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L'analyse des pratiques professionnelles (APP) est une pratique assez connue dans le monde du travail. Il n'est pas rare d'entendre dire quelqu'un qu'il a participé à un groupe d'analyse des pratiques professionnelles (GAPP). Pourtant, à y regarder de plus près, si les cadres proposés sont assez semblables, certains témoignages font part d'expériences assez différentes. L'expression "Analyse des pratiques professionnelles" serait-elle galvaudée ? Peut-être, je n'en suis pas certain. Pourtant, à leur annonce, leur appellation semble emporter un certain assentiment. 

Il est un fait certain que l'APP constitue à chaque fois une expérience singulière et que son support principal en est la parole structurée par le langage. Cette parole, qu'elle soit narration, évocation, remémoration, description, pensée en réflexion etc. est au centre de ce lieu constitué par un groupe d'analyse des pratiques professionnelles.

Certains diront que ce fut un moment strictement technique et professionnel, d'autres en percevront les effets de subjectivité et les transformations intimes qui peuvent s'y produire. Si son premier objet manifeste, en référence à son titre, est professionnel, il me semble important de s'interroger sur la signification et la portée de ce signifiant. Le professionnel, par un abus conventionnel de langage, est généralement opposé au personnel pour les différencier. Pourtant l’un comme l’autre demeurent intimement liés. La dimension clinique de ce type d’expérience pose l’étalon d’un seuil à dimensions variables entre le personnel et le professionnel, entre l’intime et « l’extime ». Ces diverses variations de la perception d'un GAPP sont liées à l'objectif initial du groupe pour une large part mais également au style de l'animateur. Le style, en effet, n'est pas pure forme ou pure rhétorique ; avec le style, le sujet parlant est engagé et sa part d'inconscient y opère. L’origine et l’identité professionnelle de l’animateur comme des stagiaires contribuent aussi à ces variations. Par exemple, que l’animateur d’un GAPP soit clinicien aura une grosse incidence sur la relation avec groupe. Pour toutes ces raisons me vient une question très légitime : Quelle dimension et quelle place attribuer à l'analyse des pratiques professionnelles ?

Dimension et place de l’analyse des pratiques professionnelles.

Ce texte a été construit, notamment, à partir de témoigages écrits et de recherches de formateurs en analyse des pratiques professionnelles : http://www.gfapp.org/

L’analyse des pratiques professionnelles (APP) peut provoquer des résistances car elle opte pour une approche générale considérant le professionnel comme un sujet pris dans sa globalité et s’écartant un peu, de fait, de l’approche exclusivement spécialiste ou disciplinaire d’un métier.

Elle est aussi considérée et vécue parfois comme l’utilisation masquée d’une approche exclusivement clinique reposant sur les théories de la psychologie et de la psychanalyse. L’apport de Mireille Cifali en ce domaine a été de proposer « une dimension clinique »[1] ou « une approche clinique », incontournable, des « métiers de la relation »[2] ou des « métiers de l’humain »[3]. En effet, sans cette modération humaniste de la clinique apportée par M. Cifali, le risque est grand de pratiques sauvages conduisant à des interprétations abusives.

Il est donc très important de savoir situer le cadre de l’APP, qui, même si elle n’est pas une psychanalyse ou une psychothérapie, ne peut ignorer cette dimension clinique spécifique à l’analyse de toute relation intersubjective, fut-elle strictement professionnelle. Les dimensions du transfert et du contre transfert au sein desquelles, uniquement, ne vaut toute interprétation, ne sauraient être éludées.

L’APP devrait donc se situer en tension entre une dimension clinique et humaniste d’une part, une dimension professionnelle et technique, d’autre part. Dans leur relation d’équilibre, de relation « élastique »[4], ces deux aspects permettent aux membres d’un groupe d’APP de comprendre leur action professionnelle et de prendre des décisions éclairées. « Il pourra ainsi acquérir assez d’élasticité[5] pour pénétrer les difficultés de patients dont le caractère est totalement opposé au sien. », (KOVACS V., 1967)

Animateurs et animation d’un GAPP (Groupe d’Analyse des Pratiques Professionnelles)

Comment devenir animateur d’un GAPP (cf Patrick Robo)

Animer un GAPP n’est pas chose aisée. Il n’existe pas de statut ni de diplôme particulier pour devenir un tel animateur. On ne le devient qu’en en faisant l’expérience et en étant reconnu par la suite par ses stagiaires, par l’institution et par ses pairs. De quelle reconnaissance est-il question ? C’est une reconnaissance qui trouve sa source dans le transfert et qui est liée aux effets de l’analyse des pratiques professionnelles. Ces effets sont d’ordre subjectif, voire intime mais également objectivement concrets et professionnels. Mireille Cifali dans un ouvrage consacré au lien éducatif, emploie l’expression contre-jour psychanalytique, pour qualifier un éclairage des « métiers de l’humain »[6]. Qu’entend-elle par-là ? selon elle, il est question d’une position, (que l’on pourrait qualifier de subjective), permettant de construire un savoir de l’intérieur.

« Je qualifie de psychanalytique cette position qui permet aux praticiens, sans céder sur la complexité de leurs actes, de construire un savoir de l’intérieur. Cet ouvrage est donc la mise à l’épreuve d’une théorisation propre à la psychanalyse en relation avec un domaine tiers : une pensée de l’entre-deux[7]. » (CIFALI M., 1994)

Ce « savoir de l’intérieur » n’est pas sans rappeler le très delphique « Γνῶθι σεαυτόν », le « connais-toi toi-même » de Socrate. Il évoque également la reconnaissance de l’inconscient et de ses effets. Ce savoir ne peut faire l’économie de l’épreuve de l’autre « révélé »[8] dans et par la parole. L’autre, par sa réponse, celle qu’il propose à notre parole, procède en un même mouvement à notre reconnaissance en tant que sujet de l’adresse. Cette parole qui circule produit un effet de tiers par lequel se réalisent reconnaissance et connaissance de soi.

La question de la reconnaissance s’articule aussi avec celle de la légitimité qui exige, en premier lieu, de savoir « s’autoriser soi-même ». Nous retrouvons-là l’une des facettes de la psychanalyse proposée par Lacan : « Le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même et de quelques autres… ». C’est, pour reprendre Moustapha Safouan, « un acte dont la responsabilité vous incombe seul, et dont le bien-fondé ne se mesure qu’à ses conséquences »[9]. Pour pouvoir soutenir son désir de formateur il devient donc nécessaire de « s’autoriser soi-même »[10], manifestation d’une reconnaissance symbolique qui vient de l’Autre. Cette reconnaissance pourrait s’énoncer ainsi : « Tu peux y aller ! ». Ne nous voilons pas la face, ces quelques autres, qu’ils soient contrôleurs, superviseurs, une école de psychanalyse, des pairs etc… revêtent la plus grande importance dans ce qu’avance de manière quelque peu énigmatique, cette assertion lacanienne.

Animer un groupe d’analyse des pratiques professionnelles suppose quelques compétences.

Quelles compétences pour animer un GAP ?

Pour reprendre Patrick Robo :

Le formateur est ici confronté à de la « démaîtrise » … Cette « démaîtrise » dans l’anticipation nécessite a minima une double maîtrise dans l’action - maîtrise de l’animation et de la gestion d’un groupe ; maîtrise de soi - accompagnée de savoirs liés au métier, à la profession et à l’humain, complétée par des compétences en analyse des pratiques[11].

Il ne fait donc pas de doute, comme c’est le cas dans de nombreux métiers de la formation, qu’il faille être capable de mener à bien plusieurs tâches en même temps. La question de l’écoute en est un bon exemple.

Lors de l’animation d’un GAPP l’écoute se situe à plusieurs niveaux différenciés par la nature de la concentration qu’on lui accorde et par la nature-même de cette écoute. Il s’agit d’écouter celui qui parle tout en écoutant le groupe, mais il s’agit aussi d’entendre ce qu’il se dit en même temps que ce qui ne se dit pas, « le bruit assourdissant » de certains silences et non-dits. Il est donc souhaitable de soutenir en un même temps une écoute attentive et une écoute flottante. Cette écoute se caractérise par un mode de présence bienveillant, donc vigilant et guidé par le souci de l’autre comme groupe et comme sujet, mais aussi le souci de soi.

Le formateur se doit, préalablement, de clarifier un certain nombre d’éléments :

-                Quelle est la finalité de l’APP en tant que formation ?

-                Quel projet personnel et collectif sous-tend-elle ?

-                Quels sont mes objectifs en APP ?

-                Quelles vont être mes ressources théoriques ?

-                Quels sont les principes que je suivrai ?

Patrick Robo définit deux objectifs à tenir en même temps, savoir analyser et savoir animer et il définit deux types de paramètres, des paramètres techniques liés à l’exercice même de l’APP et des paramètres humains[12]. Il est évidemment possible d’en trouver d’autres comme l’exemple de la nature de l’écoute.

Selon Patrick Robo encore, il ne s’agit pas de transmettre du savoir ou des savoirs mais de faire acquérir des compétences par l’implication des sujets dans une dynamique de groupe. Ce qu’il avance-là n’est évidemment pas critiquable. Cela étant dit, je pense qu’il ne faut pas écarter le savoir, comme il le fait. Le savoir n’a rien d’incompatible avec l’acquisition de compétences par l’expérience du groupe. Seulement de quel savoir est-il question ? Le savoir a entièrement sa place dans un groupe d’APP, comme apport théorique et explicatif - à différentier d’une interprétation[13] -, comme savoir pratique et technique, mais également comme connaissance de soi, de l’autre et enfin comme connaissance et reconnaissance des effets de l’inconscient. Ces « compétences » sont le fruit de la répétition et de la scansion de cette expérience singulière.

Pour lui, l’animateur est engagé par trois types de responsabilité :

  • Accueillir l’Autre en tant que professionnel habité par une personne. (Il s’agit en fait aussi d’un sujet habité par le langage[14])
  • Permettre à l’Autre d’être et agir dans un groupe constitué
  • Garantir la sécurité de l’Autre, en particulier sur le plan psychologique.

Il doit par ailleurs être loyal vis-à-vis de l’institution, vis-à-vis de chaque participant et vis-à-vis du groupe.

Quel type de présence d’un animateur en APP ? (Marielle Billy[15])

Présentation du cadre à chaque session.

« Bienveillance » et posture en creux, la présence d’une absence.

Comme l’indique Mireille Cifali dans son dernier ouvrage, il est question « d’affirmer l’efficience d’une éthique », en œuvrant en tant que sujet éthique. Il est intéressant de noter que l’éthique, contrairement à la morale est relative et contingente car elle est relative au choix individuel d’un individu de bien faire dans une situation donnée.

« Œuvrer en tant que « sujet éthique » serait la tâche d’un professionnel en relation avec un autre. Elle requiert des qualifications qui ne sont pas acquises une fois pour toutes, comme un savoir que l’on ne perdrait jamais. Ce sont des qualifications humaines qui sculptent notre vie, comme notre travail, constamment à retrouver et reconstruire suivant telle ou telle rencontre, telle ou telle confrontation, tel ou tel dispositif. Valeurs d’un « comment agir », d’un « comment vivre », que chaque civilisation tente de promouvoir quand elle a pour fondement la recherche d’un traitement « juste » et de l’ensemble des singularités, pour éloigner les forces destructrices. Des « manières d’être » (Macé, 2016). J’ajoute des manières d’être professionnellement, dans un rapport à soi, à d’autres, au monde.

Dans un premier temps, pour les décrire, il m’est plus facile d’avancer ce dont il s’agit de nous méfier au jour le jour : estimer que l’on a raison à soi tout seul ; prétendre savoir mieux qu’un autre en toute circonstance ; se centrer sur son moi sans possibilité de se déplacer quand un autre surgit là où on ne l’attend pas ; préjuger d’avoir la maîtrise de soi, de l’autre et de la relation ; être en arrogance vis-à-vis de qui est en position de vulnérabilité ; se défendre par l’attaque, le rejet, le mépris… Ces attitudes sont les nôtres et pas seulement les leurs. Elles sont ce contre quoi nous avons à lutter, situation après situation.

Nous demeurons néanmoins dans des tensions qui apparaissent presque toujours comme une conjugaison de contraires : affirmer mais aussi douter ; savoir mais aussi savoir qu’on ignore ; sentir tout en pensant ; s’ouvrir et parfois se fermer ; parler mais aussi se taire ; agir et s’abstenir ; observer les conséquences de ses gestes avant de juger ; chercher à se connaître et reconnaître que bien des fois cela échappe ; être attentif à ce qui nous entoure et rester dans une attitude flottante ; construire des habitudes et pouvoir y déroger ; avoir des certitudes et être prêt à y renoncer ; traiter l’autre dans sa singularité sans perdre l’esprit de la communauté ; accepter la qualité d’être vulnérable en certaines circonstances, fragile à autres moments, et néanmoins conserver les forces d’affronter ; faire confiance et être lucide sur les mécanismes institutionnels ; se protéger et néanmoins prendre des risques…

J’utilise ici des verbes plutôt que des substantifs car, à chaque fois, il s’agit d’un processus, d’une recherche. Non d’un établi, mais d’un mouvant. Ces tensions entre les contraires signent une permanence, que chaque époque assume avec ses mots, ses manières, avec toutes les connaissances acquises par ce temps-là.

Dans les pratiques professionnelles, en insistant sur une constante mise en relation, je fais alors l’éloge du seuil (Bally, 2015, p. 129) comme position fragile qui évite un enfermement, souligne l’importance de ce qui relie et sépare. En nommant, même si elle est niée, la force des sentiments qui habitent un sujet dans son action, je souhaite que ne l’emporte pas une rationalité désincarnée. En recommandant l’essor d’un travail éthique, je restitue aux gestes leur tremblement, leur capacité de création ajustée entre soi et un autre, leur exigence d’une sensibilité pensée dans la singularité d’une situation. C’est rappeler à ces métiers – possédant évidemment techniques, dispositifs et savoirs objectifs validés par les sciences – leur dimension d’humanité, la puissance de leurs rencontres qu’elles soient autour d’un apprentissage, d’un soin du corps et/ ou de l’âme. De le leur rappeler jusque dans la conception de leur formation, et les enjoindre de renoncer à un idéal de maîtrise, illusoire dans bien des cas.[16] ». (CIFALI M., 2019)

« Il ne s’agit pas d’émettre une quelconque morale » de l’APP (Marielle Billy). La bienveillance s’entend ici comme l’action de bien veiller, notamment sur la personne qui parle. Cela induit d’être ouvert, attentif et disponible dans son écoute. Cette disposition exclut - j’ajoute « a priori » - la posture savante qui risque de parasiter la qualité de l’écoute. Il semble important, en un premier temps, celui où la demande singulière d’un stagiaire n’est pas encore apparue, d’incarner une présence contenant le cadre mais aussi une présence en creux. Qu’est-ce à dire ?

Ce mode de présence se focalise sur la structure et les règles de l’APP tout en maintenant l’absence de l’animateur en tant que sujet singulier. Cette absence qui n’exclut pas la veille et la vigilance, offre à l’autre, en tant que personne ou en tant que groupe, un espace où avancer et s’exprimer. L’espace de vacuité ainsi mis en place provoque une aspiration par le mouvement de la parole.

Par la suite, la présence, quand cela s’avère possible, peut se concentrer sur la seule fonction maïeutique[17] permettant au groupe de se mettre au travail et à la parole de circuler. Encore une fois, il est question de se tenir en retrait, d’observer une sorte de neutralité, tout en veillant sur le groupe, sur chacun de ses membres et sur ce qui se dit. C’est en quelque sorte une absence active au cours de laquelle l’animateur entretient relance et ravive les réflexions en cours, soutenues par la parole de chacun. L’animateur devient un catalyseur, c’est-à-dire ce qui provoque la transformation de la pensée en réflexion par la parole.

La vigilance est également nécessaire de la part de l’animateur vis-à-vis de lui-même, afin de ne pas forcer le processus d’élaboration du groupe par son propre désir d’expliquer, afin aussi de repérer ce qui peut le bousculer, le déranger, l’étonner. Cette nécessité de repérage n’est possible qu’avec le jeu d’une tension entre vigilance et relâchement, présence et absence.

Cette posture de l’animateur favorise le travail d’interprétation et la créativité du groupe vis-à-vis de la situation. L’interprétation, qu’elle soit du groupe ou de l’animateur, est un acte qui peut avoir des effets. Pour cette raison il est indispensable de l’envisager exclusivement dans le cadre du transfert et du contre-transfert entre le groupe et l’animateur car elle constitue un point de vigilance (Par exemple, par l’effet contre-transférentiel d’un savoir qui lui est supposé, un animateur jouit de sa position dominante et asymétrique en imposant son point de vue et en étant réfractaire à une proposition différente venant de l’autre. Autre exemple : Un stagiaire en déstabilise un autre par son propos, ou par une certaine place qu’il occupe dans le groupe, etc.).

Tous ces aspects n’excluent pas, au moment opportun, c’est-à-dire un moment qui correspond à une demande de l’autre, à une attente et à un avancement dans sa réflexion, de proposer des éclairages théoriques. La question du moment où répondre, comme celle de la manière est très importante car il faut absolument éviter l’inhibition, le blocage du groupe ou d’un de ses membres. Un étalage, sans discernement, de références théoriques et de savoirs universitaires ou livresques, peut faire « bouchon » dans l’espace de vacuité créé pour la bonne circulation d’une parole authentique. Le risque est qu’il soit pris pour ce qu’éventuellement il signifie, une manifestation de l’enflure narcissique de l’animateur et non une provocation de la curiosité et un appel à l’amour du savoir. En réalité, l’idée est bel et bien de convoquer curiosité et désir de savoir. Par ailleurs, un apport théorique peut s’avérer utile comme outil de décentration, encore faut-il qu’il soit amené au bon moment pour ne pas empêcher un cheminement de la réflexion par une inhibition spéculaire (liée à l’image de soi).

Groupe et dynamique de groupe :

Selon Didier Anzieu

Pour Didier Anzieu, un groupe d’APP est un groupe restreint.

Un groupe d’APP se définit par une structuration importante ; les rôles y sont différenciés ; les rencontres sont régulières ; le nombre de personnes constituant le groupe est restreint (15 personnes maximum) ; les relations entre les uns et les autres, animateur compris, sont riches ; des changements subjectifs sont possibles ; la conscience des buts poursuivis est de plus en plus élevée, au fil des sessions ; La créativité et les actions communes peuvent survenir.

 

Structuration (degré d’organisation interne et différenciation de rôles)

Durée

Nombre d’individus

Relations entre individus

Effets sur les croyances et les normes

Conscience des buts

Actions communes

Foule

Très faible

Quelques minutes à quelques jours

Grand

Contagion des émotions

Irruption des croyances latentes

Faible

Apathie ou actions paroxystiques

Bande

Faible

Quelques heures à quelques mois

Petit

Recherche du semblable

Renforcement

Moyenne

Spontanées mais peu importantes pour le groupe

Regroupement

Moyenne

Plusieurs semaines à plusieurs mois

Petit moyen ou grand

Relations humaines superficielles

Maintien

Faible à moyenne

Résistance passive ou actions limitées

Groupe primaire

ou restreint

Élevée

Trois jours à dix ans

Petit

Relations humaines riches

Changement

Élevée

Importantes spontanées voire novatrices

Groupe secondaire ou organisation

Très élevée

Plusieurs mois à plusieurs décennies

Moyen ou grand

Relations fonctionnelles

Induction par pressions

Faible à élevée

Importantes habituelles et planifiées

Les types de groupes

Dans un groupe d’APP, c’est la circulation de la parole qui opère et permet les transformations. La parole permet des échanges qui régulent la dynamique du groupe et la relation que l’animateur entretient avec ce groupe et chaque participant qui le constitue. Cette parole, pour reprendre Heidegger, permet « la réalisation de l’être et le dévoilement de l’autre »[18].

Des types de groupes se différencient en fonction de leur visée :

-       La visée thérapeutique.

-       La formation

-       Le développement personnel.

Les groupes d’APP ont une visée formative, ce qui n’exclut pas des effets thérapeutiques de surcroît et un développement professionnel participant au développement personnel. L’intime et « l’extime »[19], l’aspect personnel et l’aspect professionnel demeurent enchevêtrés et perméables. Les figures de la bande ou ruban de Möbius ou encore la bouteille de Klein constituent une belle illustration du lien topologique possible entre ces deux aspects. Les figures de la bande ou ruban de Möbius ou encore la bouteille de Klein constituent une belle illustration du lien topologique possible entre ces deux aspects. Si l’on suit des yeux un point que l’on imagine se déplacer le long du ruban de Möbius, on s’aperçoit que l’on passe du plan inférieur au plan supérieur et vice versa, sans discontinuer. Le ruban devient une transition sans coupure entre ces deux plans. Le phénomène est identique avec la bouteille de Klein à la différence près que la transition sans coupure opère entre le dedans et le dehors.

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                      Ruban de Möbius                                                             Bouteille de Klein

Le champ de la psychologie humaniste : Carl Rogers

Ce champ met en exergue différents points nécessaires :

-       Des relations interpersonnelles authentiques.

-       Un travail centré sur l’expérience.

-       L’animateur doit éviter toute intervention « personnelle impliquante » de manière à permettre une expression authentique des membres du groupe. Il y a authenticité en ce que le point de vue subjectif de l’animateur ne vient pas interférer sur la parole du groupe, ni orienter ses interprétations. Il se contente de porter le cadre du travail du groupe.

-       L’animateur fait confiance aux personnes, il est capable d’empathie et il est congruent, c’est-à-dire authentiquement en accord avec lui-même (un accord entre ce qu’il dit, ce qu’il est et ce qu’il ressent). Ces caractéristiques doivent permettre à la dimension groupale de s’exprimer.

La dimension groupale dans le domaine de la psycho-sociologie.

L’intérêt est porté ici sur les interactions entre individus, entre individus et groupes et entre groupes et société. Dans ce champ de savoir le cadre social et institutionnels du groupe sont pris en compte d’un point de vue phénoménologique. Il est question de prendre conscience, en les étudiant d’un point de vue expérientiel, des mécanismes en jeu dans leur essence et leur fondement.

Le champ de la psycho-sociologie peut également privilégier une approche systémique[20] du groupe tenant compte des effets de l’inconscient. Exemples de propositions, d’entrées – inputs – affectives et cognitives proposées par E.M Lipiansky[21] en opposant : « soi vécu » à « soi conçu », « identité intime » à « identité sociale » ou encore « sentiment de soi » à « perception de soi » et « expérience » et « observation ». Cette approche systémique met en tension « individu » et « société » par exemple ou encore « pensées », « affects » et « inconscient ».

Quant à la dynamique de groupe[22], elle se constitue des interactions, sociologiques, professionnelles et surtout psychiques (j’ajoute, les interactions liées aux manifestations de l’inconscient) entre les individus d’un groupe, mais aussi entre les individus et le groupe pris comme entité. Cette dynamique est orientée par la tâche commune à laquelle est affairé ce même groupe. Kurt Lewin parle d’un sujet individuel et collectif enveloppé par un champ matériel, social et psychique, notion qui s’écarte de celle du sujet de l’inconscient.

Le groupe dans un certain champ de la psychanalyse.

Pour Didier Anzieu[23] et dans sa suite René Kaës, le groupe est un lieu de « travail de l’inconscient ». En effet, dès qu’il y a sujet, il y a manifestations de l’inconscient, ou formations de l’inconscient : lapsus, rêve, trait d’esprit, symptôme, oubli etc. Travail s’entend ici comme le réagencement possible des mécanismes singuliers de fonctionnement d’un sujet au sein d’un groupe, mais aussi du groupe en tant qu’entité, comme les mécanismes de défense, les résistances ou encore ce qui fait symptôme. L’élaboration par la parole peut produire des fulgurances, des éclairs (blitz) de compréhension pouvant, le cas échéant supprimer le symptôme. Ce que Freud nommait, traduit par Laplanche et Pontalis, la perlaboration, est une élaboration par la parole en lien avec le symptôme névrotique et visant à le supprimer par une prise de conscience mettant en échec le refoulement. Nous voyons-là que la parole, comme à chaque fois, revêt une importance centrale, notamment au regard des effets qu’elle produit.

Certaines bases théoriques, au-delà du travail d’un contrôle, sont nécessaires pour permettre une intervention juste et vigilante d’un animateur averti sur les effets du transfert mais également du contre-transfert. Il peut arriver en effet que surgissent des instants de grande intensité émotionnelle ou de résistance et d’opposition qu’il est important de savoir interpréter.

Exemples de groupes orientés par l’approche psychanalytique :

-       Groupes à visée thérapeutique de jeunes délinquants (Aichorn)

-       Groupes Balint à destination de médecins (Michael Balint 1957) confrontés aux effets de leurs relations aux malades, à la maladie et à la mort.

Anzieu et Kaës ont insisté sur deux aspects de l’inconscient dans le groupe :

D’une part l’inconscient individuel, formulation qui vient quelque peu en contradiction avec la notion de sujet de l’inconscient dans un autre champ de la psychanalyse. En effet, ce dernier est justement divisé par cet inconscient, division qui le définit d’être sujet, ce que n’est pas, par essence, un individu. La notion d’individu a une connotation sociologique et numérique.

Néanmoins, nous comprenons bien où veulent en venir Kaës et Anzieu, car ils souhaitent distinguer le groupe de l’individu. Chaque participant est animé par sa singularité et ses propres fantasmes qui parfois transpirent dans le champ de leur parole.

Ils définissent un inconscient groupal qui fait du groupe une entité, un « organisme vivant » qui peut devenir « un objet » d’investissement, notamment libidinal et pouvant contenir les projections, les fantasmes, l’agressivité des individus qui le composent. Anzieu parle de « structure inconsciente du groupe » et Kaës « d’appareil psychique groupal ». De-là se construit un imaginaire groupal soudant les membres qui le constituent par « L’illusion groupale » ou au contraire le divisant.

Les règles au sein de ce genre de groupes sont assez proches de certaines pratiques lors de la cure psychanalytique. Il y a « la règle de la libre parole », qui est une parole construite au fil des associations libres. Cette façon de faire, pour reprendre Freud[24] permet une investigation de processus mentaux et psychiques inconscients inaccessibles autrement. Cette liberté de parole postule la suspension de l’inhibition régulatrice qui s’exerce d’ordinaire sur nos pensées. Il y a « la règle d’abstinence », qui interdit toute intervention du psychanalyste qui anime ce groupe et qui l’engage en tant que personne dans le groupe et à l’extérieur du groupe. Nous retrouvons-là le principe de la présence absente et de la neutralité. Il y a enfin « la règle de la discrétion », qui doit être clairement énoncée et qui correspond à l’obligation de confidentialité à l’égard des participant et de l’animateur ou du psychanalyste.

La dimension groupale pourrait se synthétiser ainsi :

-       Le groupe est une entité psychique, un tout (Lewin)

-       Cette entité psychique induit un inconscient groupal (Anzieu et Kaës)

-       Chaque personne qui le constitue est sujet de l’inconscient (Lewin, Anzieu, Kaës et j’ajoute Freud, Lacan)

-       Le groupe en tant qu’entité ayant une forme d’appareil psychique et une structure inconsciente (ex de l’illusion groupale) est animé par une dynamique qui lui est propre (Roger, Lewin, Anzieu, Kaës).

Ces divers aspects ont une incidence sur l’animation d’un GAPP. En effet, l’écoute se doit d’y être polymorphe et pluridirectionnelle, car il importe qu’elle soit attentive à la fois, à chaque individu, je préfère dire à chaque sujet, et au groupe comme entité animée d’une dynamique ayant aussi des effets. Ce souci de l’écoute soulève diverses questions : que veut le groupe ? Que me demande-t-il et que m’adresse-t-il ? Quel est son état global au niveau affectif et y-a-t-il des conflits sous-jacents ? etc… Il faut écouter le groupe, en quelque sorte, comme s’il était une personne. L’animateur entre dans d’une sorte de fiction qui lui permet d’entendre le murmure global, mais aussi les silences, les résistances, projections et les orientations de son groupe. En un mot, il faut qu’il puisse entende le « bruissement de la langue »[25].

Écouter le groupe et comprendre sa dynamique

Bernard Gouze[26] avance qu’écouter le groupe c’est « entendre l’expression de ce sentiment de danger ». Cela peut être en effet une thématique qui emane, parfois malgré lui, d’un groupe. Mais à mon sens, entendre s’est aussi percevoir ce qui fait énigme et interroge, c’est pouvoir s’en faire l’adresse afin de parvenir, si possible, à formuler un non-dit, ou encore reformuler ce qui est dit et en permettre la transformation, par le travail de l’interprétation et par le travail du groupe. Cette transformation constitue le terreau d’une mise en recherche et d’une réflexion individuelle ensuite mutualisée collectivement. Les psychismes entrent en « résonnance ».

Écouter le groupe, comme le dit Bernard Gouze très justement, ce n’est pas le maîtriser, ce qui pourrait s’avérer dangereux, mais au contraire se mettre au travail avec lui afin de lui donner une consistance et une contenance sécurisante. L’animateur l’aide, à travers la parole dont il permet la circulation, à se reconnaître en tant que groupe ayant par exemple une identité professionnelle, un style singulier etc. L’animateur essaie donc d’entrer en résonnance avec le groupe, sans négliger les singularités de chacun, afin de l’orienter, peu à peu sur ce qui fait symptôme pour lui. Cela n’exclut pas, là encore, d’être vigilant sur ce qui peut faire symptôme pour chacun en tant que sujet. Cette mise au travail provoquée du groupe réside, notamment, dans ce que j’ai nommé la fonction maïeutique de l’animateur, un peu plus haut. Certains de ses aspects en sont la reformulation, la stimulation d’associations à partir des divers énoncés, la mise en perspective et la mise en lien etc.

Bernard Gouze définit trois phases de la dynamique de groupe. Elles sont évidemment théoriques relatives et variables en intensité. Elles ne se vérifient pas systématiquement car elles dépendent des personnes qui constituent le groupe, de l’animateur et surtout du but poursuivi et de la demande des uns et des autres.

-       Une phase de résistance, par l’attaque ou par la fuite, puis « d’acceptation réciproque » sous l’effet du cadre mis en place.

-       Une phase « d’illusion groupale »[27] liée au fantasme, donc à son inconscient, construit par le groupe et à la perception qu’il a de lui-même. Par exemple, tout semble possible, ensemble. Elle constitue un moteur puissant pour le travail d’analyse du groupe notamment pour tout ce qui, issu de la narration par l’évocation, résonne singulièrement auprès de chacun. Elle permet aussi au groupe d’être contenant et sécurisant.

-       Une phase de travail. Cette phase permet de sortir peu à peu de la dimension imaginaire suscitée par la narration, de lui trouver un accrochage symbolique par la formulation de solutions et de possibilités ramenées dans le champ des possibles par leur contextualisation.

Ces trois phases sont évidemment nouées entre-elles, les unes produisant les autres.

Une écoute du sujet en tant que présence singulière : l’écoute différenciée

Lorsqu’une personne s’exprime, dit encore Bernard Gouze, elle « ne s’exprime pas uniquement en son nom, mais au nom du groupe ». Selon moi rien n’est moins certain. S’il est possible qu’elle s’exprime au nom du groupe, groupe auquel elle adhère en une sorte de fantasme, une « lune de miel » avec lui, il est évident qu’elle s’exprime aussi exposée à son regard, conditionnée par lui. Ces deux points fondent, de manière alternative, l’existence du groupe comme englobant, c’est « l’illusion groupale », puis comme autre. Un autre qui se fait l’adresse contenante de ce qui est dit.

Ces deux aspects du sujet d’un groupe en font un sujet en mouvement, glissant de place en place ; celle de la fusion imaginaire avec les autres ; celle d’un lieu d’identification ; d’un lieu de rejet ; celle d’un lieu de projections voire de « symptôme du groupe ».

L’une des fonctions de l’animateur sera de permettre à chaque sujet du groupe de trouver sa place, une place psychiquement sécurisée et à laquelle il n’est pas assigné ou contraint par le groupe.

L’animateur essaie aussi de favoriser un « bougé subjectif » de chacun, permettant au sujet de se différencier mais aussi de se laisser surprendre par sa capacité de création. L’objectif est de sortir transformer. Dans ces conditions il laisse ouvert un champ d’inédits et il lui laisse le choix et la responsabilité de la trouvaille avec laquelle inventer sa posture et ses solutions. En un mot, il actualise une prise de conscience, celle que le sujet en perpétuel mouvement de ne cesse de s’inventer, ici-même, au sein d’un groupe.

Bibliographie :

-       ANZIEU D., 1999, Le groupe et l’inconscient. L’imaginaire groupal, Paris, Dunod.

-       ANZIEU D. avec KAËS René, Fantasme et formation, Paris, Dunod, 2007.

-       CIFALI M., 2018, S’engager pour accompagner : valeur des métiers de la formation, Paris, PUF.

-       CIFALI M., 2019, Préserver un lien. Éthique des métiers de la relation, Paris, PUF.

-       CIFALI M., 1994, Le lien éducatif : contre-jour psychanalytique, Paris, PUF, Éducation et formation.

-       EASTON D. 1953, The Political System. An Inquiry into the State of Political Science.

-       FOUCAULT M, 1981 - 1982, L’herméneutique du sujet, Paris, Hautes Études, Gallimard, Seuil, 2001.

-       FREUD S., 1922, in PERRON R., Histoire de la psychanalyse, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2014.

-       GROBO P, Animer un groupe d’APP ce n’est pas si simple ! http://probo.free.fr/.

-       HEIDEGGER M., 1950-1959, Acheminement vers la parole, Paris, Gallimard, 1976.

-       KOVACS V., 1967, « Analyse didactique et analyse de contrôle », Revue Ornicar ? N° 42, Automne 87-88.

-       SAFOUAN M., 2010, « L'analyste ne s'autorise que de lui-même. Sens de ce principe et ses répercussions institutionnelles », in Figures de la psychanalyse 2010/2 (n° 20), p. 11 - 18.

-       LACAN J., 1967, La proposition du 9 octobre 1967. Lien psychanalyse et création.


[1] CIFALI M., 2018, S’engager pour accompagner : valeur des métiers de la formation, Paris, PUF.

[2] CIFALI M., 2019, Préserver un lien. Éthique des métiers de la relation, Paris, PUF.

[3] CIFALI M., 1994, Le lien éducatif : contre-jour psychanalytique, Paris, PUF, Éducation et formation.

[4] KOVACS V., 1967, « Analyse didactique et analyse de contrôle », Revue Ornicar ? N° 42, Automne 87-88.

[5] Je souligne. Cette élasticité pourrait tout à fait être mise en lien avec les notions de mouvement, de seuil, de tremblement du formateur, développées par Mireille Cifali dans son dernier ouvrage : « J’utilise ici des verbes plutôt que des substantifs car, à chaque fois, il s’agit d’un processus, d’une recherche. Non d’un établi, mais d’un mouvant. [] Dans les pratiques professionnelles, en insistant sur une constante mise en relation, je fais alors l’éloge du seuil (Bally, 2015, p. 129) comme position fragile qui évite un enfermement, souligne l’importance de ce qui relie et sépare. »

In Préserver un lien. Éthique des métiers de la relation, Puf, septembre 2019.

[6] Mireille Cifali 2018 ibidem , soulignant ainsi la capacité d’un lien tissé avec l’autre dans un cadre professionnel, à transformer le sujet.

[7] Mireille Cifali, Paris le 10 juillet 1993, ibidem.

[8] Cf Heidegger  La parole est réalisation de l’autre et révélation (dévoilement) de l’être , in « Acheminement vers la parole » 1950 – 1959, première édition 1976, Paris Gallimard.

[9] In, « L'analyste ne s'autorise que de lui-même ». Sens de ce principe et ses répercussions institutionnelles, Moustapha Safouan, dans Figures de la psychanalyse 2010/2 (n° 20), pages 11 à 18. Lien CAIRN

[10] Une autre version de la formule lacanienne est l’analyste « ne s’autorise que de lui-même » que nous trouvons dans la proposition de Jacques Lacan, en date du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École. Cette formule témoigne, dans la procédure de la passe, du désir de passer du divan au fauteuil, de l’analysant au psychanalyste.

[11] Patrick Robo, in « Animer un groupe d’APP ce n’est pas si simple ! », http://probo.free.fr/

[12] Paramètres techniques : mise en œuvre et gestion du protocole, gestion du temps, assurer le respect du cadre, gestion de la parole etc. Paramètres humains : déontologie, accueil des participants, éthique, phénomènes de groupe, affects etc.

[13] L’interprétation est singulière, contextuelle et ne saurait se situer hors du champ du transfert et du contre-transfert.

[14] Cf Heidegger « le langage est l’habitat de l’être », in « Acheminement vers la parole » 1950 – 1959, première édition 1976, Paris Gallimard.

[15]http://www.gfapp.org/?cat=11.

[16] Mireille Cifali, in « Préserver un lien. Éthique des métiers de la relation », Puf, septembre 2019.

[17] Je le dis ainsi en faisant référence à Socrate qui possédait l’art de « l’accouchement » des idées. Cette fonction de l’animateur consiste à mettre le groupe au travail (analyse – hypothèses – réflexion – solutions – changement de point de vue – prise de conscience etc.) ou à entretenir ce qui de ce travail est déjà en mouvement, sans jamais interférer autrement que dans ce rôle de catalyseur et de révélateur.

[18] Heidegger ibidem.

[19] « L’extime », est utilisé ici pour désigner ce qui n’est pas intime (intimus est le superlatif d’interior). « L’extime » serait alors à prendre comme ce qui de soi est dehors sans exhibitionnisme, ni volonté narcissique, mais qui est pris dans les rets de la subjectivité. Ce serait ce qui se dévoile sans un nécessaire accrochage symbolique par le langage et sans pour autant faire complètement énigme comme un symptôme (D’autres disent le contraire et font de « l’extime », dans le cadre de la procédure de la Passe, un symptôme de l’école de psychanalyse). Il permet le mouvement et la transition. « L’extime » mis en relation avec l’intime créé une topologie rappelant que le sujet est divisé par l’inconscient. Patrick Monribot estime que « l’extime » est « une forme aboutie de l’intime qui, enfin, trouve à s’extraire de son cercle infernal par un saut, une solution de continuité. » cf ruban de Möbius.

[20] David Easton a inventé et mis au point, avec son idée de boîte noire, une approche systémique de la science politiques. Les mécanismes en leur essence sont les mêmes : input – out put – feed back.

[21] Edmond Marc-Lipiansky, né en 1939, psychologue et professeur de psychologie à l’Université de Nanterre. Il a permis la mise en place en France de thérapies venues des USA : Thérapie systémique, thérapie existentielle, thérapie humaniste.

[22] Expression inventée par Kurt Lewin, psychologue américain orienté par la psychologie sociale et le comportementalisme. La dynamique de groupe est l'ensemble des phénomènes, mécanismes et processus psychiques et sociologiques qui émergent et se développent dans des petits groupes, ou groupes restreints, réunis par une activité commune.

[23] ANZIEU D., 1999, Le groupe et l’inconscient. L’imaginaire groupal, Paris, Dunod.

[24] FREUD S., 1922, in PERRON R., Histoire de la psychanalyse, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2014, 5e éd.

[25] « C'est le frisson du sens que j'interroge en écoutant le bruissement du langage - de ce langage qui est ma Nature à moi, homme moderne.», Roland Barthes, in Essais critiques IV, Le Bruissement de la langue.

[26] Membre du GFAPP (Groupe de formation à l’analyse de pratiques professionnelles), professeur agrégé de SVT et DEPS de psychologie. J’ai repris une partie de la structuration du témoignage de Bernard Gouze en la modifiant et en opérant une lecture critique.

[27] Cf Anzieu ibidem.

Dernière modification le mercredi, 06 novembre 2019
Ferbos Jean-François

Ingénieur de formation
Coordonnateur académique prévention du harcèlement
Chargé de mission, formateur pilote de la formation Analyse des Pratiques Professionnelles
CAIF Bordeaux nord et Médoc

EAFC Académie de Bordeaux,

Peintre

Psychanalyste.