser sa veille ? Comment s’organiser pour être efficace ?
Michel Guillou, consultant, observateur du numérique éducatif, auteur à Educavox, Guillaume Largillier, fondateur de CSO Stantum et Antoine Bidegain, chargé de mission auprès de Bordeaux Métropole, en ont été les intervenants.
Il était intéressant d’observer que les intervenants ont surtout exprimé des questionnements. Il a été fait, plusieurs fois, allusion à l’ouvrage de Davidenkoff, « le Tsunami numérique » traitant en particulier de l’hybridation du savoir.
Michel Guillou a donc questionné.
Fascination ou répulsion pour la technique ?
Que doivent devenir les temps et les espaces d’enseignement ?
Etat des salles d’enseignements : fermées, non modulables ?
Comment sauvegarder la légitimité des enseignants ?
Comment, aujourd’hui, le maître comprends-t-il qu’il n’est qu’une source d’informations ?
Comment faire évoluer les missions et les services des professeurs ?
Comment adapter les programmes et les référentiels de l’école ?
Comment intégrer la littératie numérique, médiatique et informationnelle ?
Comment mettre du (co) et du (trans) chez les enseignants ?
Comment former les élèves aux métiers de demain ?
Comment intégrer réellement la culture numérique, scientifique et technique et surtout humaniste sociale et citoyenne ?
Michel Guillou insiste sur la nécessité que chaque enseignant et l’institution éducative prennent conscience de l’évolution de notre société et souhaite, en conséquence, des réponses adaptées à cette nouvelle donne.
Guillaume Largillier a lui insisté sur l’établissement de liens forts entre l’apprendre, l’enseignement et l’éducation. Chaque concept ayant sa spécificité, mais au centre de cet écosystème, se trouve l’enseignant. Il pense qu’il est depuis presque 35 ans un peu l’oublié de l’évolution de notre civilisation. Et pourtant le numérique peut le mettre en valeur.
Antoine Bidegain exprime l’idée que l’éducation est centrale pour rester maitre des évolutions du monde. Il insiste sur le capital humain qui doit pousser à l’investissement sur l’école et la formation. Parler d’intelligence collective dans la société de la connaissance c’est hisser l’enseignant, formé, rassuré, comme acteur incontournable de notre société.
Dernière modification le lundi, 13 juin 2016