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hypothèses.org est le fruit d’un travail collectif entre les étudiants du Master professionnel Lettres spécialité Monde du Livre à l’Université d’Aix-Marseille qui punlie des articles de fond et d’actualité sur les principales thématiques notamment les mutations technologiques du livre et l’édition électronique, ainsi que l’univers du livre jeunesse et ses problématiques. 

Publié le 3 février par florencemdl

A l’occasion de la deuxième édition du colloque Métamorphoses numériques du livre, Olivier Donnat a commenté l’enquête qu’il a dirigé sur les Pratiques culturelles des français à l’ère numérique1. Les résultats permettent de différencier nettement une tranche de la population qui suscite tout à la fois attentions et interrogations. Première génération à maitriser avec acuité les possibilités du numérique, les teenagers sont en effet devenus leaders d’opinion et dictent les stratégies marketing des entreprises de produits de consommation comme la mode. Mais dans le secteur du livre, les politiques culturelles ont choisi de privilégier l’enfance, au détriment des jeunes adultes. Pourtant si les 12-15 ans délaissent inexorablement le livre imprimé au profit d’autres pratiques culturelles et supports, le décrochage de la lecture n’est ni une fatalité ni même une certitude. Le boom phénoménal des écrans, s’il est accompagné de façon pertinente, avec la même exigence culturelle sur la toile comme sur le livre imprimé, peut au contraire engendrer un regain incontestable de l’écrit.

La lecture n’est plus un marqueur social

On peut présumer que la baisse annoncée par les sondages de la pratique de la lecture est supérieure à la réalité. En effet les jeunes générations sont plus honnêtes que les précédentes. Être un fort lecteur dans les années 70 était un marqueur social et on préférait déclarer l’être que de se marginaliser. Aujourd’hui, au contraire, pratiquer la lecture est presque dévalorisant. C’est chez l’adolescent une pratique solitaire, peu partagée avec les autres. L’importance des filières scientifiques accentue le recul des humanités comme mode de sélection des élites et les jeunes adultes voient se déliter le lien qui existait encore il y a peu entre la réussite et la littérature. La lecture n’est pas revendiquée au cours du sondage voire même cachée, donc non recensée, dans les chiffres des enquêtes selon Olivier Donnat1.

La fin du rapport au livre en tant que support


Jusqu’à ces dernières années, la jeune génération arrivait à cumuler les différentes innovations et multiplier les pratiques. Mais le temps n’est pas extensible et les offres ne cessent de se multiplier. Les activités chronophages comme la lecture de romans souffrent en premier lieu de cette compression du temps et de la multiplication des loisirs (télévision, jeux vidéos, sport….). Les usages de l’écran en tous genres quant à eux n’ont fait que croître depuis 2008. Le rapport au livre imprimé en tant que support a perdu sa valeur symbolique. L’adolescent, dans un monde dématérialisé, et dont l’univers culturel est organisé autour de l’audiovisuel, a opéré un transfert vers d’autres objets comme le téléphone portable ou l’Ipad. Seuls les livres de consultation et non de lecture linéaire résistent mieux. La baisse d’achats de livres ne signifie pas automatiquement la baisse de la lecture dont l’acte est extrêmement difficile à mesurer sur écran.

Le retour de la médaille


Face au désintérêt à la lecture de la nouvelle génération , les adultes sont prêts à mettre n’importe quel livre entre les mains de leurs enfants et ne laissent plus la place à la transgression de l’acte de lire comme il pouvait exister avant. La bonne volonté des parents et du monde éducatif peut alors induire un résultat inverse à celui escompté. Face à l’injonction parentale qui voudrait que son enfant lise quelque soit le contenu, les adolescents n’arrivent pas à se construire un monde à eux dans les livres. Le chemin d’émancipation ne sera pas aujourd’hui celui de la pratique de la lecture. A l’âge de 12-13ans, il y a un décrochage encore plus marqué chez les garçons que chez les filles. « Comme d’ailleurs beaucoup d’autres activité de loisirs commencées très tôt et qui peuvent échouer au moment de l’adolescence, mais la culture semée pourra essaimer et on peut s’attendre à ce qu’ils se remettent à lire quand ils seront eux-mêmes jeunes parents » souligne d’ailleurs Olivier Donnat1.

La lecture sur écran


L’inquiétude des professionnels et des parents devant le désintérêt à la lecture est-il finalement justifié ? Si le rapport au livre en tant que support est en effet remis en question, la lecture comme activité ne semble pas menacée chez les adolescents et même, elle peut trouver une nouvelle évolution si l’on veut bien prendre en considération d’autres pratiques qui n’existaient pas pour le génération qui les ont précédé. Des formes narratives nouvelles apparaissent chez les jeunes comme la fiction et le fantastique, les séries, plus adaptées au temps accéléré et à la polyactivité. La baisse d’achats de livre ne veut pas dire baisse de la lecture. C’est un défi nouveau que de parvenir à mesurer les pratiques de lecture sur écran.

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