Plusieurs études nationales et internationales (PIRLS, Pisa…), se penchent sur le niveau et les compétences des élèves et la plupart relève une nette régression des résultats, notamment en mathématiques et en français.
Ainsi, l’enquête TIMSS[1] 2015 se focalisant sur les mathématiques et les sciences montre que 45% des élèves français sont dans le groupe le plus faible des pays européens et la récente étude PIRLS[2] 2016 met en évidence des performances en compréhension de l’écrit des élèves en fin de quatrième année de scolarité obligatoire - CM1 pour la France - en baisse au regard des quatre critères examinés : prélever des informations, faire des déductions, interpréter et assimiler, examiner et évaluer le contenu.
En début de 6e, 20% à 30% des élèves n’ont pas acquis les attendus du socle (DEPP, 2016).
Par ailleurs, l’impact des inégalités sociales sur les résultats scolaires reste très fort en France : 90% des élèves issus de milieux favorisés maîtrisent le socle contre 55 à 69% des élèves issus de milieux défavorisés, selon les compétences.
Pourtant, selon la recherche, quasiment tous les enfants pourraient réussir avec des méthodes d’enseignement adaptées et déployées très tôt, dès le primaire.
Les pédagogues incitent ainsi à plus de différenciation, de personnalisation et de travail collaboratif entre élèves. Les réformes vont d’ailleurs dans ce même sens.
Toutes ces pédagogies ne sont pas nouvelles : Pestalozzi au 18ème siècle parlait déjà de personnalisation des apprentissages, de travail collaboratif, de tutorat entre élèves… Mais très chronophages, ces pratiques ont du mal à se généraliser.
Le numérique se révèle être un support/une aide incontournable : il aide à la mise en place de ces nouvelles pratiques ; il permet de suivre et gérer chaque élève, de respecter les besoins de chaque élève et de lui donner tous les moyens pour réussir. Ainsi, d’après l’enquête PROFETIC 2016, 90% des enseignants estiment que le numérique est un « plus » pour diversifier leurs pratiques pédagogiques ; ¾ enseignants pensent que le numérique fait progresser l’élève dans ses apprentissages.
Depuis quelques années, les collectivités locales investissent pour passer à "l’Ecole numérique".
Malgré des budgets très importants, les résultats scolaires des élèves français ne s’améliorent pas systématiquement.
Quels sont les points communs des projets qui réussissent ? Comment mettre toutes les chances de son côté pour réussir sa politique éducative numérique ? Comment équiper ?
Comment lutter contre l’impact des inégalités sociales et l’échec scolaire ? Comment favoriser la réussite de tous les élèves ?
Comment créer les conditions du changement ? Comment généraliser une expérimentation réussie ? Comment évaluer sa politique numérique éducative ?
De nombreuses questions auxquelles les participants allaient répondre à travers cette rencontre.
TEMPS 1 : Qu’est-ce qui change aujourd’hui ?
Michel PEREZ, Président de l’An@é – Association nationale des @cteurs de l’Ecole
« Préparer les élèves à leur avenir et non à leur passé », c’est l’enjeu auquel l’ensemble des acteurs de l’éducation et les collectivités sont aujourd’hui tenus de répondre, et d’appeler à un changement de vision et de perspectives, à l’heure d’un numérique dont la portée ne peut se résumer à un ensemble d’outils, mais revêt la forme d’un phénomène social et culturel puissant, disruptif et créateur d’usages nouveaux, comme le met en perspective Nicolas Colin, fondateur de The Family co-auteur avec Henri Verdier de l’Âge de la multitude.
Nous sommes à l’ère de l’ATAWAD[3], dans laquelle les individus, a fortiori les Jeunes sont hyper socialisés (Youtube, Instagram, Snapchat, Twitter, Facebook) et ont un accès permanent à l’information, aux environnements personnels d’apprentissage, constituant le socle d’une véritable intelligence collective.
Alors le numérique à l’école, dans sa perception, son appréhension et ses usages est-il en phase avec cette réalité ? Nous ne sommes qu’au commencement, même si 80% des professeurs indiquent utiliser le numérique dans leur enseignement et pensent qu’il peut faire progresser leurs élèves.
Une révolution pédagogique est en marche pour répondre aux élèves toujours plus hyperactifs pour lesquels l’enseignement frontal et trop passif ne correspond plus aux attentes.
Le BYOD y participe, où chacun apporte ses outils pour travailler en classe ou pour faire des twictées, par exemple ; le Ministère de l’éducation nationale ayant par ailleurs publié un guide relatif au Byod et aux projets pédagogiques qu’il permet. Les enseignants commencent à recourir aux classes inversées, font coder et initient les élèves aux médias et à l’information (dans la loi), les sensibilisent à l’usage des données et à la protection de leurs données personnelles.
Smartphones, PC portables, tablettes sont les supports numériques qui permettent aux enseignants et aux élèves de travailler, de produire collaborativement et d’apprendre de façon plus ludique les maths, le français, etc ou les langues, grâce aux ressources logiciels (cartes mentales, etc.), plateforme eTwinning, et aux ressources sur le portail d’Eduscol.
C’est un changement disruptif qui se produit à quatre niveaux : dans ce que l’on apprend, comment on l’apprend, où on apprend, quand on apprend et avec qui on apprend.
Comme l’explique Serge Tisseron, la relation entre l’élève et le professeur change radicalement et l’école ne peut plus faire la " même chose " qu’avant, à savoir un enseignement purement frontal. "L’introduction des technologies numériques à l’école, ce n’est pas seulement faire les mêmes choses autrement, c’est une manière de repenser tout l’enseignement "
Et cette évolution dans l’enseignement oblige à repenser les équipements, les espaces, les salles de classes, leur modularité, mais aussi l’organisation des temps jusqu’aux pratiques managériales dont la verticalité ne répond plus aux attentes. Il s’agit désormais d’encourager la médiation pédagogique et de travailler par projets.
La multiplication de tablettes par dix dans les salles de classe (avec le plan numérique pour l’éducation) bouleverse les pratiques. De même que les Espaces numériques de travail, à l’instar de celui du Conseil départemental du Val d’Oise qui est ouvert au premier degré pour assurer la continuité du cycle 3.
Les élèves doivent développer de nouvelles compétences : cognitives, littéraires, et adapter au monde réel (« life skills »). Il leur est demandé de leur donner les moyens de l’autonomie, de la créativité, de l’empowerment. Il est désormais possible d’évaluer par projets, par compétences.
C’est donc l’ensemble du système scolaire qui se trouve impacté par le numérique.
Le rapport de l’OCDE 2015 insiste sur le fait que la réussite des élèves repose moins sur le numérique que sur l’intervention d’acteurs clés : enseignants, directeurs d’établissement, décideurs (dont les collectivités), qui doivent être porteurs d’une vision, de projets pédagogiques pour permettre aux élèves d’acquérir ces compétences nouvelles.
Auquel cas, il y a risque de « mismatch », de décalage entre l’offre éducative qui peut être celle d’hier et le besoin des usagers d’aujourd’hui. Il est ainsi impératif de mettre les modalités d’apprentissages en adéquation avec la réalité d’aujourd’hui. A titre d’exemple, le « Mooresville Graded School District » en Caroline du Nord où son directeur Mark Edwards témoigne du niveau d’excellence de ses élèves obtenus grâce à la mise en adéquation du programme pédagogique avec les besoins d’enfants (présents et pour un futur proche).
Car avec les outils numériques, c’est un nouvel ennemi qui peut apparaitre : la passivité numérique.
Le succès de l’école repose donc sur de nouvelles pistes pédagogiques pour les enfants (activités, projets, travail collaboratif, évaluation sur projets).
Isabelle KERKHOF, 3ème Vice-Présidente au développement de la solidarité intercommunale, au schéma de mutualisation et au numérique de la Communauté urbaine de Dunkerque et Maire déléguée de Coudekerque-Village
L’éducation nationale ne doit pas être seule actrice dans le changement, les collectivités territoriales jouent un rôle important. Bien que la pédagogie ne soit pas dans leur champ de compétences, elles investissent en revanche massivement dans les équipements numériques et les établissements scolaires. C’est ce que je fais en tant que maire, à travers l’équipement de classes en TBI (tableau blanc interactif). Mais j’attire aussi l’attention sur des équipements et des outils mis en place dans les établissements et qui ne sont pas toujours utilisés et qui peuvent devenir rapidement obsolètes.
Les collectivités territoriales interviennent à différents niveaux ; à ce titre, si l’intercommunalité dunkerquoise n’a pas la compétence éducation, elle contribue néanmoins largement à l’effort conduisant une politique d’égalité d’accès aux outils et aux ressources, qu’il s’agisse d’une toute petite commune ou de la plus grande.
Dans ce sens, la CUD a une boucle locale réseau pour connecter ses établissements scolaires ; mais parce que le débit n’est pas toujours suffisant, elle a lancé une DSP (délégataire Covage) pour déployer la fibre optique et réduire à terme la fracture sur son territoire et entre lieux de scolarité.
L’intercommunalité ne s’arrête pas là pour résoudre les inégalités scolaires. En effet, elle vient d’ouvrir son réseau des Balises. Véritables bibliothèques connectées, pour répondre à l’absence de ces lieux de connaissance et de culture dans les petites communes ou aux choix plus restreints, cette plateforme permet aux familles d’accéder, avec une seule et même carte d’adhérent, aux mêmes offres : films, musique, livres et accompagnement scolaire via la plateforme de contenus Maxicours.
Sur l’école de demain, la Vice-Présidente au numérique est persuadée que c’est vers une pédagogie différenciée qu’il faut tendre pour répondre aux besoins de tous les enfants. Il est important pour les collectivités d’en prendre conscience et qu’elles s’adaptent également aux nouveaux besoins et aux nouvelles attentes, avec un bémol cependant, que les enfants soient accompagnés au numérique, à l’esprit critique et à l’importance des données personnelles, à l’instar des usages qu’ils font des réseaux sociaux et des risques qui en découlent.
Christine JOUAN-BRUNEAU, Adjointe au Maire de la ville de Boulogne-Billancourt et Expert-associé à l’Unesco.
L’école pilote du numérique répond à la fois à un projet politique et à un projet éducatif hors norme. Elle se situe sur la commune de Boulogne-Billancourt, dans l’écoquartier du Trapèze, ce qui n’est pas non plus un choix anodin.
A titre indicatif, Boulogne-Billancourt est la plus grande commune de France, après Paris ; elle accueille près de 40 000 emplois dans le numérique, dont un fort écosystème de start-ups. Motivée par ce contexte, l’équipe municipale a décidé de créer une école pilote du numérique afin de préparer l’avenir des enfants au numérique. Cette école compte à ce jour 4 classes et montera à 18 à partir de la rentrée scolaire 2018.
Conscients que les enfants de cette école vivent dans un univers très particulier, les élus ont rassurés les parents en leur assurant que ce projet pédagogique, architectural et environnemental est soutenu et accompagné par l’Education nationale, et qu’ils souhaitent offrir de nouveaux moyens de créer, de collaborer, d’innover et de penser.
Travaillant en mode projet avec les enfants, les enseignants sont spécifiquement formés avec le numérique et aux méthodes collaboratives et les salles de classes ont été pensées pour être modulables en conséquence.
Le bâtiment est un modèle en termes de consommation énergétique et de recyclage.
Il comporte deux salles radio, d’enregistrement TV web, deux salles dédiées aux créations numériques avec imprimantes 3D, robotique et une salle de création permettant d’accueillir des enseignants de toute la France pour être formés à ces nouvelles pédagogies numériques.
Des salles ont été sanctuarisées pour faire entrer depuis l’extérieur des associations, des entreprises, offrir des moments spécifiques et évènementiels ; elles sont ouvertes sur le quartier et en connexion avec le collège qui se situe en face et à proximité d’un futur lycée.
Elle s’intègre dans ce quartier du Trapèze à la respiration singulière, qui accueille également une école de la biodiversité.
Les élus souhaitent que se développe une synergie entre cette école primaire exceptionnelle et le collège, plus classique. Ils sont conscients du monde qui change avec le numérique, des nouveaux comportements et des nouvelles compétences à acquérir en conséquence. Avec ce projet, ils essayent de l’appréhender, tout en souhaitant aussi laisser la place aux compétences que l’on acquiert sans le numérique.
L’adjointe au maire insiste sur le fait que l’ensemble des acteurs du projet sont dans une évaluation permanente pour voir comment le numérique permet de répondre qualitativement aux nouveaux enjeux, au développement de nouvelles compétences et aux nouveaux acquis.
Ce projet doit également être l’occasion de créer de la capacitation (empowerment) à l’endroit des filles, afin qu’elles puissent parvenir à se former et à accéder aux mêmes métiers que les garçons.
Le numérique n’est qu’un outil qui n’a de valeur que s’il est intégré dans un projet.
Intervention de la salle : Dominique HENICHART – Adjointe au maire de la Ville de Roubaix
Les propos des élus dont ceux de Madame Christine Jouan Bruneau résonnent avec les volontés de la ville de Roubaix : dépasser les problématiques de matériels pour travailler en projets, pour faire en sorte que les enfants développent des capacités et puissent s’adapter au monde de demain.
En revanche, cela a été longtemps difficile de faire entrer l’éducation nationale – les enseignants – dans un mode projets. Et puis, l’espace est important ; il faut de la modularité. C’est en revanche une question de moyens financiers.
Cette école numérique doit être donnée à voir, à comprendre et à visiter !
Philippe LECLERCQ, Délégué académique au Numérique, Délégation académique au numérique éducatif de l’académie de Lille
L’outil ne produit pas de miracle, c’est la personne qui importe.
Si l’académie de Lille est très vaste, elle n’en reste pas moins au contact des élus et ce depuis que les politiques éducatives ont été mises en place.
L’éducation nationale travaille avec le monde de l’industrie, du commerce, … l’école n’est ni statique ni renfermée sur elle-même. La collaboration est une réalité.
L’académie de Lille représente 530 collèges et lycées publics, 3300 écoles publiques. 15 000 professeurs y sont formés.
Le numérique a un coût financier considérable pour l’éducation nationale et pour les collectivités territoriales.
En termes de couverture numérique, le territoire n’est pas encore connecté à 100%, mais c’est en cours, grâce au politique active des collectivités qui agissent pour lutter contre les disparités territoriales qui touchent également le corps enseignant.
L’investissement de l’Etat est important, en confère le plan numérique à l’école (Présidence de François Hollande). Les ENT ont été développés, des tablettes ont été distribuées sur le territoire (répartition des investissements : 50% Etat, 50% collectivités).
Et les pratiques pédagogiques ainsi que les politiques de formations des enseignants ont dans ce sens évolué dans les départements du Nord et du Nord Pas de Calais.
Un ENT a été déployé, fruit de la coopération entre les Collectivités territoriales, la Région, la DRAF et l’académie via l’utilisation du groupement de commandes : depuis 5 ans, un enfant entrant en 6ème peut avoir jusqu’au lycée un ENT cohérent. Ce projet s’accompagne d’un plan de formation considérable.
Ouvert aux familles, il a permis de les rapprocher et même de faire « entrer » les parents au collège.
Sur le territoire du Bassin minier, l’éducation nationale a été sollicitée pour déployer sur 890 écoles prioritaires un environnement collaboratif : le GisemENT de savoirs. Egalement ouvert aux enseignants de maternelles, il suscite l’adhésion et l’enthousiasme des parents.
Il faut battre en brèche l’idée injustement fondée que la formation des enseignants n’est pas en relation avec les besoins.
Les pratiques pédagogiques, le travail collaboratif, l’interdisciplinarité sont encouragés par l’académie, pour accompagner les enfants, ces digital natives, notamment dans l’usage du numérique, de leurs données et des réseaux sociaux, à l’esprit critique.
Enfin, le ministère met à disposition des banques de ressources numériques éducatives (BRNE), gratuitement, dans de nombreuses disciplines qui sont produites par les éditeurs, les start-ups, ou le CNED qui teste sa plateforme Devoirs faits dans 40 collèges à ce jour.
Le rôle des enseignants a déjà changé et depuis longtemps. Ils sont formés dans un esprit de culture numérique, avec des ateliers de créativité numérique, pour de nouvelles pédagogies afin de répondre à la réussite éducative des enfants et au regard des nouvelles compétences dans un monde qui change.
TEMPS 2 : Lutter contre l’inégalité scolaire
Béatrice BERROYER, Adjointe au Maire en charge de l'éducation, de la petite enfance, du programme de réussite éducative et de la restauration scolaire à la ville de Béthune
La Ville de Béthune depuis le changement de majorité axe sa politique autour de la smart city, dans laquelle le citoyen a un rôle majeur, au centre du dispositif, comme acteur du changement et du bien vivre ensemble. La ville a d’ailleurs mis en place le dispositif B-Clic outil de la gestion relation citoyen permettant de mettre en relation les familles avec la mairie. L’éducation, les écoles et les maternelles sont placées au cœur du dispositif de la ville intelligente.
La nouvelle équipe de ville a commencé par installer des bornes Wifi pour proposer une connexion aux habitants, dans toute la commune ainsi que dans les établissements qui en étaient dépourvus.
La priorité de Béatrice Berroyer à son arrivée a été de donner une attention particulière aux maternelles dans l’attribution d’équipements et d’outils numériques, après observations dans des établissements équipés : le choix des équipements s’est porté sur les tablettes et les outils de projection au sol, particulièrement appropriés pour faire découvrir le numérique et des usages.
Avec l’aide de l’éducation nationale, nous avons fait l’acquisition de 384 tablettes et 8 tableaux interactifs pour les écoles primaires. Les enseignants sont formés.
Des classes avec enfants en situation de handicaps proposent également du matériel adapté.
Un permis Internet a été mis en place avec la police nationale, dans le cadre d’un programme national de prévention pour développer un usage d’Internet vigilant, sûr et responsable à l’attention des enfants des écoles primaires et de leurs parents ; les enfants se voyant remettre le permis à l’issue d’une épreuve.
Par ailleurs, la ville de Béthune bénéficie d’un Programme de Réussite Educative que la municipalité a étendu à toute la commune, avec le soutien de la Fondation lire et Comprendre. Les clubs Coup de pouces Cla Clé Clem (grande section, CP et CE1) s’adressent à des enfants en fragilité dans les domaines du langage, de la lecture, de l’écriture et des mathématiques. Ils permettent également de toucher les parents éloignés de l’école, qui sont associées aux clubs.
Yves PANNEQUIN, Adjoint au Maire en charge de la petite enfance, de l’éducation et de l’enseignement supérieur à la ville de Dunkerque
La politique d’équipement des écoles de Dunkerque a commencé en 2012. Et ce sont aujourd’hui 17 classes qui sont équipées. Les équipements vont des classes informatiques aux classes mobiles, 7 écoles sont équipées de tablettes, ainsi que 2 maternelles.
Le Programme d’Investissement d’Avenir nous a permis d’équiper 3 écoles. La dotation de l’Etat s’est montée à 50% et la ville a investi 24 000 euros. Il est à noter que la maintenance reste à la charge de la ville.
Concernant à proprement parlé l’échec scolaire, Yves Pannequin a été particulièrement sensible à l’enquête Profetic 2016 qui souligne les résultats peu performants des enfants de CM1 en mathématique et en Français et qui interroge, bien que le recul nécessaire permettant de prendre la mesure du numérique dans l’éducation n’existe pas réellement encore.
Le problème de la surpopulation en termes d’effectifs par classe ne peut pas laisser indifférent voire peut être mis en relation avec les mauvais résultats des élèves. Par ailleurs, les enseignants s’expriment sur ce point en indiquant que c’est un frein à l’usage du numérique.
Aujourd’hui, les conditions optimales ne sont pas encore atteintes, puisque le ratio des tablettes est de 1 pour 2 élèves. Par ailleurs, l’adjoint au maire souligne que le coût des équipements reste un problème important pour mettre en place les conditions du changement.
Enfin depuis 2018, les élèves ont deux heures de cours de moins par semaine sur leur scolarité en élémentaire, alors même que les programmes n’ont pas été repensés.
L’enquête Profetic masque-t-elle alors ces problèmes évoqués ?
Intervention Philippe MOLES, Conseiller aux usages numériques de la Mission Ecoter
Les solutions à la surpopulation sont peut-être à trouver dans les outils numériques par les enseignants en adaptant leur pédagogie et en allant vers l’accompagnement personnalisé et différencié ?
David DETEVE, Inspecteur de l’éducation nationale, DAN adjoint 1er degré de l’académie de Lille
Pour rebondir sur les propos de Madame Kerkhof, Madame Berroyer et Monsieur Pannequin, l’académie de Lille a travaillé en étroite collaboration avec Dunkerque et Béthune pour le déploiement du plan numérique à l’école et les tablettes. Les dotations sont toujours accompagnées par des formations d’enseignants, grâce aux IRUN notamment.
L’académie prête aussi des équipements afin que les équipes les essayent, les testent en amont. Cela se fait notamment via les classes mobiles (au nombre d’une trentaine dans le département) qui tournent et permettent d’offrir des démonstrations de nouveaux outils aux élèves, aux collectivités, aux enseignants et aux parents.
L’académie de Lille vient de déployer l’ENT GisemENT de savoirs sur les communes du Bassin minier.
Il doit pouvoir contribuer à réduire les inégalités et à favoriser les chances pour tous les enfants. 890 écoles sont concernées. Il propose un site web « vitrine », puis des espaces sécurisés réservés aux utilisateurs.
L’ENT permet aux élèves de s’initier à certains outils et usages numériques et propose d’expérimenter les blogs, les tchats, d’accéder à de ressources numériques, notamment pour les plus fragiles, à travers « Devoir faits », en temps périscolaires, à la maison… C’est donc un outil qui doit réduire les inégalités.
C’est aussi, à travers le cahier de réalisations, la possibilité pour les enfants de s’approprier l’outil pour produire des contenus multimédias.
Dès la maternelle, les enseignants font, de fait, de l’évaluation positive au regard de ce qui est produit par les enfants : photos, écrits, prise de parole (enregistrement, expression) … qui sont mis à disposition des parents. Ce projet est particulièrement valorisant pour tous et contribue à donner confiance aux élèves, notamment à ceux qui ont le plus de difficultés avec l’écrit.
Les enfants disposent d’un espace de stockage dans l’ENT qui leur permet de pouvoir accéder à leurs contenus personnels chez eux ou dans les tiers-lieux (sans accès internet ou PC à domicile). C’est aussi une réponse appropriée pour les élevés éloignés de la classe (handicap, maladie).
Nb : 69% des enseignants pensent que le numérique peut répondre aux difficultés d’apprentissage des enfants.
C’est également une façon de conserver le lien avec le passé patrimonial et culturel du Bassin minier. A cet effet, les lieux sont regroupés sur une carte interactive avec les éléments historiques, socio-culturels et industriels permettant aux parents de se souvenir, ou de connaître et de comprendre.
Les établissements scolaires sont encouragés à présenter l’ENT aux familles, par la mise à disposition d’ordinateurs dans l’école et à travers de la médiation numérique, autour de réunions d’information ou même de goûters. Les retours sont très positifs.
L’ENT est financé à 100% par l’Etat. Il est mis à disposition des communes, mais bénéficient aussi aux intercommunalités qui ont pris la compétence scolaire ou la compétence équipement numérique des écoles.
Ceci met en perspective l’intérêt de l’intercommunalité de façon générale offrant, grâce à la mutualisation, des politiques uniformes sur l’ensemble du territoire quelle que soit la taille des communes.
Intervention de la salle : Zamzam FARAH, Référente famille du Projet Réussite Educative à la ville de Calais
Les travailleurs sociaux sont les témoins de la grande difficulté des parents éloignés du numérique, de la lecture, touchés par l’analphabétisme.
Comment faire pour ces parents qui n’ont pas la capacité de stimuler et d’accompagnement leurs enfants dans leurs usages numériques et qui ne viennent pas à l’école ou au collège ? C’est une réalité qui doit être prise en compte.
Intervention de Philippe MOLES, Conseiller aux usages numériques de la Mission Ecoter
Il y a un rôle à jouer pour l’école pour ouvrir des locaux hors la classe ou hors temps scolaires.
Intervention de Philippe LECLERCQ, Délégué académique au Numérique, Délégation académique au numérique éducatif de l’académie de Lille
C’est l’essence même du plan mis en place par le ministre de l’Education nationale « Devoirs faits », afin que les enfants puissent faire leurs devoirs ou apprendre à accéder aux contenus avant de rentrer chez eux, et en étant accompagnés par des partenaires (service civique, association, travailleurs sociaux, etc.).
TEMPS 3 : Comment créer les conditions du changement ?
Marlène DAVIAU, Chargée de Marketing Grand Public aux éditions BORDAS présente la plateforme Hub School 21.
Les éditeurs sont des partenaires de longue date de l’éducation nationale et sont aussi en pleine évolution vers le numérique. Leur métier se transforme au regard de l’évolution des pratiques pédagogiques.
Les enseignants sont face à une diversité d’élèves aux niveaux hétérogènes complexifiant l’enseignement. Ils doivent favoriser la réussite de chacun.
Bordas apporte des éléments et des outils clé en main pour mettre en pratique la pédagogie différenciée, et permettre la démocratisation des savoirs grâce au numérique.
Précurseur du numérique avec Nathan avec le cartable numérique (dès 2000) et les manuels numériques qui n’étaient pas de simples pdf, mais proposaient déjà du contenu enrichi (vidéos, de capsules, textes audio), ils ne permettaient néanmoins pas de connecter l’élève au professeur.
C’est la raison pour laquelle Bordas a réfléchi à partir de 2012 avec des ergonomes et des psychologues à la création d’une plateforme dédiée « ViaScola » (e-learning), développée en 2014 et puis proposé une banque de ressources numériques pour l’accompagnement scolaire des enfants, afin de favoriser l’interactivité entre les élèves et enseignants, pendant l’école et hors temps scolaires, en autonomie ou accompagné.
Comme l’indique Fanny Peissik directrice de Hub School 21 (école expérimentale avec petit effectif, privée, à Vincennes), la plateforme ViaScola est un support de l’apprentissage. Elle permet de se concentrer par exemple pour des enfants dyslexiques ou dysorthographiques pour écrire sans faute, de choisir leur mot et qu’ils reprennent confiance en eux. L’aspect ludique est important.
La plateforme permet d’apprendre par l’erreur et de progresser à son rythme, sous le contrôle du professeur.
6000 ressources interactives sont proposées (du CP au CM2) et mises à jour. 200 auteurs y ont travaillé.
Cet outil vient au service de la pédagogie de l’enseignant.
L’élève devient acteur. Il est l’artisan de son propre savoir, en avançant à son rythme.
Auteurs : Mission Ecoter-An@é
Les reportages de l'An@é sur la Mission Ecoter
[1] Trends in International Mathematics and Science Study. Etude publiée en novembre 2016.
[2] Programme international de recherche en lecture scolaire. Etude publiée en décembre 2017
[3] « Any Time, Any Where, Any Device » : connectés tout le temps, partout, par tous moyens.
Dernière modification le mercredi, 23 mai 2018