L’Université Paul-Valéry propose l’option A qui vise des études littéraires et en sciences humaines. L’option B est axée sur les études scientifiques ; la Capacité en Droit donne un accès aux études juridiques.
C’est dans l’Atrium, superbe édifice en verre inauguré en juillet dernier, en tête du Campus, que sont situés les locaux du SAFCO (Service de l’Apprentissage et de la Formation Continue). Dans les années 1990, les cours du DAEU avaient lieu dans les préfabriqués, dans une minuscule salle avec une bibliothèque en bois parsemée de manuels. Mais le diplôme qui mène à la réussite plus de 80 % d’une promotion est désormais davantage reconnu notamment par la Direction de l’Université Paul-Valéry.
Une seconde chance
La formation du DAEU-A dure huit mois d’octobre à mai avec deux matières obligatoires : le français (littérature et méthodologie) et une langue vivante (anglais ou espagnol). Deux options sont à choisir parmi les mathématiques, l’histoire, la géographie, la philosophie, les sciences économiques…
L’enseignement est proposé à l’Université Paul-Valéry - Montpellier, sur le site universitaire de Béziers et dans les villes de Ganges et Lodève. Toutes ces communes sont situées dans le Département de l’Hérault, un département très attractif qui accueille chaque année des milliers de nouveaux habitants mais qui connaît d’importantes difficultés économiques depuis plusieurs décennies.
Le DAEU est également accessible par l’enseignement à distance, et en milieu carcéral. Cette formation s’adresse à des adultes qui ont décidé de revenir aux études au moins une année. Les disciplines sont ancrées dans la culture - et cela a été beaucoup dit par les élèves - avec des cours en immersion au Musée Fabre, à l’Opéra Comédie, une découverte du patrimoine de Montpellier par la visite de sites. L’une des anciennes stagiaires a parlé d’« aventure culturelle ».
Cette formation est considérée comme un tremplin, une seconde chance. La cérémonie a été un moment d’émotion avec le partage d’expériences et de ressentis d’enseignants et d’élèves. Les circonstances de la vie, le milieu social d’origine qui est un des facteurs déterminants de la réussite scolaire, des fragilités psychologiques, des choix d’orientation trop précoces ont éloigné de l’école ces personnes qui ont souvent été confrontées à des parcours de rupture, à des situations de décrochage scolaire. Et puis le déclic, une rencontre, cette information sur l’existence de ce diplôme, et la décision d’un changement de cap.
Toute une équipe pédagogique et administrative se mobilise pour personnaliser au mieux le parcours du DAEU, et accompagner ces adultes qui ont souvent des obligations : paiement d’un loyer, garde d’enfants, freins à la mobilité… Les stagiaires ont rendu hommage à leurs professeurs, et à l’équipe administrative qui aide à la réalisation de dossiers pour l’ouverture de droits, reste disponible et à l’écoute.
Réaliser un rêve
L’année du DAEU permet une reconstruction, une amélioration de l’estime de soi. Un professeur des écoles qui intervient depuis des années en maisons d’arrêt a confié :
« On a su faire grandir nos étudiants. » Une des enseignantes a précisé avoir entendu leur colère, des « Rien ne va !», et a reconnu « toute la force qu’il leur faut » pour franchir nombre d’obstacles. Mais la préparation au DAEU remobilise et récompense l’effort, la persévérance : « Et enfin, a-t-elle ajouté, arrivent le temps du succès, la fierté, la gratitude. »
Les professeurs ont témoigné des « élèves qui les élèvent », de cette transmission pleine de réciprocité. Les stagiaires les ont remerciés et ont précisé la qualité de l’enseignement. Unanimement, ils ont constaté leur passion d’enseigner. Les discours étaient émouvants et percutants. Zineb a dit qu’elle avait dû quitter l’école alors que c’était un refuge. Elle avait alors douze, quatorze ans. Revenir aux études lui a permis de réaliser un rêve. Sarah prépare un Bachelor et a auparavant obtenu un BTS.
Hugo déscolarisé dès l’âge de seize ans a connu des périodes d’errance, des jobs « alimentaires et aliénants ». Il n’était pas du tout convaincu en début de formation, et puis cette confiance regagnée :
« Ça se passait bien, j’ai repris un goût pour la culture et pour les autres. » Ruben aussi n’a pas continué les études après le DAEU, mais cette année de formation a été satisfaisante, car il était enfin capable de s’inscrire dans une dynamique de réussite : « Je me suis réconcilié avec moi-même. Rien n’est perdu même quand on croit avoir raté le coche. »
Patrick après avoir échoué deux fois au bac a emprunté « ce chemin de traverse », et il est devenu comédien :
« Je suis très reconnaissant des personnes qui m’ont accompagné. »
Dans l’assemblée, il y avait Jérôme devenu archiviste à l’université voisine. A l’adolescence, il s’était orienté vers la boulangerie pour gagner un peu d’argent, voie choisie par un de ses copains. Finalement, il s’est rendu compte que ce n’était pas un métier passion. Il aimait l’Histoire depuis l’enfance. Le DAEU a été la possibilité d’obtenir un Master en Histoire médiévale.
Certains stagiaires avant cette expérience étaient persuadés d’être des cancres, des « nuls » qui n’y arriveraient plus.
Gagner en expression par la prise de parole, l’analyse critique, ce sont de belles avancées. C’est probablement une étape pour en finir d’une façon plus générale avec l’autocensure, une invitation à prendre place dans la société.
Anne Fraïsse, Présidente de l’Université Paul-Valéry, est intervenue. Elle a eu un parcours qu’elle a qualifié de rectiligne. A vingt-deux ans, elle est passée de l’autre côté du bureau et a enseigné avec passion en collège, au lycée puis à l’université : « A cette passion répond la vôtre ! » a-t-elle conclu.
Fatma Alilate
Informations DAEU-A Montpellier | UPVM
Photo : Enseignants du DAEU rendant hommage à leurs élèves, Atrium - Université Paul Valéry, Montpellier © Fatma Alilate
Dernière modification le lundi, 16 décembre 2024