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Publié le 15 juin 2012 — jackdub ( Jacques Dubois) sur le site Prodageo - Nous avons vu dans le précédent billet l’influence du modèle pédagogique centré sur les apprenants sur la motivation des étudiants.

Ce modèle revisite implicitement le rôle de l’enseignant en définissant une nouvelle position dans la formation et de nouveaux champs d’intervention. Nous avons déjà explicité le rôle de l’enseignant comme accompagnateur dans l’experiential learning qui nécessite une évolution de ses compétences … L’objectif aujourd’hui est de constater que la posture de l’enseignant se rapproche de plus en plus de celle d’un tuteur …

 

Encore une fois, nous allons nous appuyer sur le modèle déjà présenté et le parcourir en partant du centre.

 

1 – Les étudiants collaborent …

Il ne faut pas imaginer que la collaboration est innée ou spontanée. Ce mécanisme se travaille dans la durée. Il doit être initié, soutenu, et encadré, au moins dans un premier temps, par l’enseignant. Cela passe d’abord par une scénarisation de la formation mais aussi par une écoute et une observation des interactions qui faciliteront la relecture à postériori. Il est aussi possible que l’enseignant ait à régler un différent, lié à la situation de collaboration : cela peut se travailler en direct avec les personnes concernées, en prenant soin d’en garder une trace pour enrichir l’expérience de chacun, enseignant et étudiants.

 

2 – … dans un contexte disciplinaire, …

Nous sommes dans la posture de l’enseignant qui domine sa discipline. C’est la posture classique actuelle de l’enseignant. Cette maîtrise ne se limite pas au contenu théorique, mais se prolonge par l’aspect méthodologique et/ou technique lié à la discipline.

 

3 – … suivi d’une phase de relecture.

Cette phase correspond à l’aspect métacognitif. C’est à ce moment que les étudiants vont structurer leurs apprentissages et évaluer leur maîtrise de chaque nouveau concept ou compétence. De plus, c’est dans ce temps que se structure ce qui doit être archivé et/ou mémorisé. L’enseignant doit faciliter ces différents aspects : structuration, autoévaluation, archivage, mémorisation. Il peut aussi être pertinent de relire l’organisation mise en place par les apprenants pendant le cours afin de l’évaluer pour l’améliorer. Enfin, la confrontation des dernières productions à des artefacts plus anciens permet de constater/valider la progression de l’étudiant.

Tous ces points sont indispensables pour avancer dans l’apprendre à apprendre tout au long de la vie, en aidant l’étudiant à développer son autonomie. Enfin, ce travail de relecture tend à accroître la motivation intrinsèque des étudiants.

 

4 – Et l’exploitation ?

L’exploitation peut se concrétiser de différentes façons :

  • En réutilisant dans un nouveau parcours des notions abordées précédemment, ou encore mieux, des ressources produites par les étudiants lors de parcours précédents ou parallèles,
  • En valorisant certaines productions spécifiques en les mettant en avant, soit parce qu’elles sont spécialement réussie (valorisation du résultat), soit parce qu’elles font preuve d’une progression remarquable de l’étudiant (valorisation du mérite),
  • En favorisant l’aide mutuelle entre les étudiants (par exemple, pour expliquer la démarche utilisée pour résoudre un problème particulier).
 

Dans tous ces cas, l’enseignant a un rôle de facilitateur bienveillant.

 

Ces différentes notions sont synthétisées sur le schéma ci-dessous, qui ne demande qu’à évoluer …

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rôle de l’enseignant dans le modèle centré sur les apprenants

 

Conclusion : Comparaison avec le tutorat

Ce nouveau rôle de l’enseignant tend à évoluer pour intégrer de plus en plus des caractéristiques du tuteur. Afin de visualiser cette similitude enseignant/tuteur, je vous propose de reprendre une grille proposée par Jacques Rodet sur les différents champs d’intervention du tuteur en formation à distance dans laquelle les aspects présentés auparavant sont mis en relief.

 

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champs d’intervention du tuteur en formation à distance, d’après J. Rodet (CC BY-NC)

 

Il est à noter que la majorité des cases sont surlignées, ce qui tend à confirmer, qu’à travers ce modèle pédagogique, le rôle de l’enseignant se rapproche de celui du tuteur. Les quelques aspects qui ne sont pas repérés dans le modèle correspondent soit :

  • à l’aspect administratif académique, qui n’est pas spécifique au modèle mais est toujours présent, quelle que soit la modalité de formation,
  • à l’isolement d’un apprenant à distance et au risque fort d’abandon lié à cette caractéristique. Cet aspect peut aussi se retrouver dans une formation en présentiel mais reste beaucoup plus marginal qu’en FOAD.
 

Cette conclusion n’est pas très surprenante vu que le modèle étudié vise comme objectif de développer les compétences utilisées en formation à distance : “apprendre à apprendre”  et “s’ouvrir aux autres” en s’appuyant sur la motivation des étudiants … Cela rejoint aussi le travail de Nancy Brassard sur le Profil de compétences de l’enseignant de niveau universitaire (encore une ressource découverte grâce au blog de T@d> ! Merci !) qui ressort les compétences suivantes : Pédagogie, Leadership d’expertise, Communication, Raisonnement critique, Écoute, Encadrement, Collaboration, Évaluation, Résolution de problèmes, Technologie, Professionnalité.

 

Personnellement, je suis persuadé que ces compétences sont utiles à tous les niveaux d’enseignement et ne doivent pas concerner exclusivement les enseignants de niveau universitaire.

 

Cette présentation met en avant la mutation profonde du métier d’enseignant qui implique de développer tout un portefeuille de compétences beaucoup plus large qu’une simple maîtrise disciplinaire. Cela nécessite certes beaucoup de travail personnel mais apporte aussi beaucoup de satisfactions !

 

Et vous, comment vivez-vous cette évolution ?

 

An@é

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