Ma rencontre avec Cenon et l’An@é avait pourtant été pittoresque et, maintenant, je peux révéler enfin les conditions de ma présence l’année dernière à Cenon. En effet, dans le train de nuit qui me menait à Bordeaux, ma gourde n’avait rien trouvé de mieux à faire que de fuir et d’imprégner les quelques vêtements de rechange que j’avais emportés. Cenon 2012 a débuté dans les toilettes de la gare de Bordeaux par une démonstration de la supériorité des séche-mains électriques sur les serviettes. C’était déjà du hacking, de la bidouille en soi. La journée se terminait par un malaise bloquant la circulation des tramways et me forçant à envisager de devoir passer la nuit sur Bordeaux. A la dernière seconde, je pouvais heureusement sauter dans mon train. Entre deux ? Des conférences motivantes, poussant à la réflexion, au questionnement. Cenon 2012 donnait le ton !
Cenon 2013 s’est passé en ce qui me concerne sous les meilleurs augures. Ne comptez pas sur moi pour les photos : je n’ai pas eu le temps d’en prendre tant les échanges ont été nombreux. Je n’ai malheureusement pas pu suivre les conférences, le stand m’accaparant à temps plein mais, si j’en juge mes quelques archives sur le hashtag #boussoles13, j’aurais de la lecture demain dans le train qui me ramènera sur Lille.
Les habitués de ce blogn’auront pas manqué de noter le changement au niveau du sous-titre. J’assume en effet pleinement le surnom de "Monsieur Bidouille" qui m’a été délivré durant ces deux jours.
Il faut reconnaître l’attrait particulier des cartes Makey Makey sur le public et les enfants. Le Banana Piano ce jour a rencontré un franc succès. Quant aux parties d’Extreme Tux Racer avec une manette en pâte à modeler, elles ne désemplissaient pas ce midi grâce à la présence des collégiens.
Au delà de l’aspect "fun" de ces dispositifs, l’atelier de cette après-midi a bien montré chez les participants le besoin de comprendre le fonctionnement pédagogique de tous ces outils propres à ce qu’on qualifie de bidouille. Apport de connaissances, "faire avant de comprendre", démarche permettant de pousser l’enfant vers l’autonomie et la compréhension des mécanismes sous-jacents aux nouvelles technologies, stimulation de la créativité, ouverture sur de nouvelles pratiques...
Prenons le simple exemple du Banana Piano. A la base, les enfants font n’importe quoi, appuient sur les bananes déclenchant de manière aléatoire des sons de piano. Puis vient le moment où ils ont envie de créer une mélodie. Ils se concentrent, essayent de comprendre, de coordonner leurs gestes, voire de se coordonner s’ils jouent à plusieurs. Les questions fusent ensuite "comment ça marche ?". Quelle est en effet cette magie qui permet de toucher une banane et de provoquer une action sur l’ordinateur ? Peut-on utiliser autre chose que des bananes ? Oui, et démarre alors l’autonomie de l’enfant qui va devoir créer sa propre manette, son propre clavier avec les moyens du bord. On peut alors aborder des notions sur l’électricité, l’électronique. On joue, on s’amuse, on teste différentes configurations jusqu’à ce que vienne l’envie de créer ses propres programmes. Intervient alors Scratch qui permet aux enfants d’apprendre la programmation sans douleur. On peut imaginer de créer alors des jeux basés sur le programme scolaire. C’est ce que nous entamons en ce moment au collège Samain de Roubaix dans un atelier sur lequel je reviendrai par la suite.
Un simple cheminement pédagogique qui pourrait encore s’élargir énormément, par exemple sur les questions de design, les manettes créées pouvant devenir de véritables oeuvres d’art.
J’espère avoir répondu lors de cet atelier à l’ensemble des interrogations des participants. L’échange n’est cependant pas fini.
Que les âmes sensibles nombreuses à Cenon 2013 se rassurent : aucune banane n’a été martyrisée ou électrocutée durant les expériences. Elles termineront décemment leur vie dans un cake banane-chocolat-carambar dès demain.
Cenon 2013 a aussi été l’occasion de rencontrer des ... lecteurs ! L’écriture d’un blog se fait souvent de manière solitaire avec parfois cette fausse impression d’écrire dans le vide et c’est toujours un grand plaisir de rencontrer ses lecteurs. Lorsque cela m’arrive, je ne peux m’empêcher de penser à ce passage savoureux du Bachelier de Jules Vallès.
« Qui est là ? » dit une voix qui vient d’une autre chambre et n’est pas reconnaissable ; je ne suis pas sûr que ce soit celle de Matoussaint... J’ai recours à un subterfuge, et avec l’accent d’un pauvre aveugle, je chante dans l’obscurité : « Je suis un abonné de la Nymphe... —Vous êtes l’Abonné de la Nymphe ? » Le bruit de paille et des paroles entrecoupées recommencent. « L’Abonné… l’Abonné… Mais où est donc mon caleçon ?… L’Abonné !… » Matoussaint (c’est bien lui), apparaît en se boutonnant. « Comment ! c’est toi !… Tu ne pouvais pas te nommer tout de suite ?… Tu me fais croire que c’est l’Abonné ! Je me disais aussi, ce n’est pas sa voix. —Ils n’ont pas tous la même voix, tes abonnés ? —Mes abonnés ?—pas mes ! —_mon ! Nous avons un _abonné, rien qu’un ! —Mais passe donc dans l’autre pièce... Assieds-toi sur le bouillon. »
Une nouvelle fois merci à l’An@é, merci aux visiteurs, merci à vous lecteurs !
Crédit photo : JRBrousse An@é