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Initialement publié le 6 Avril 2014 par Francis Pisani sur son blog
Avec son aimable autorisation.
 
Les étudiants ne réagissent pas de la même façon quand, au lieu de leur enseigner une matière, on les aide à apprendre en leur laissant le plus de liberté possible dans le choix du domaine et la façon de l’aborder.
Je donne, cette année, trois cours, dont deux à Paris et un à Los Angeles (alors que je vis à Barcelone), et, malgré les distances, l’essentiel ne provient pas des séances online. Il s’agit d’aborder autrement l’acquisition de connaissances.
A la Paris School of International Affairs de Sciences-Po, nous essayons de comprendre l’impact des technologies de l’information et de la communication sur la géopolitique. L’inscription est volontaire. Le défi est de produire un index des pays les plus puissants en matière de TIC.
 
A la WebSchoolFactory nous faisons, avec Julie Rieg, de la veille pour Accor, BouyguesTelecom et le PMU, sur des sujets qui vont du client nomade aux dynamiques d’innovation en passant par le design thinking. Le cours est obligatoire. Le défi est d’aider les entreprises à découvrir des tendances qui émergent souvent à l’étranger, et qui peuvent bouleverser leurs métiers.
 
Le plus surprenant peut-être est le cours (optionnel) donné avec François Bar à la University of Southern California de Los Angeles. A chaque étape de mon récent tour de 4 villes innovantes d’Asie j’ai amené des invités dans une salle de télépresence et les étudiants leur ont posé des questions depuis leur université.
Une version interactive du cours online. Le défi est de produire un memo utile pour le Chief Innovation and Technology Officer de Los Angeles. Ça les oblige à être plus concrets, plus imaginatifs et à regarder de plus près ce qui se passe dans leur ville.
 
D’ambition inégale, ces défis ont au moins trois points communs :
  • Au lieu de penser seulement aux notes qu’ils en tireront, les étudiants se demandent comment leurs réflexions et découvertes peuvent avoir un impact. Ça change la nature de l’exercice.
  • Ce que je sais compte moins que l’orientation des discussions à mesure que les difficultés apparaissent. L’essentiel du contenu provient de leurs recherches et de leurs idées. Mon rôle de prof est chamboulé.
  • Discutée avec eux, la méthode évolue avec leurs problèmes et leurs idées.
Dans l’ensemble, les étudiants travaillent plus, mieux et avec plus de plaisir. Les résultats varient en fonction de leur âge, de leur niveau et de leur préparation à prendre des responsabilités. Mais il en sort, chaque fois, une dynamique de discussion dans laquelle les bonnes idées fusent et sont améliorées.
Tout ça pour dire quoi ? Que mettre en ligne des cours traditionnels ne suffit pas. L’effort doit d’abord porter sur les changements de méthode, le bouleversement des rapports d’autorité et une utilisation différente du savoir et de l’expérience acquise par les profs.
Tous mes élèves font une utilisation intensive de l’Internet, mais pas pour m’écouter. C’est un outil pour discuter entre eux et avec moi, pour s’informer, découvrir, amplifier leurs connaissances et mettre leur imagination à l’épreuve du monde réel.
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Crédit photo : Steve Cadman/Flickr
Dernière modification le mercredi, 03 septembre 2014
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