1 – Qu’évaluer ?
Nous cherchons à développer des compétences chez nos élèves et ce sont donc ces compétences (que ce soit le degré de maîtrise ou la progression dans la maîtrise) qu’il faut évaluer.
Dans cette logique, trois objets essentiels peuvent nous aider à évaluer ces compétences :
- la production finale qui est l’œuvre réalisée par l’élève. Ce peut être une preuve du travail de l’élève mais il ne faut pas confondre performance et compétence : on peut être très compétent et faire une contre-performance. Pour éviter ce biais, on peut envisager que l’élève choisisse la production à évaluer parmi une collection …
- le processus mis en œuvre qui peut se matérialiser par des écrits intermédiaires, ou des réponses à des questions rapides comme « quels sont les trois mots clés que vous retenez de ce chapitre ? », « résumez ce paragraphe en un tweet ».
- le propos qui est le fruit de la relecture de l’activité, l’analyse du processus mis en œuvre : qu’ai-je fait ? qu’ai-je appris ? comment pourrais-je progresser ?
Il semble important de combiner l’évaluation de ces trois objets pour s’assurer que l’élève développe effectivement des compétences.
2 – Qui évalue ?
Plusieurs acteurs peuvent intervenir pour évaluer le travail d’un élève. Voici les principaux :
- l’enseignant : il paraît essentiel que l’enseignant s’attache à évaluer effectivement les 3 objets présentés ci-dessus.
- l’élève lui-même effectue une auto-évaluation lorsqu’il rédige son propos réflexif. il peut aussi bien évaluer le processus que la production finale. Julie Roberge a développée des outils très intéressants pour aider les étudiants (mais ça vaut aussi pour des élèves) à s’auto-évaluer. Elle leur propose 3 questionnaires :
- juste avant le devoir pour évaluer la qualité de la préparation,
- juste après le devoir pour avoir un retour à chaud : suis-je satisfait de ma prestation ?
- au moment du retour des devoirs corrigés pour évaluer l’écart entre l’auto-évaluation et l’évaluation par l’enseignant et réfléchir à des pistes de progrès.
- les pairs qui peuvent beaucoup apprendre en analysant les productions de leurs camarades. L’usage d’une grille d’évaluation en situation ‘réelle’ d’évaluation permet de mieux cerner l’attendu de l’enseignant, ce qui aura un effet sur les prochaines productions. Cette évaluation par les pairs doit être suivie d’une phase d’analyse réflexive personnelle pour porter le plus de fruits possibles.
- la machine peut proposer des réponses instantanément à la suite d’un questionnaire. Ce retour immédiat permet de corriger au plus vite les erreurs chez l’élève et éviter ainsi d’accumuler des incompréhensions et mécompréhensions. De nombreux outils de questionnaire (quelques uns sont listés ici) ou d’aide à la mémorisation (par exemple quizlet) existent, sont simples à prendre en main et efficaces.
- la foule peut aussi évaluer la production finale, par exemple en likant un tweet. Cet aspect est très motivant et utilisé par exemple dans le projet tw’haiku où ce sont les élèves participants qui élisent les meilleurs productions. Dans ce cas là, la rétroaction risque d’être plus affective qu’objective et réellement orientée vers le progrès de l’élève. Il ne faut pas cependant sous-estimer l’aspect essentiellement motivant de publier pour être lu (ou visionné, écouté, …).
3 – Quel peut être l’apport du numérique ?
Le numérique peut être utile à plusieurs niveaux dans le processus d’évaluation.
- Pour apporter une rétroaction différenciée et une remédiation immédiate : lors d’un quiz en autonomie, l’outil numérique peut permettre à l’élève, en cas de mauvaise réponse à une question, de comprendre son erreur sur l’instant : en recevant par exemple des éléments de correction, en étant redirigé vers un exercice, un article, un document lui permettant de mieux comprendre la notion mise en jeu. La notion peut alors être à nouveau testée dans une question ultérieure afin de contrôler si cette première remédiation a été pertinente.
- Pour faire circuler les documents : le numérique peut faciliter la diffusion entre l’enseignant et les élèves (retour des travaux, diffusion de la grille d’évaluation), entre l’enseignant et chaque élève (transmission de l’évaluation et des rétroactions associées), de l’élève vers la foule (quand on publie sa production) ou entre élèves (pour une correction par les pairs). Il est à noter que de plus en plus d’examens et concours utilisent une solution numérique pour transférer et corriger les copies, ainsi, ce sont plus de 130 000 copies issues du réseau de l’AEFE qui ont été corrigées numériquement pour le Bac 2016.
- Pour capitaliser les productions de chaque élève, le portfolio est très utile et permet de constater les progrès réalisés dans la durée. Cette compilation peut aussi offrir la possibilité mentionnée plus haut de laisser à l’élève le choix de la production qui sera évaluée.
- Pour proposer des formes de rétroactions variées : de plus en plus d’enseignants constatent que les élèves profitent mieux des rétroactions orales que des annotations sur les copies (parfois laconiques ou codifiées). Il est alors facilitant d’utiliser les outils numériques à portée de main (smartphone, par exemple) pour s’enregistrer, audio ou vidéo pour fournir ce retour riche et stimulant. Catherine Belec propose de combiner différents types de rétroactions pour en tirer un maximum de bénéfice.
- Pour valoriser les compétences des élèves avec des badges numériques, comme le fait par exemple l’IAE de Caen qui cherche ainsi à valoriser les compétences douces (soft skills) de leurs étudiants.
Tous ces aspects seront abordés lors d’une journée de formation organisée et animée par la DANE de Dijon qui sera proposée 2 fois (les lieux précis sont encore à définir) :
- le 30 avril 2018, en Côte d’Or,
- le 15 mai 2018, dans l’Yonne.
Jacques Dubois
Publié sur le site de la DANE de l'Académie de Dijon
http://dane.ac-dijon.fr/2017/09/19/pourquoi-utiliser-le-numerique-pour-evaluer-les-eleves/
Dernière modification le mardi, 26 septembre 2017