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Nous avons organisé cette année une rencontre académique des partenaires de la DANE où nous avons pu partager nos représentations sur le numérique dans l’éducation.

Cela a été l’occasion de mieux se connaître, se comprendre et de co-construire une vision partagée sur l’objectif à atteindre, les leviers à notre disposition et les éléments du contexte global à caractériser.

1 – Quelle place pour le numérique dans l’éducation ?

a) Il faut former les citoyens d’une société numérique

Appréhender la société numérique 

  • La société numérique induit une évolution du rapport au temps, aux savoirs, à l’information et aux autres ;

  • Les données personnelles sont le carburant d’une économie émergente ;

  • Des règles définissent les limites de publication et d’usage de ressources sur internet, qu’elles soient légales (droit d’auteur, droit à l’image, exception pédagogique, licences, …) ou le fruit d’un esprit critique ;

  • En découlent de nouvelles façons d’être et de faire, de nouvelles exigences et de nouveaux usages (mobilité, immédiateté, facilité d’accès, anonymisation, …) ;

  • Il est nécessaire d’initier les élèves à cette ‘culture’, de les éveiller aux enjeux de la société numérique (potentialités et risques) ;

  • Cela ne peut se faire que par et dans l’action, avec un usage raisonné et analysé des outils et ressources numériques. 

Intégrer un nouveau rapport au savoir 

  • Les données et informations sont accessibles sur internet en tout lieu et à toute heure. Il faut se les approprier pour les transformer en connaissances avant de pouvoir les intégrer et développer de nouvelles compétences. Les élèves doivent maîtriser ce mécanisme d’apprentissage en autonomie : apprendre à apprendre. Ils doivent aussi repérer les éléments clés à mémoriser ;

  • Le numérique facilite la co-construction, le partage et la réutilisation de ressources multimédias ;

  • Le numérique autorise le ‘repentir’ et donc le droit à l’erreur ;

  • L’apprentissage advient tout au long de la vie, dans et par l’action, dans une construction (ou co-construction) des connaissances. 

b) Le numérique : un levier pour la pédagogie

Le numérique facilite certaines situations pédagogiques reconnues efficaces 

  • La simulation qui permet la multiplication des tentatives et l’apprentissage par essai / erreur ;

  • La différenciation pédagogique pour offrir aux élèves des ressources, démarches et outils adaptés aux besoins ;

  • L’analyse réflexive est facilitée par la capitalisation des différentes productions de l’élève tout au long de son parcours.

  • Le numérique peut faciliter les rétroactions immédiates et personnalisées

Le numérique permet de créer de nouvelles situations d’apprentissage pour développer spécifiquement des compétences de haut niveau 

  • La collaboration qui nécessite un apprentissage (écoute, argumentation, négociation) avant de devenir une modalité efficace de travail ;

  • L’esprit critique, indispensable pour filtrer les informations pertinentes, fiables, valides et ‘surnager’ au milieu du flot incessant ;

  • Le savoir publier pour échanger, informer et communiquer avec les outils numériques adaptés.

  • La créativité qui, grâce au numérique, peut se développer dans d’autres contextes que les arts. 

Le numérique interroge les pratiques pédagogiques 

  • L’enseignant doit avoir un regard critique face au numérique. Le numérique n’est pas magique : quand apporte-t-il une plus-value ? Le modèle SAMR (Substitution, Augmentation, Modification, Redéfinition) offre une approche pragmatique de l’intégration du numérique dans l’enseignement/apprentissage ;

  • Le positionnement de l’enseignant doit évoluer. L’enseignant n’est plus la seule source de connaissance mais reste garant des apprentissages. Il doit accompagner et guider les élèves dans leurs apprentissages et favoriser les interactions constructives ;

  • La classe devient poreuse. Le numérique offre la possibilité de créer une certaine continuité entre les temps en classe et hors classe, par exemple avec la classe inversée1 ou le BYOD2;

  • L’évaluation est interrogée à plusieurs niveaux. Quel est le rôle de l’évaluation : évaluer pour aider à apprendre ou pour sanctionner ? Qui évalue : l’enseignant, les pairs, l’internaute ? Comment évaluer des compétences comme l’esprit critique, la créativité ou la collaboration ? Quel est le statut de l’erreur ? 

2 – Quelles sont les limites de notre espace de liberté ?

a) Le cadre institutionnel 

  • Tous les textes officiels (lois, référentiels de compétences, référentiels des diplômes, lettres de mission, …) donnent un cadre réglementaire ;

  • Chaque dossier ou projet nécessite une impulsion hiérarchique, une connaissance des différents acteurs, une communication efficace et doit répondre à un besoin réel du terrain.

  • Les missions confiées à chaque personnel se multiplient et s’accumulent au fil du temps. La charge de travail ne fait que croître. 

b) La multiplicité des partenaires 

  • Les collectivités territoriales sont des partenaires incontournables qui maintiennent et font évoluer les infrastructures (bâtiments et réseaux informatiques) ;

  • La variété des projets induit une multiplicité de partenaires, qu’il est parfois difficile d’identifier ;

  • Les partenaires associés à un projet ne sont pas toujours reconnus légitimes. 

c) Les moyens 

  • La ‘réalité du terrain’ est d’une grande diversité : les compétences des personnels et les conditions matérielles d’accès au numérique font ressortir une multitude de cas particuliers, difficiles à regrouper dans de grandes catégories ;

  • La maintenance des matériels et leur mise à jour induit des contraintes de continuité, d’instabilité et d’évolutions rapides. Elles sont portées par les collectivités et ont des répercussions quotidiennes sur l’enseignement/apprentissage ;

  • La formation continue des personnels induit des coûts et absences qui peuvent être limités par une hybridation raisonnée des parcours.

  • Qu’ils soient humains, matériels ou financiers, les moyens définissent ‘naturellement’ une limite ;

  • Le cadre temporel est de plus en plus  poreux : la frontière entre temps personnel et temps professionnel n’est pas toujours clairement délimitée. 

d) L’éthique et la sécurité 

  • Les données personnelles des élèves et des personnels ne sont pas anodines et l’éducation nationale ne doit pas être une base de données exploitée et ‘marchandisée’ par des acteurs tiers. La CNIL travaille sur la définition des données scolaires et des droits et devoirs associés ;

  • Le choix d’un outil doit répondre à trois critères :

  • L’utilité pédagogique,

  • La facilité d’usage,

  • Le respect des données : aussi bien par rapport à la sécurité d’accès que pour l’usage qui peut en être fait.

  • Les systèmes informatiques, qu’ils soient administratifs ou pédagogiques, doivent servir les apprentissages des élèves. Les contraintes de sécurité doivent être intégrées et expliquées pour en assurer des conditions d’utilisation optimales. 

e) L’éducation et la formation : un marché florissant 

  • L’Éducation Nationale est insérée dans le marché de la formation continue en s’appuyant sur le réseau des GRETA et de la formation initiale par alternance avec les CFA-EN

  • L’enseignement supérieur et la formation continue sont bousculés par les MOOC et l’émergence de nouveaux acteurs (Simplonécole 42 et Open Classroom par exemple).

  • Des titres professionnels (délivrés par le ministère du travail) et certifications professionnelles (certifications CISCO, Microsoft, Oracle, …) concurrencent les diplômes de l’éducation Nationale .

  • Le numérique éducatif est un marché dynamique, des ENT aux robots en passant par les terminaux mobiles ou les logiciels pédagogiques. 

Vous retrouvez tous ces éléments dans l’illustration interactive ci-dessous :

Crédit illustration CC-by-sa DANE Dijon

1 Classe inversée : approche pédagogique qui vise à rendre les élèves acteurs quand ils sont en classe.

2 BYOD : Bring Your Own Device, se traduit par AVAN : Apportez Vos Appareils Numériques

Article publié sur le site : http://dane.ac-dijon.fr/2017/07/10/le-numerique-dans-leducation/
 Jacques Dubois
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Dernière modification le mercredi, 13 septembre 2017
Jacques DUBOIS

Ingénieur de formation, Membre de l'équipe nationale m@gistère
École Académique de la Formation Continue - académie de Dijon
Rectorat de l'académie de Dijon